Le Vietnam affiche un bilan impressionnant pour un pays de 93 millions d’habitants : 268 cas et zéro décès. Une stratégie gagnante qui repose sur une prise de conscience précoce de la menace et d’un isolement strict des personnes infectées.
Difficile de faire mieux. Avec zéro mort officiellement et 268 cas, dont 202 guéris, le Vietnam affiche un des meilleurs bilans au monde face au Covid-19, avec Taïwan (6 morts, 420 cas). Un bilan peut-être un peu sous-évalué, mais jugé globalement crédible par l’Université Johns-Hopkins, une référence sur la question. Hanoi affirme aussi n’avoir pas enregistré de nouveau cas depuis six jours.
La performance est d’autant plus remarquable que ce pays de 94 millions d’habitants, sur une surface équivalente à seulement la moitié de la France, partage avec la Chine, d’où est partie l’épidémie, une frontière terrestre de 1.000 kilomètres et dispose d’un faible revenu par habitant.
Une surveillance très étroite
Une faiblesse dont les pouvoirs publics vietnamiens ont essayé de faire une force en optant pour une stratégie low cost. Pas de coûteux tests de dépistage à grande échelle, mais l’identification rapide et l’isolement impérieux des personnes infectées, ainsi que le suivi de leurs contacts. Près de 75.000 Vietnamiens ont ainsi été soumis à « quatorzaine » dans des camps militaires et des hôtels d’Etat. Six communes et quartiers ont aussi été coupés du monde.
Un suivi rendu possible par « le strict quadrillage de la société et la surveillance de la population pratiqués par la police et les cellules du parti », souligne Benoît de Tréglodé, de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire et spécialiste du Vietnam. Une « forte intrusion dans la sphère individuelle qui ne constitue pas un enjeu politique dans ce pays à régime autoritaire », ajoute le chercheur, précisant que ce traçage « s’accompagne d’une politique de dénonciation publique des individus fautifs et, le cas échéant, d’un emprisonnement immédiat ». Une application mobile, NCOVI, a été lancée le 10 mars, pour inciter chacun à signaler sa condition sanitaire et être suivi en cas de contact avec une personne infectée.
Une surveillance qui peut choquer, certes, un Occidental dont la désinvolture, en revanche, sidère les Vietnamiens. Alors qu’en Europe, les premières mesures prophylactiques sérieuses n’ont été prises que fin février, le ministère vietnamien de la Santé alertait les agences publiques de santé dès le 16 janvier.
La frontière avec Pékin fermée
Instruit par l’épidémie de SARS de 2003, Hanoi a installé quelques jours plus tard un comité de gestion de crise réunissant scientifiques et ministères, réquisitionné personnels de soins retraités et étudiants en médecine, supervisé une montée en puissance de la production de masques et interdit la réouverture des écoles le 13 février après les vacances du Têt. Surtout, Hanoi a suspendu le trafic aérien en provenance de Chine peu après l’enregistrement, le 23 janvier, du premier cas sur son territoire et a été, le 1er février, un des premiers pays, après la Russie, à fermer sa frontière terrestre avec la Chine, malgré les récriminations de Pékin.
Et ce alors que « l’économie vietnamienne est très dépendante de la Chine, son premier partenaire commercial et son premier investisseur », souligne Benoît de Tréglodé. En outre, tout voyageur venant de l’étranger est soumis à une « quatorzaine ».
Des mesures jugées toutefois insuffisantes le 1er avril, quand le gouvernement a instauré un plan de confinement pour quinze jours : port du masque obligatoire en public, recommandation de ne pas sortir de chez soi – sauf motif essentiel – et interdiction de tout rassemblement.
Le gouvernement a assoupli le plan vendredi dernier, tout en le prolongeant d’une semaine dans certaines régions jugées à risques. Un allègement prudent : si certains commerces rouvrent, ce n’est pas le cas des bars et restaurants et le port du masque demeure obligatoire. Hanoi se targue d’en avoir offert des centaines de milliers à la Russie et à son ancien ennemi devenu partenaire stratégique, les Etats-Unis…
Yves Bourdillon
C’est ce que dit Trump: le fait d’avoir caché la pandémie a eu des consequences catastrophiques.
Pourquoi avoir fait cela ? de toutes façons, tout finit par se savoir, et ceux qui ont menti ou dissimulé sont deux fois plus montrés du doigt ed discredités