Après toutes les péripéties qui ont duré 508 jours et trois campagnes électorales, un nouveau gouvernement est enfin formé et obtient l’aval de la majorité écrasante de la Knesset.
Cette fois-ci, le parlement israélien n’était pas à la fête. Ambiance morose, débat houleux, indifférence et méfiance planaient sur l’hémicycle.
Ce cinquième gouvernement Nétanyahou représente au total sept partis et fractions, de droite, du centre, des religieux nationalistes et ultra-orthodoxes, ainsi que deux élus sur trois au sein du parti travailliste tombé depuis longtemps en déconfiture…
Au sein de l’opposition, il n’existe, non plus, aucun intérêt idéologique commun. Yair Lapid à la tête d’un parti centriste, des députés religieux ultra-nationalistes dirigé par Bennet, assis côte à côte avec une droite extrêmement laïque de Liberman, et derrière, 15 députés arabes antisionistes. Le but essentiel de tous ces élus est de voir un départ rapide de Nétanyahou de l’échiquier politique.
En raison du mauvais système électoral, on a donc obtenu un gouvernement et une opposition à la fois bizarre et inexplicable, du jamais vu dans l’Histoire de l’Etat Juif. Une cinquantaine de ministres et secrétaires d’Etat choisis pêle-mêle selon de curieux critères.
Le parti Likoud, au pouvoir successif depuis plus d’une décennie, et aujourd’hui avec 36 sièges se trouve à égalité avec le parti bleu-blanc (15 députés). Forcé à céder des portefeuilles significatifs et importants, telles que la Défense, les Affaires étrangères ou la Justice, les ministres sortants sont indignés et grognent, les militants de ce grand parti populaire protestent, mais personne n’ose se révolter publiquement contre le chef tout puissant du Likoud.
La majorité des Israéliens refusaient d’aller aux urnes pour la quatrième fois et donc malgré et en dépit de cette ambiance politique malsaine et peu honorable, ils acceptent ce gouvernement avec tous ses défauts. Ils souhaitent que les ministres passent à l’action, qu’ils retroussent leurs manches et se mettent rapidement au travail. Diriger et gérer un Etat qui demeure problématique sur tous les plans.
Le 35ième gouvernement israélien a plusieurs problèmes à régler et pour atteindre ses objectifs, il possède tous les atouts pour réussir dont plusieurs ministres dynamiques et très ambitieux.
On n’acceptera donc aucun prétexte pour justifier des échecs.
Le premier objectif gouvernemental est tout d’abord, poursuivre la lutte contre le coronavirus et reprendre progressivement toutes les activités dans un déconfinement total mais vigilant pour rassurer la population. Se préparer à une éventuelle vague d’épidémie en hiver. Investir dans les hôpitaux et les instituts. Approfondir les recherches médicales et scientifiques, trouver des remèdes urgents, des traitements et un vaccin.
Le deuxième objectif est de voter un budget national, combler l’énorme déficit, indemniser les salariés au chômage et garantir la remise en marche des petites et moyennes entreprises. Dans ce contexte, le gouvernement devra lancer des messages d’apaisement et de solidarité. Eviter les manifestations de masse, les grèves et les faillites. Redonner confiance au pouvoir public et au devoir juridique, au moment où le procès de Nétanyahou s’ouvre à huis clos.
Sur le plan sécuritaire, dissuader le Hamas et aboutir à une longue trêve avec une solide entente avec l’Egypte. Se préparer à une éventuelle confrontation avec le Hezbollah et l’Iran. Empêcher par tous les moyens les Ayatollahs d’obtenir l’arme nucléaire et poursuivre les raids contre l’acheminement d’armes iraniennes aux milices chiites.
Au moment où l’Amérique est plongée dans la crise de coronavirus et les élections présidentielles approchent ; à l’heure, où Mahmoud Abbas s’affole et prépare une nouvelle Intifada, le roi de Jordanie menace d’abroger le traité de paix, les Européens souhaitent nous punir par des sanctions, et la Chine avance ses pions, il est peu probable que la Knesset votera prochainement une loi qui garantit la souveraineté de la vallée du Jourdain et les blocs d’implantations. Nous devrions donc patienter, réfléchir sur la marche à suivre, appliquer une diplomatie classique, et agir au moment opportun.
Face à cette nouvelle donne géopolitique et à la crise planétaire, il est donc plus sage d’accorder la primauté aux affaires sociales et économiques. Assurer une forte résilience nationale et pouvoir ainsi relever les nouveaux défis.
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