Tribune Juive

Sarah Cattan. Nos soignants meurent, envoyés « à la guerre » sans armes par un Etat coupable ET responsable

Eric Loupiac

Ils tombent. De tous âges. Plus un jour sans être touché de près. Nos amours. Nos proches. Nos amis.

Alors certes, tous nous savons que Ceux qui sont sur le front encourent statistiquement plus de risques.

Pourtant, même s’il paraîtra indécent à d’aucuns d’établir une hiérarchie du risque, chacun sait lesquels vont à la guerre chaque jour, de lui ou Elle qui désinfecte la place en réa juste après le décès et avant que n’interviennent Ceux affectés à la morgue, en passant par Celui ou Celle qui vient prendre les constantes, et à Ceux-là, qui opèrent, intubent, finissent par y vivre, au bloc. S’ils n’en meurent pas.

Statistiquement ils sont aux premières loges des personnes à risque.

Notre cœur se brise et notre colère gronde lorsque l’un d’eux tombe à son tour, la faute à cet Etat qui a osé appeler la chose « Guerre » mais qui a envoyé ses combattants « sans armes ».

L'urgentiste Éric Loupiac, 10ème médecin français à mourir du coronavirus !

L’urgentiste à Lons-le-Saunier Éric Loupiac, 60 ans, est de ceux qui qui alertaient il y a bien longtemps déjà sur l’état des hôpitaux. Mobilisé depuis des années pour réclamer des moyens pour les urgences, il dénonçait il y a 5 mois encore ce qu’il appela la casse du service public hospitalier. Il est le dixième médecin français à mourir du coronavirus, lui qui avait choisi de se faire soigner par les équipes du Pr Didier Raoult. Dès le début de l’épidémie, il n’avait pas le matériel pour se protéger et cela le mettait très en colère, a déclaré Patrick Pelloux, ajoutant : A titre personnel, ça me fait beaucoup de peine, mais vraiment profonde parce que c’est un homme que j’apprécie. Il était particulièrement honnête, droit, avec énormément de conviction pour les malades et le service public, c’est une injustice. C’est terrible parce qu’on perd celui qui défendait justement le fait que les habitants de ce territoire de santé puissent encore avoir une réanimation et être bien pris en charge.

L’urgentiste Éric Loupiac est le dixième médecin français à mourir du coronavirus

Son épouse va déposer plainte pour dénoncer le manque de protection des soignants face à la violence du virus comme l’ont déjà fait 600 médecins. Ce gouvernement assassin devra rendre des comptes demain.

Patricia Boulak aussi est morte

Concomitamment, une aide-soignante de 52 ans de l’Ehpad de de la Rosemontoise est décédée hier en réanimation près de Belfort. Elle s’appelait Patricia Boulak.

Elle avait travaillé jusqu’au 22 mars. Tombée malade, elle fut admise en réanimation à l’hôpital du Nord Franche-Comté le 30 mars pour y décéder 3 semaines plus tard : Les salariés de cet Ehpad n’avaient ni masques, ni blouses quand les premiers cas de Covid-19 se sont déclarés mi-mars dans l’établissement. Ses collègues décrivent Une femme en or et une collègue extraordinaire : ton professionnalisme t’a emporté, je n’arrive pas à trouver mes mots… entre colère et douleur, ajoute l’une d’elles: L’humanité perd une perle.

Le maire de la commune, en annonçant la nouvelle, a rappelé que dans cet Ehpad, les personnels de avaient été exposés au virus et contraints à s’occuper des résidents de cette maison de retraite sans équipement pour se protéger : Dans cet EHPAD des hommes et des femmes meurent chaque jour dans le silence et l’indifférence des services publics en charge de leur protection. Comment me taire quand je reçois chaque jour des appels à l’aide de leurs personnels soignants qui vont travailler avec l’angoisse de savoir qui de leur résident va partir dans la journée ou dans la nuit…, disait l’Elue dans une video du 4 avril : 26 résidents sur 115 sont morts ces dernières semaines.

Pour l’instant, nous avons un combat à mener contre le virus mais après, des comptes seront demandés, a confié Corinne Coudereau, la maire de Valdoie.

La famille de l’aide-soignante a annoncé son intention d’ester : Notre sœur est décédée cette nuit en raison de l’incompétence, et du manque de considération de la hiérarchie pour les salariés de cet Ehpad. Il faut que la vérité éclate et que la lumière soit faite. Il est inconcevable que des employeurs ne prennent pas leurs responsabilités pour la protection de leurs salariés.

Le fils d’un résident a déjà déposé plainte après la mort de son père, âgé de 73 ans :  dans cet Ehpad : J’ai su seulement 3 jours avant sa mort que mon père n’était pas bien. A ce moment-là déjà il ne se nourrissait plus. J’ai demandé si c’était le Covid, mais je n’ai pas obtenu de réponse. Les familles dénoncent un personnel malmené.

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