En France, les manifestations de soutien à Traoré, décédé lors d’une fuite-poursuite avec des forces de police, ont eu raison des faits.
Peu importe que les responsabilités de police dans le décès de Traoré ne sont pas démontrées.
Peu importe la co-responsabilité de Traoré dans la fuite-poursuite qui l’a conduit vers la mort.
Peu importe que les antécédents liés à Traoré ne comptent pas alors que ceux de la police le sont.
Peu importe que le cas Traoré soit calqué sur celui de Floyd, mort aux Etats-Unis comme victime de la violence d’un policier américain alors que les faits sont différents et que l’unique élément de comparaison est le décès des deux personnes.
Peu importent que les auteurs d’appels à la sédition et à la haine contre la France filmés et enregistrés dans les manifestations pour Traoré n’ont pas été interpellés.
Peu importent que l’interdiction de certaines manifestations ont été violées.
Peu importe que le cas Traoré est déchronologisé, qu’il date de quatre ans, qu’il ressort à l’opportunité inadéquate du crime Floyd.
Peu importent les faits…
Seuls semblent compter la promptitude et le nombre des manifestants à se rassembler. Les réactions de l’appareil républicain sont rapides.
Le président de la république Emmanuel Macron demande à son Premier ministre des décisions visant à empêcher les violences ou des exactions policières sur des civils. Nul ne s’en plaint. Chacun s’étonne de ce que ce n’était pas déjà le cas.
Le gouvernement s’exécute immédiatement.
Le ministre de l’Intérieur affiche la défense des forces de l’Ordre tout en annonçant des mesures restreignant les modalités d’interpellation.
La Garde des Sceaux propose une rencontre avec les Traoré. Volonté d’apaisement face à des mouvements de foules plus ou moins contrôlés ou peur de l’autorité publique de les contenir, on a le choix. Les exemples de telles réunions sont rarissimes dans l’Histoire des successives républiques françaises. La ministre de la Justice est la cheffe hiérarchique du parquet. Si la rencontre avec les Traoré devait être effective, il conviendrait, par décence, équité, égalité, de proposer les mêmes modalités aux familles endeuillées par les crimes antisémites telles que Knoll, Halimi et autres… ce qui n’a pas été fait. Au contraire, les parties civiles des dossiers antisémites ont éprouvé des difficultés à la qualification aggravante d’antisémitisme.
En France le tableau public et pénal est anormalement triste. Il se compose de violences criminelles contre les policiers (dont des tentatives d’homicides), de violences criminelles policières contre des civils innocents ou en fuite, de violences criminelles racistes, antisémites, sexistes, homophobes, etc
La récente racialisation des débats sur les violences commence à ressembler à celle en cours entre les deux guerres mondiales.
Pourtant, chaque vie interrompue par la violence est inacceptable, quel qu’en soit le motif. Les manipulations des faits, celles des idées par des mouvements identitaires infiltrant ceux de l’antiracisme est évidente. Il suffit d’écouter, de lire et de voir pour s’en alerter.
L’Exécutif français ferait bien de s’en alarmer. Il ne peut raisonner en seuls pans électoraux. Il doit également appliquer les règles pour lesquelles il a été placé.
Pierre Saba
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