באַלאַגאַנ, balagan en yiddish, בָּלָגָן en hébreu moderne: le … bordel. Sarah Cattan

Utilisant souvent … ce mot, j’en donne la définition à Vous qui me l’avez demandée. Polysémie du mot. Je l’utilise en équivalence à … sacré bordel. Il fut moult fois employé en Israël cette année pour décrire la situation politique. Ma vie balagan, c’est aussi le titre de la biographie de Marcelline Loridan Ivens. Balagan ? Car en hébreu, « balagan » c’est chamboulé, désordonné. Un peu comme le fut la vie de Marceline.

באַלאַגאַנ, balagan en yiddish, балаган en russe, ukrainien,בָּלָגָן en hébreu moderne .

Voilà un mot voyageur. Certes, il ne figure pas dans les dictionnaires français, mais dans ma ville à Marseille, il y a un restaurant, le Balagan-restaurant, le terme inspire de nombreuses compagnies de théâtre, de cirque, compagnie Balagan à Pernes-les-Fontaines, Balagan Système dans la région Rhônes-Alpes, en Allemagne, un groupe musical Balagan, le Balagan Band , l’un et l’autre s’inspirant plus ou moins de la musique klezmer, à l’automne dernier s’est tenu à Marseille le Balagan festival , lui entièrement dédié à ces musiques juives ashkénazes.

Mais il existe aussi une revue BALAGAN, hébergée par l’université de Potsdam , revue qui s’intéresse au théâtre, cinéma de langue slave.

Quelle pagaille n’est-ce pas? C’est exactement cela! En yiddish באַלאַגאַנ , repris en hébreu בָּלָגָן, c’est le chaos, la foire, la pagaille. Par extension, le fiasco aussi.

Mais c’est aussi le théâtre ambulant, le cirque ambulant, ce qui explique que les deux sens réunis inspirent des artistes de tous pays ( ma liste est loin d’être complète…). Plus exactement, la baraque, le stand dressé sur tréteaux de bois pour le spectacle. Le terme a ensuite désigné la compagnie elle-même par métonymie.

En ukrainien,балаган c’est la baraque du théâtre ambulant et également la farce, le désordre. En bulgare,балаган, une chose pas sérieuse, en polonais balagan: désordre, voire désastre.

En russe, c’est la baraque de foire mais aussi une cabane d’été en bois, utilisée par les peuples nomades de Sibérie, particulièrement de la Kamtchatka. Le terme serait venu via les langues turques du persan bālāhānä où il désigne une sorte de véranda, d’étage supérieur en bois, une mezzanine.

En Israël, le linguiste Paul Wexler, université de Tel Aviv, se demande si en fait le terme ne serait pas entré directement du persan en yiddish, sachant que certaines communautés juives d’Asie Centrale ( Ouzbékistan par exemple) parlaient un dialecte tadjik et furent en contact étroit, au cours de l’histoire, avec les yiddishophones. La raison de cette interrogation: le yiddish garde les deux acceptions de ce mot: baraque de bois, véranda ou mézzanine d’une part, chaos, foire de l’autre. Dernière acception qui serait peut-être due à l’influence des langues slaves.

Source: Le Forum des Babéliens

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