Covid 19. Le vieillissement facteur de risque majeur

La France compte 9,9 millions d’habitants de plus de 70 ans, seuil alors fixé par le Haut Conseil de la santé publique pour être considéré comme à risque de complications et de décès par Covid.

Il n’en reste pas moins que le confinement de son plein gré reste pertinent lorsqu’on est à risque car le vieillissement est LE facteur de risque majeur de développer une forme grave du Covid-19 et d’en décéder. Un point qui apparaît de façon frappante dans une vaste étude anglaise, OpenSAFELY, prépubliée le 7 mai. Les auteurs ont distingué l’influence des différents facteurs de risque indépendamment les uns des autres. Il est notamment crucial de séparer l’influence de l’âge des comorbidités car plus on est âgé et plus on a de probabilité d’avoir une maladie chronique. Dans le bulletin épidémiologique du 7 mai, en se basant sur les données non exhaustives d’un réseau sentinelle de services de réanimation dans le pays, Santé publique France estime par exemple que 80 % des malades admis en réanimation présentent au moins une comorbidité ainsi que 84 % des patients décédés.

Vulnérabilité spécifique

Grâce aux données de plus de 17 millions d’Anglais âgés d’au moins 18 ans, dont 5683 décès attribués au Covid-19, les auteurs d’OpenSAFELY calculent un risque de décès par Covid à l’hôpital qui est doublé pour les sexagénaires, quintuplé pour les septuagénaires et multiplié par douze à partir de 80 ans (par rapport à la tranche d’âge 50-60 ans). Pour les plus jeunes, de 18 à 40 ans, le risque est divisé par 14. L’écart de risque entre les plus jeunes et les plus âgés est énorme, multiplié par 180 !

Par comparaison, les augmentations de risque les plus fortes, notées dans l’étude, sont ensuite les personnes transplantées (risque multiplié par 4,27), les cancers du sang diagnostiqués dans l’année précédente (× 3,52) ou depuis moins de cinq années (× 3,12), les maladies neurologiques (× 2,46), un diabète mal contrôlé (× 2,36), une obésité morbide (IMC d’au moins 40 kg/m2) (× 2). Ce qui veut notamment dire que les risques pour un sexagénaire en bonne santé sont bien supérieurs à ceux d’un trentenaire avec un diabète mal contrôlé.

OpenSAFELY a de plus l’intérêt de concerner une large part de la population alors que la plupart des autres études publiées sont limitées aux malades, voire aux malades hospitalisés.

The Lancet Respiratory Medicine montre que le pronostic de 52 malades du Covid-19 hospitalisés en janvier à Wuhan est clairement influencé par l’âge. Les patients qui sont décédés ont en moyenne 64 ans contre 52 ans pour les survivants. La seconde dans le JAMA est un compte rendu assez succinct de 44.672 malades confirmés, qui montre que le taux de mortalité croît sensiblement avec l’âge. Il est de 2,3 % pour l’ensemble, mais atteint 8 % pour les 70-79 ans et 15 % à partir de 80 ans.

En France, dans son avis du 2 avril, le conseil scientifique du gouvernement (CS) est catégorique « il est impératif que les personnes à risque adoptent un confinement strict les protégeant d’un risque de contamination ». De son côté, le Haut Conseil de la santé publique abaisse, dans son avis du 20 avril, de 70 ans à 65 ans, l’âge à partir duquel une personne est considérée comme à risque de forme grave de Covid. Le même jour, le CS, en écho à la décision de l’Élysée d’en finir avec le confinement imposé aux personnes à risque individuel de développer des formes graves, « conseille à ces personnes de respecter un confinement strict et volontaire, qui les protège de risques de contamination ».

Source Le Figaro

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