Aux Etats-Unis, l’homicide raciste de Georges Floyd par un policier a des conséquences antiracistes planétaires à géométrie variable.
En France, la famille Traoré calque avec succès mais à tort le décès d’Adama Traoré sur celui de Floyd. Adama décède lors de courses-poursuites avec les forces de l’Ordre. Aucun racisme, aucun homicide n’est prouvé par les Traoré. Ils mobilisent les racialistes et autres identitaires. Ils les agrègent aux sincères antiracistes. Les deux mouvances manifestent ensemble pour ne former qu’un. Des statues de personnages ayant dans l’Histoire organisé la Colonisation sont détruites ou déboulonnées sur tout le territoire français. Des pressions sont exercées avec succès aux fins de censures et d’interdictions de programmations de tous ordres.
Il convient, à ce stade, de faire intervenir quelques indications.
Confusion des genres
Le racialisme et l’identitarisme relèvent de la supériorité d’une partie de la population sur une autre. Elles assurent la nécessité de la racialisation des problématiques d’une nation.
La violence contre des personnes, des biens, des symboles républicains est antinomique de l’antiracisme. L’antiracisme repose sur l’égalité et la dignité. Il est contraire au racialisme et à l’identitarisme.
Manipulations
Dans ces conditions, la mixion de l’antiracisme et du racialisme constitue une manipulation de l’opinion publique par les mouvements issus des revendications de la famille Traoré.
Trois exemples particulièrement parlants: les pressions pour l’interdiction de films, d’auteurs, d’émissions ou de présentateurs, le déboulonnage de statues.
Pressions pour interdiction de films
« Autant en emporte le Vent » est le titre français du film américain « God with the Wind » de Flemming. Il date de 1939. Il expose les ingrédients d’une société fondée notamment mais non uniquement sur des principes d’inégalité en raison de la couleur de la peau. Les publics noirs y sont traités en êtres inférieurs aux publics blancs.
Les pressions pour l’interdiction de rediffusions de ce film ont réussi.
Pourtant, d’autres films fondés sur l’inégalité de naissance ne font l’objet d’aucun débat ni d’aucune mention de la part des mouvements Traoré.
Des films antisémites tels que « Le marchand de Venise » de Shakespeare sont régulièrement diffusés dans les salles de cinéma d’arts et d’essai, à la télévision et sur tous les canaux de télévision sans aucune mention d’avertissement et de réserve. Ce n’est pas le seul cas, loin de là. Ces diffusions de films antisémites ne sont pour l’instant ni évoquées ni associées dans les manifestations ni ans les médias ni dans les commentaires politiques!
Pressions pour la destruction de statues d’auteurs
Les manifestants exigent le déboulonnage des statues de colonialistes, et notamment celles de Colbert. Colbert est, avec le marquis de Seignelay (première édition) et Caron (seconde édition) le rédacteur du Code noir. Ce code déterminait les règles de police et de société aux Amériques françaises ». Les Noirs y occupaient la place d’esclaves et de race inférieure. L’article premier du Code noir donnait trois mois pour quitter les territoires qu’il régissait. Si le Code noir est conspué pour les traitements infligés aux noirs, ceux destinés aux juifs sont sur le coup du silence radio total! Curieux antiracistes sélectifs qui s’occupent des uns et non des autres…
Pressions pour l’interdiction des présentateurs d’émissions tv ou radio.
Les (télé) spectateurs, les auditeurs, les lecteurs peuvent voir, visionner, écouter, lire des commentaires « culturels » dans lesquels la condition de juif et sans vergogne associée à des expressions antisémites.
« cosmopolite » à l’instar de l’entre eux guerre et de la période stalinisme. Comme si les Juifs n’avaient pas de nationalité propre !
« Loi du talion » comme si tous les juifs étaient croyants et comme si la loi du talion des textes juifs correspondait à celle des textes chrétiens!
« Issu-e de la grande bourgeoisie juive », comme si la qualité de Juif était onthologiquement, intrinsèquement, attachée à la richesse !
« Juif influent », à l’image de la définition du juif pendant le régime de Pétain !
Le déboulonnage des statues de personnages colonialistes
Le colonialisme a constitué en France et dans le monde un affre qui a façonné la planète jusqu’à la conduire à décolonisation.
La décolonisation n’est pas synonyme de fin de l’esclavage. De très nombreux Etats, devenus indépendants, poursuivent la colonisation d’autres Etats et le colonialisme au sein de leurs propres populations. Signataires ou non des traités de l’ONU prohibant l’esclavage, ces Etats prospèrent principalement en Afrique et aux Moyen Orient sur l’esclavage, sans aucun état d’âme.
Ces considérations ne concernent apparemment pas les manifestants-Traoré cloisonnés dans leurs considérations racialistes et identitaires.
Signalétiques négatives
L’antiracisme qui exclue une ou plusieurs parties de l’Humanité victimes du racisme n’est pas de l’antiracisme. La tolérance d’auteurs antisémites, l’exclusion de l’antisémitisme comme forme de ségrégation, par des tenants de l’antiracisme altèrent leur honneur, celui de l’antiracisme et dévitalise leurs slogans.
Les sexismes, etc sont, comme l’antisémitisme, hors les normes de ces antiracistes.
Pédagogie de la violence
L’évocation des violences tient lieu de pédagogie ! Certains auteurs sont conspués pour leurs qualités de colonialistes alors qu’ils ne l’étaient pas. L’exemple de Jules Ferry est à cet égard particulièrement criant. Ferry était républicain face à un antirépublicanisme agressif. Il était pour l’application des principes républicains adaptés aux colonies (écoles, dispensaires, droit à la dignité et au respect de l’Histoire des colonisés). Ce colonisateur-là, ce colonialisme-là étaient fondé sur la suprématie de la France sur les peuples colonisés. Ils étaient cependant exonérés de mépris et même de racisme. L’exemple n’est pas exhaustif. Les manifestants anticolonialistes d’aujourd’hui méconnaissent le Colonialisme et les colonialistes. Ils montrent ainsi l’inanité de la violence dans la manifestation de la Vérité historique. Celle-ci nécessite l’étude des cas, la pédagogie et non la destruction.
L’ignorance, la violence, l’ « identité raciale », l’exclusion de d’autres ségrégations que raciales des combats à mener (antisémitisme,…), le refus d’évaluer les multiplicités de la problématique antiraciste au profit d’une seule circonscription idéologique de lutte, tout ceci contribue à disqualifier la morale des censeurs hémiplégiques dont l’unique argument rationnel est leur nombre et la peur qu’il infligent aux publics et à ses représentants.
Reste à espérer, surtout devant la passivité de l’autorité publique, que ces destructions meubles et immeubles et la censure qui y est associée ne conduiront pas dans un deuxième temps à la mise au pas des personnes. Il s’agit d’un processus connu de l’Histoire et de la Géographie.
Pierre Saba
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