Bon Mercredi
Il faut se créer de nouveaux réflexes.
Exemple :
J’entre dans une boulangerie acheter du pain. La porte est ouverte et un client attend sa monnaie .
Ne voyez là aucun acte de rébellion ou antipatriotique. Juste une menace cellulitique, et une folle inconscience des ravages du gluten, mais bon…
Une fois à l’intérieur j’entends des huées .
Ciel! Quel crime ai je commis?
Un monsieur hurle: Dehors!!!
Je me retourne et vois plusieurs personnes patientant sur le trottoir devant l’autre porte, attendant manifestement que l’unique client à l’intérieur termine de payer.
Oupssss.
Penser désormais à regarder attentivement le trottoir avant de pénétrer dans une boutique .
Au labo…
Je pousse la porte du laboratoire pour me faire tester.
Ça rappelle les heures sombres des amours estampillées acceptables par un laisser aimer négatif.
Tu peux y aller Lisette, t’as pas le sida…
On échangeait le résultat du laboratoire – Moi je suis safe, tu sais, Oui mais dieu sait ce que ton ex a pu bricoler en loucedé, vite un lit, ahhhhhhh..
Je pousse la porte du laboratoire, rejetée par un cri: Sortez!!
Sur le trottoir, plus loin, un monsieur tapote son téléphone et m’indique d’un coup de menton qu’il attend.
Seigneur!
Comme un mercenaire en opération de repérage, il faut penser à observer les alentours avant de pousser une porte.
En plus du masque, il faudra des jumelles et penser à développer ce don d’observation des grands fauves humant l’ennemi…
On s’est gaussé des queues staliniennes devant des entrepôts à moitié vides.
Paris- Moscou même combat: tu poirautes en priant pour que reste quelque chose quand ce sera ton tour…
Sauf que les bolcheviks avaient interdit dieu- dans une civilisation monothéiste, Lenine faisait office de…
Morale
Quel rapport avec la baguette sus mentionnée?
La morale suivante :
Il ne faut pas railler une situation que l’Histoire, bégayante et imprévisible, peut te balancer à la tête dans un ricanement triomphant..
On va me rétorquer que patienter sur un trottoir ensoleillé un joli jour de mai n’est pas la réplique d’une attente glacée sur un bitume enneigé moscovite un matin de janvier , certes, et on aura raison.
La distanciation sociale n’est pas le plan quinquennal d’une société qui devait chanter tous les matins, mais je veux juste dire que les 30 glorieuses railleuses vont peut-être devoir laisser la place à 30 piteuses calamiteuses où on fera du vélo en écoutant les oiseaux chanter…
Je sais bien que les 30 glorieuses sont loin… N’empêche…
Les masques
Les masques sont arrivés. Ah non pas encore !
Ils vont arriver.
Lavables en machine Garantis grand teint Sans repassage
Les autres aussi vont arriver . Des masques chirurgicaux .
Mettez un petit mouchoir dessous, dit le pharmacien bienveillant. C’est plus sûr .
Ca veut dire que le masque que je porte ne sert à rien?
J’ai pas dit ça...
Comme il est masqué, je vois ses yeux…
Va falloir apprendre à mentir avec les yeux… Encore un nouvel apprentissage dans ce monde futur…
Que cette journée calme la pré allégresse que ressentent les enfants qui flairent l’heure de la sortie, encore quelques jours à patienter avant la quille…
Une grosse pensée pour les malades, les endeuillés, les femmes et les enfants maltraités, les soignants et les travailleurs dont les efforts ont offert au quotidien des étoiles d’humanité si précieuses …
Je vous embrasse
Donnons à cette avalanche de désagréments quotidiens son VRAI sens.
Dame Nature (ou le bon dieu, c’est selon) nous met face à un processus de sélection naturelle : ceux qui arriveront à combattre le réflexe grégaire, condition de survie consubstantielle à l’espèce humaine qui nous colle les uns aux autres en masses de plus en plus immenses et denses, survivront.
Autrement dit : survivront ceux qui abandonneront un réflexe fondamental de survie.
Nous voyons s’opérer un début de mise à jour de notre ADN mental, notre système d’exploitation. L’humanité qui s’en sortira sera une humanité 2.0 ou ne sera pas.