Le deuil blanc
Ce mois de Mai est celui de notre anniversaire de mariage… Je croyais être mariée depuis 38 ans, mais je me suis trompée : Je ne suis mariée que depuis 37 ans (Mai 83).
Et cette nuit, je pleurais… En réalisant que j’étais la seule de nous deux à m’en souvenir…
Pourtant, nos 20 ans de mariage ça n’est pas si vieux…
Et, je me souviens qu’on avait fêté ça en grandes pompes…
J’avais remis ma robe de mariée (que j’avais fait teindre en bleu pâle), le prêtre qui avait célébré notre mariage 20 ans plus tôt a re célébré une messe au cours de laquelle il nous a fait redire notre ” oui”…
Nous avions organisé un vin d’honneur + repas pour 70 invités dans une magnifique demeure… Et nous étions allés ensuite danser dans le ” plus petit musée du monde ” (ou presque).
Des amis avaient décoré une brouette (drap blanc + fleurs) et m’avaient mise dedans… Créant un bouchon terrible rue de Lille… (car impossible de pousser la brouette sur les pavés du trottoir, donc il a fallu aller sur la chaussée…).
La brouette dans laquelle j’étais assise était suivie des 70 invités en costard cravate ou nœud pape… Et femmes en robes longues… Les bagnoles embouteillées klaxonnaient comme si elles faisaient partie du cortège en riant, après que nos amis en costard leur aient expliqué : ” Ils n’avaient pas d’argent pour louer une voiture… Alors on doit conduire la mariée à la salle en brouette…“.
Qu’est ce qu’on a pu rire…
Et cette nuit, je me suis demandée si mon ébouriffé se souvenait qu’il m’avait aimée ? Se souvient-il que sur le faire-part de mariage, il avait fait imprimer : ” J’ai tellement besoin de ton amour, que je te donne ce qu’il y a d’essentiel en moi : ma vie !“.
Se souvient-il que sur le faire-part d’invitation pour nos 20 ans de mariage, il avait fait imprimer : ” C’est en 83, t’en souviens tu, c’était hier…Qu’ensemble et pour toujours nous nous sommes unis. Et depuis, chaque jour, quand renaît la lumière, nos cœurs tout doucement se rendent un merci. Merci que ce soit toi, merci que tu sois mienne. Merci que cet amour soit né entre nous deux. Merci que je sois bien, merci que tu sois belle. Merci que ce soit nous, quand on r’ouvre les yeux“.
Se souvient-il ?
Alors je m’en souviens pour deux… Car je ne veux pas oublier… Un si grand amour.
Martine Cossart m’a confié ce clip réalisé par Arnaud Ly Van Manh: C’est François, le mari de Martine, qui y tient “le premier rôle”, “embarqué” qu’il fut par son propre fils, lequel joua le Directeur artistique pour “guider” son père.
Très touchant .
il se passe parfois, dans cette maladie d’Alzheimer , des choses et un enseignement très touchants .
Et si ce “deuil blanc” était celui des conventions sociales et de la forme , pour retourner vers plus de sincérité chez chacun , et de vérité ?