Rendez-vous
Bientôt, ce soir, la sirène retentira et tout un peuple en Israël se tiendra debout, figé par le souvenir de nos héros trop tôt disparus.
Nous serons là au rendez-vous, sur nos balcons, dans notre cuisine, encore au bureau ou sur la route et nos yeux se fermeront sur nos larmes en pensant à tous ces jeunes gens qui s’en sont allés sans hésitation, qui s’en sont allés pour que nous restions.
Accroché à la poignée de ma porte d’entrée tout à l’heure, comme à celle de chacun des habitants d’Ashkélon et du pays sans doute, j’ai découvert un sac. A l’intérieur j’y ai trouvé le dessin du drapeau qui 24 heures plus tard nous fera tous danser et que nous levons fièrement depuis 72 ans, le dessin d’une fleur aussi, et la lumière d’une âme.
Ma lumière, mon âme cette année se nomme Dror Shoushan ז , “ל et c’est elle qui tout à l’heure, éclairera ma maison.
A l’instant où j’écris ces mots, la bougie qui n’est pas de cire me regarde. Je relève la tête régulièrement pour m’assurer qu’elle m’accompagne. C’est drôle, nous nous jetons des clins d’œil, moi intimidée, et elle amusée. Je ne l’ai certes pas encore allumée mais quand elle le sera, j’ai la certitude que jamais elle ne se consumera.
Dror, mon enfant, Fils de Avraham et de Rahel, tu es parti le 28 novembre 2003 à l’âge de 30 ans. 2003 sais-tu, c’est l’année de naissance de mon second garçon, un gamin de 16 ans et demi qui se prépare allègrement, tout comme toi à son âge, à rejoindre ses futurs frères d’armes pour protéger nos vies et préparer l’avenir.
Princes et princesses d’Israël, ce soir nous avons rendez-vous.
Princes et princesses d’Israël, ce soir, au-delà de la sirène qui déchirera nos cœurs, nous avons rendez-vous. Vous le savez, vous l’avez toujours su, nous serons là.
Le ciel s’effacera pour vous laisser le passage tandis que des anges avec respect porteront votre traine…
Mon D.ieu, mon cœur ému et battant se serre déjà, vos beaux visages que chaque année le 4 iyar amène jusqu’à nous, me sourient et je pleure.
Bientôt, ce soir, quand la tristesse et la joie ne font qu’un, va sonner l’heure des retrouvailles. Princes et princesses d’Israël, nous serons là, vous serez là. Car nous avons rendez-vous.
Diplômée de littérature française, Yael Bensimhoun s’est établie en Israël il y a près de 20 ans . C’est là qu’elle conjugue l’amour de sa langue d’origine et celui du pays auquel elle a toujours senti appartenir. Elle collabore depuis plusieurs années à des journaux et magazines franco-israéliens.
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