Le long passif d’une indignation à deux vitesses
La domination de la gauche sur la vie intellectuelle française, on l’observe, ne fonctionne plus. Faute de renouvellement, son logiciel apparaît plus que jamais périmé. Le réel, qui finit toujours par parler, a repris le dessus. Ils nous avaient promis un monde sans barrière, un univers sans classe, du plaisir sans limite. Le résultat fait peine à voir. Les pays sont confinés chez eux. La crise économique s’annonce sans précédent. Et, comme l’a montré le mouvement des Gilets Jaunes, la société crève de l’injonction à jouir sans entraves. Les pavés n’ont pas découvert une plage mais conduit à une impasse. Dans ce contexte de faillite de la gauche, le dialogue devient menaçant pour qui veut conserver sa place ou délétère pour qui refuse de se remettre en cause. Le progressisme l’a bien compris, à trop jouer avec le dialogue il pourrait finir par s’y brûler. Pour éviter la confrontation, il lui reste deux grands moyens : la haine ou le discrédit.
Qui sème l’indignation à deux vitesses récolte la violence sans frein à main
La haine, elle s’est abattue, sauvage, immonde sur le pauvre Éric Zemmour cette semaine. Alors que le journaliste rejoignait son domicile après avoir effectué ses courses, un jeune voyou l’a filmé en l’insultant copieusement, le tout dans un langage qui rend difficile de supposer des origines ardéchoises ou savoyardes.
Surnommé “Haramdims”, l’agresseur se félicitera d’avoir injurié l’éditorialiste de Face à l’info en se justifiant « c’est impossible de parler avec lui, il est trop fort. A part l’insulter, vous voulez faire quoi ? ».
Bien qu’une session intensive de savoir-vivre, et accessoirement de grammaire, ne fasse pas de mal à Haramdims, ce n’est pas tant lui le problème que le système qui le produit. Qui sème l’indignation à deux vitesses récolte la violence sans frein à main. Mitterrand lui-même n’avait-il pas pris la tête d’une manifestation contre le racisme, l’antisémitisme et le Front National tandis qu’on y brûlait une marionnette géante représentant Jean-Marie Le Pen ? « Ne défendre les droits que de ceux dont on partage les idées, c’est être prêt au totalitarisme » souligne intelligemment François-Xavier Bellamy.
L’exécutif : la vérité si je mens !
La haine n’est pas la seule arme contre le dialogue, il y a aussi le discrédit. En 1939, le prophétique auteur du Meilleur des Mondes, Aldous Huxley, analysait le mécanisme de la mise hors-jeu : « Toute doctrine mettant en cause le système doit être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront être traités comme tels ».
En annonçant que face à la propagation de fake news autour du coronavirus, le gouvernement allait désormais proposer un nouvel espace gouvernemental qui certifie l’information, la porte-parole officielle de la Macronie a mis le feu aux poudres. Non pas qu’il soit illogique que l’exécutif défende sa vision des choses. Mais c’est le motif invoqué par Sibeth Ndiaye qui s’avère confondant. La raison de ce nouvel espace ? La nécessité « de se fier à des sources sûres et vérifiées » argue-t-elle. Venant de la part de celle qui, en juillet 2017, assumait « parfaitement mentir » quand cela s’avérait utile pour protéger le président de la République, on serait tenté de se pincer pour ne pas rire.
A l’époque de l’empire soviétique, le journal qui se chargeait de diffuser la doxa du parti s’appelait La Pravda/La vérité. Dans l’ouvrage 1984, Orwell appelle “Miniver” le ministère de la vérité. Avec la macronie, la réalité se rapproche du roman : nous avons “désinfox” ! La désinformation par un État dissimulateur, vraiment ? Le directeur des rédactions du Figaro, Alexis Brézet, s’interroge à juste titre : ce site gouvernemental aurait-il, le mois dernier, certifié “sûrs et vérifiés” les articles estimant les masques nécessaires ? La question est posée.
Michel Sardou sur RTL le 2 septembre dernier ou Didier Bourdon en chanson en 2004 ont eu l’occasion de répéter à l’envi la rengaine populaire « on ne peut plus rien dire ». Tandis que la confrontation stimule la réflexion, empêcher son existence castre les intelligences. À l’école de Socrate, l’Église a toujours considéré, de son côté, que le dialogue conduit à la vérité. Ni la haine gratuite, ni le discrédit facile ne sont des réponses qui honorent l’intelligence humaine. Rien n’empêche une confrontation d’idées d’être virile, elle ne manquera pas à la charité pour autant.
Les Pères de l’Église ont laissé à la postérité des apologies, vives et ardentes. Thomas d’Aquin a rédigé une Somme contre les Gentils. François de Sales a adressé aux protestants moult controverses explosives contenant des punchlines d’anthologie. Pour qu’un dialogue soit constructif, le fameux “parler vrai” – dont les coachs en entreprise se recommandent – s’avère absolument nécessaire. Sans excès ni censure. A l’image d’un Zemmour. Le dialogue, lorsqu’il est libre et respectueux, possède alors cette double vertu. Ou il nous conforte dans nos convictions, ou il nous nuance dans nos certitudes. Dans les deux cas, il est possible d’en sortir grandi. Et, sans nul doute, notre monde y gagnerait.
Source: Valeurs actuelles. 2 mai 2020.
Père Danziec se présente ainsi sur Twitter: Prêtre tous les jours et chroniqueur chaque semaine pour @Valeurs. L’actualité dans la vérité. La vérité dans la charité.
Total soutien à Eric Zemmour.
Nous ne pouvons plus tolérer ce genre de propos.Et moi, je recrache sur cet islamo racaille.
ROSA