Depuis plusieurs jours, plus d’un millier de policiers ont bouclé Bnei Brak, la ville la plus religieuse d’Israël, contaminée par le Covid-19. En effet, un tiers des 200.000 habitants de la cité ultra-orthodoxe auraient contracté le virus.
Sans télévision ni internet, elle vit repliée, à l’écart du monde profane. Capitale des Haredim (les « craignants-Dieu »), elle abrite les yeshivot (séminaires talmudiques) les plus prestigieuses. Dans cette ville où un mot du rabbin équivaut à un ordre, le leader spirituel de Bnei Brak, Chaim Kanievsky, avait décidé de garder les yeschivot ouvertes au prétexte que « renoncer à l’étude de la Thorah est plus dangereux pour les juifs que d’attraper le coronavirus ».
Il faut dire que le mauvais exemple venait du sommet du pouvoir : le très orthodoxe ministre de la Santé, Yaakov Litzman, avait enfreint les restrictions dictées par son propre ministre avant de tomber malade.Sans aucune compétence en médecine, il avait donné une version très personnelle de la fin de la pandémie : « Nous espérons que le Messie arrivera avant Pâques. Je suis sûr sûr qu’il viendra nous sauver comme Dieu nous a sauvés pendant l’Exode d’Egypte » déclaration que l’on retrouve dans L’OBS qui consacre cette semaine un reportage sur les plus fanatiques des croyants (Yahvé, Jésus, Allah) qui rechignent à respecter les mesures de confinement.
Les Haredim composent environ 10% de la population israélienne mais représentent 50% du millier de cas d infection confirmés. Leur attitude a encore accru leur impopularité en Israël. Et si la pandémie entraînait une prise de conscience chez les ultra-orthodoxes israéliens ? C’est l’avis d’Anshel Pfefferd du quotidien « Haaretz » (1): « Pandémie ou pas, il n est plus tenable qu’un million de personnes continuent à vivre comme une entité à part, tenue par leurs rabbins à l’écart du système éducatif de base et du marché du travail ! »
Alain Chouffan
(1) Dans L’OBS de cette semaine un reportage sur les plus fanatiques des croyants (Yahvé, Jésus, Allah) qui rechignent à respecter les mesures de confinement.