L’hôpital Sheba, le plus grand centre médical d’Israël qui traite plus d’un million de patients par an, a été classé parmi les 10 meilleurs hôpitaux au monde. Ses équipes se sont mobilisées dès les premières apparitions du COVID- 19 en Israël.
Le Directeur adjoint du Centre Médical Sheba Tal Hashomer a accordé une interview exclusive pour Tribune Juive.
Entretien
Tribune juive : Comment avez-vous géré le coronavirus à l’hôpital Sheba ?
Professeur Arnon Afek : L’hôpital Sheba a été chargé d’établir la première infrastructure pour la quarantaine en Israël, ainsi que la première unité de soins pour les patients atteints de covid-19.
Ensuite, nous avons créé la première unité de soins intensifs et réanimation, la première unité de psychiatrie, le premier service d’urgence, la maternité et une salle d’opération dédiés exclusivement au corona et enfin nous avons attribué un hôpital comprenant 6 départements dont un scanner, un service de dialyse et un service de rééducation respiratoire réservés aux malades atteints de corona.
En parallèle, Sheba a pris les devants en tant que chef de file de l’innovation:
Face à la pénurie mondiale de respirateurs, l’hôpital Sheba, qui possède déjà un centre d’innovation, a permis à un jeune interne en 2eme année de spécialisation en orthopédie de rejoindre l’unité 81 du corps d’intelligence de l’armée et ils ont trouvé ensemble une solution qui permet de transformer un BPAP ( appareil à usage domestique ) en un respirateur médical pouvant sauver la vie de patients en détresse respiratoire.
Tribune juive : Quels sont les différents protocoles de traitement appliqués ?
Pr Arnon Afek : Le centre médical Sheba est leader dans la recherche mondiale pour développer des soins afin de soigner les patients de manière optimale.
Nous faisons des essais à base de plusieurs molécules notamment, Remedsivir; Kevzara, hydrochloroquine et nous utilisations aussi le plasma de patients guéris.
Nous collaborons quotidiennement avec nos homologues du monde entier et particulièrement l’Italie et la France.
Tribune juive : Avez-vous travaillé avec les palestiniens pour combattre le virus ?
Pr Arnon Afek : Sheba aide et partage quotidiennement son savoir avec les médecins de l’Autorité palestinienne et de Gaza.
Une équipe de médecins et spécialistes de l’Autorité palestinienne s’est rendue à Sheba pour observer notre unité spécialisée dans le traitement des patients atteints de Covid-19 et elle a été formée par nos médecins à se préparer et à traiter le coronavirus.
Des équipes de Sheba se sont également rendues à Jéricho et au point de passage vers Gaza afin d’aider leurs collègues palestiniens.
Tribune juive : Pensez-vous que le virus va muter et qu’il y aura d’autres malades depuis le deconfinement ?
Pr Arnon Afek : Malheureusement, nous manquons de données médicales suffisantes qui permettraient de donner une réponse. Malgré cela, j’aimerais dire avec la plus grande prudence que contrairement à la grippe, il n’existe pas actuellement de preuve de mutations fréquentes du virus.
Tribune juive : Un vaccin est-il prévu dans les mois qui viennent ?
Pr Arnon Afek : Il faut être patient, car cela prendra du temps. Il existe plusieurs entreprises dans le monde qui font déjà des essais cliniques en phase 2, mais malgré cela il va falloir patienter.
Notre hôpital collabore avec le centre national de biologie, auquel le premier ministre Netanyahu a confié la tâche de trouver un vaccin contre le covid-19.
Tribune Juive : Israël qui est au cœur de toutes les innovations va-t-il faire profiter d’autres pays de son expertise médicale ?
Pr Arnon Afek : La réponse est oui. C’est notre devoir et c’est notre ADN d’innover et de partager notre savoir.
Concrètement, nous avons organisé et continuons à organiser des webinaires internationaux avec nos plus éminents spécialistes qui répondent à toutes les questions.
Le respirateur que nous avons mis au point est disponible pour tout pays ou hôpital qui en fera la demande.
Nous sommes également disposés à faire profiter de notre expérience en matière d’utilisation de technologies révolutionnaires de télémédecine utilisées, pour combattre le COVID-19 à distance.
Propos recueillis par Sylvie Bensaid
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