Sylvie Bensaid a rencontré Stéphane Attal

Sylvie Bensaid a rencontré Stéphane Attal, Co-Fondateur chez LesInfluenceurs. Expert en communication politique.
Interventions sur #LCI, #France24, #Cnews, un rescapé du Covid19.

Entretien

Tribune Juive : Qui êtes vous Stéphane Attal ?

Stéphane Attal : Je suis un simple communicant. J’ai fait des études de marketing et ai démarré ma carrière professionnelle dans le sport. Très vite j’ai voulu travailler en agence et suis entré comme directeur du développement chez Edi Conseil/eccla où Berto Taieb m’a engagé et s’est occupé de ma formation. J’ai ensuite volé de mes propres ailes
mais on ne s’est jamais quitté, de mentor il est devenu mon ami, et il est mort du covid le 6 Mars après avoir été malade en même temps que moi.

Tribune Juive : Vous avez été très durement touché par le virus covid
19. Pouvez vous nous en parler ?

Stéphane Attal : Oui j’ai vécu un véritable cauchemar.

C’était autour du 1er mars, Berto, mon meilleur ami est tombé malade en même temps que moi… mais lui est décédé quelques jours après. C’était très douloureux.

Moi j’ai été sauvé par mon énergie et quelque part, j’ai été sauvé parce que
mon meilleur ami est mort, sinon on ne m’aurait pas pris à l’hôpital, j’ai
été transporté dans un sac en plastique, dans un caisson à l’hôpital.
C’est sur mon insistance que je ne suis pas retourné chez moi et le lendemain j’étais placé en réanimation.

Je veux ici rendre hommage aux équipes soignantes, qui ont fait preuve d’une humanité incroyable, d’un dévouement hors du commun, en première ligne face à l’épidémie, et qui méritent symboliquement le prix Nobel 2020. J’ai lancé une pétition en ce sens, et il y a déjà plus de 4000 signatures.

Tribune Juive : Comment allez vous aujourd’hui ?

Stéphane Attal : Ça va mieux, j’ai fait une embolie pulmonaire la semaine
dernière et ai été à nouveau hospitalisé, due à une inactivité forcée, car
j’étais très fatigué, je n’avais pas la force de bouger, ce virus vous met
complètement Ko. Je suis en phase de reconstruction, j’ai subi un stress
post traumatique.

J’essaie de combattre ce traumatisme par mes témoignages à la télévision pour raconter ce qu’est vraiment ce virus. Mettre des mots sur ce qui vous est arrivé est une sorte de thérapie.

J’ai reçu des milliers de messages de soutien, je me suis rendu compte à
quel point j’étais aimé. Si les médicaments guérissent, les messages de soutien soignent.

Tribune Juive : Pensez vous que le déconfinement du 11 mai est une bonne chose ou est-ce trop prématuré pour le dire ?

Stéphane Attal : Sur le principe il est temps de passer au deconfinement
progressif, avec des mesures assouplies, le confinement est un traitement de courte durée ça ne fonctionne plus.

Personne ne sait si une deuxième vague aura lieu nous le saurons dans trois
semaines environ si le virus est toujours actif.

C’est un très gros risque que prend le gouvernement mais j’espère que les
français seront disciplinés et responsables en respectant les règles
barrières. Il faudrait aussi, après la valse hésitation du port des masques, rattraper notre retard sur les tests de dépistage.

Ce 11 mai va être aussi une bouffée d’oxygène pour l’économie du pays avec
le reprise de l’activité pour certains, et éviter ainsi l’effondrement.

C’est un nouveau monde qui commence.

Il faut respecter les règles sociales résister à nos pulsions de convivialité de chaleur et aller vers des règles de prudence de respect des gestes barrières

Tribune Juive : La communication a-t-elle été bien gérée pendant cette crise ?

Stéphane Attal : La communication s’est faite à partir d’enjeux politiques et révèle un manque de confiance. En France, il n’y a pas de chef de guerre
comme en Israël, son organisation est plus technocratique.

L’exécutif est un chef à trois têtes : trois personnes susceptibles de
prendre la parole.

Le président est là pour envoyer l’optimisme, Édouard Philippe pour le
pragmatisme et la technocratie est incarnée par Jean Castex, le Monsieur déconfinement.

Netanyaou a joué la carte de la sécurité, il a agi en chef d guerre.

Le meilleur symbole c’est le patron du mossad qui l’a incarné quand il s’est confiné au bureau. C’est une question de pragmatisme.

La discipline israélienne, c’est la rapidité garante de l’efficacité. Un pays qui a eu 4 guerres en 71 ans sait faire face au danger immédiatement.

Tribune Juive : D’autres exemples ?

Stéphane Attal : Prenons en exemple la cérémonie du 8 mai. Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, François Hollande, ne portaient pas de masques.
Sur le plan symbole on a loupé quelque chose. Dans les lieux où c’est obligatoire on porte le masque, dans le cas contraire on s’en abstient.

L’exemple doit venir de haut et l’exemple doit être exemplaire.

Je voulais aussi parler d’un autre moment où la communication n’a pas été à la hauteur, c’est quand le président Emmanuel Macron est apparu en bras de chemise, les cheveux ébouriffés ce n’est pas ce qu’on attend de l’image d’un président.

On a besoin d’un père et non d’un frère. Les français ont besoin d’admirer
le chef de l’état on a ce rapport à la royauté.

Tribune Juive : Pensez vous qu’il y aura un remaniement ?

Stéphane Attal : Edouard Philippe est le premier ministre à être resté après
Francois Fillon aussi longtemps à son poste plus de 1050 jours. Sa cote de popularité est en hausse. Soit Macron veut un gouvernement stable et il le garde, soit il lui fait de l’ombre et il s’en sépare. Les grandes réformes de la macronie sont terminées.

Tribune Juive : Votre livre « Influencer c’est la communication
d’aujourd’hui » paru aux éditions Maxima et sorti en novembre 2016 est en phase avec l’actualité.?

Stéphane Attal : Oui l’opinion publique, est l’arbitre de la communication
des idées et des marques et on voit tous les jours l’influence des réseaux
sociaux, des médias sur le comportement.

Ce livre qui a toute sa place aujourd’hui je le dédie à mon ami Berto Taieb
qui est décédé prématurément du Covid 19 et à qui je dois tout. C’était
mon maître. Ses conseils pertinents, ses sentiments extrêmement
bienveillants me manquent déjà.

Il était présent dans ma vie, on habitait à quelques pas l’un de l’autre, on
se voyait régulièrement et on a attrapé ce virus ensemble. Qui à contamine
l’autre ?…

Sylvie Bensaid

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