Chaque Aïd, ma mère procédait au même joyeux rituel. Elle se levait à l’aube naissante, prenait avec elle des gâteaux, des bonbons et rendait visite aux morts. Elle déposait les friandises sur les tombes de ma grand-mère L’Djouher Hammou et de mon grand-père L’hocine Amenouche. Et les enfants se les disputaient sans plus attendre.
Cette visite était empreinte à la fois de gaieté partagée et de gravité. Elle permettait de maintenir le lien permanent avec les ancêtres, d’honorer leur mémoire, et par delà la frontière mystérieuse, de faire des deux mondes une continuité. En ces temps de spiritualité silencieuse, l’ultime passage n’était pas un chemin de terreur, il était vécu dans la sérénité.
Ensuite, elle venait mesurer alfethra, l’aumône que l’on donnait aux pauvres. Cette fethra était mesurée pour chaque membre de la famille en disant leur prénoms, et les absents et les morts étaient aussi comptés. Tout cela serait ensuite remis à un nécessiteux du village.
Puis elle partait se recueillir sur les tombes de ses parents et rendre visite à la maison de son frère.
Saha laidhnwen!
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