« Le monde d’après » est à l’ordre du jour dans de nombreux media &
débats. Il s’agit de prévoir, de déterminer la morale générale à l’issue de la pandémie de C19.
Le « monde d’après » questionne le vide
En premier lieu, il convient de se poser la question de la fin de la pandémie. Interviendra t’elle? Dans l’affirmative, sera-t-elle définitive ou temporaire? Sera-t-elle d’ordre planétaire ou locale? En l’état des recherches scientifiques, médicales & pharmacologiques, nul ne sait répondre à ces questions si ce n’est par l’émission d’hypothèses. Dans ces conditions, le « monde d’après » questionne le vide.
Sur le fond les failles sociales, politiques, d’intérêt et d’intelligence collective, les divisions terrestres et maritimes, les conflits, les béances entre les institutions et les publics qui en dépendent, tout ceci perdure à la pandémie. La pandémie qui terrorise en la désorganisant la planète n’est pas parvenue à estomper ni modifier en quoi que ce soit les data qui ruinent le bien-être de l’Humanité. Il est donc difficile d’imaginer « un monde d’après ».
Sur le plan de la Pensée, la plupart des sociétés occidentales présentent la difficulté de réaction des publics au virus en terme de risque plutôt qu’en terme de Droit.
Il en est de même de la cohabitation avec le virus. Les publics préfèrent imaginer un « monde d’après » sans virus plutôt que vivre avec le virus et le risque dans l’incertitude d’un éventuel vaccin attendu par tous.
Sur le plan des usage sles personnes qui auront subi les affres et la souffrance de la maladie et ceux qui auront perdu des personnes proches dans la pandémie modifieront probablement leurs comportements et leurs approches personnels. Mais rien n’indique que leurs modifications morales impacteront les morales et les usages généraux. Par ailleurs, les différences culturelle, politiques et sociales qui émaillent le monde ne permettront pas l’uniformisation planétaire des réactions humaines en un « monde d’après ».
Sur un plan d’économie générale, les garanties annoncées par les banques nationales, européennes et internationales ont de quoi rassurer. Néanmoins, elles ne suffiront probablement pas à colmater les fissures financières laissées par la virus. Les reports “sine die” et les annulations des dettes envers les pays dits riches seront nécessaires à l’évitement de la misère générale.
Le “monde d’après” et les libertés publiques
Reste le plan des libertés publiques. Elles constituent l’unique et inquiétant élément qui penche en faveur du « monde d’après ». Il est à craindre que la soumission de l’ordre juridique à l’ordre sanitaire via les dispositions spéciales et particulières de l’état d’urgence sanitaire ne change que partiellement après la vague pandémique. Les nombreuses dispositions sanitaires restreignant les libertés publiques pourraient survivre à la pandémie. L’exemple de dispositions prises à l’occasion de l’état d’urgence par le président de la république François Hollande constitue à cet égard un précédent dont il convient de tenir compte.
Pour essentielles qu’elles soient, les libertés publiques et leur grignotage par l’ordre sanitaire ne sauraient cependant modifier en profondeur les usages et les morales publiques. Les exemples foisonnent dans l’Histoire humaine qui précisent l’adaptabilité progressive et parfois même subite de la majorité des personnes aux mesures liberticides. Le « monde d’après » ne tient donc qu’à ce fil mince et fragile.
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