
Depuis le début de la crise sanitaire, la Chine cherche à imposer, grossièrement et brutalement le cas échéant, ses éléments de langage bien au-delà de sa zone géographique d’influence en discréditant toute analyse critique qui questionne son narratif.

En témoigne, le communiqué publié par son ambassade en France le 12 avril attaquant frontalement les élus, journalistes et chercheurs quelques semaines après avoir approuvé sur son compte Twitter un post affirmant que « BFM et les médias fascistes » seraient des vecteurs de « la propagande du suprématisme blanc« .
Des gracieusetés aussi peu diplomatiques suggéraient par ailleurs que les personnels soignants des maisons de repos désertaient sans préavis leurs postes de travail, précipitant ainsi le sort funeste de leurs pensionnaires.
D’autres encore de la même eau fustigeaient des dirigeants européens et américains ayant prétendument déclaré que « le virus ne frappait que les Jaunes« , ou s’indignaient du toupet d’élus louant la qualité de la gestion de la crise sanitaire par Taïwan et demandant une admission à l’OMS jusqu’à ce jour interdite par Pékin au motif inepte que l’île ne serait pas une nation souveraine mais une province rebelle.
Après un trop long moment de sidération, les dirigeants politiques semblent enfin interroger publiquement – à Washington crûment d’abord, à Londres et Paris plus timidement ensuite – la responsabilité de Pékin dans le désastre sanitaire et la catastrophe économique et sociale qu’elle porte en gestation.

Un questionnement – la Chine doit-elle payer des réparations pour les énormes dommages humains et matériels causés par le coronavirus? – dont s’est aussi fait l’écho le tabloïd allemand BILD.
Interpellé pour ce crime de lèse-majesté par l’ambassade chinoise à Berlin, le rédacteur en chef du quotidien Julian Reichelt a directement adressé sa réponse au président de la République populaire dans un article du 17 avril intitulé « Vous mettez le monde en danger » qui voit dans le coronavirus l’héritage politique de Xi Jinping et un présage de fin de règne.

Certains fronceront le nez. Le BILD, quotidien allemand au plus fort tirage (2,5 millions de copies chaque jour, 27 éditions régionales, le site d’information le plus consulté du pays), n’est-il pas un journal à sensation décrié pour sa simplification excessive des faits et son goût du sensationnel qui flatte les plus bas instincts de ses lecteurs? Possible. Mais certaines pépites se trouvent parfois plus volontiers dans la fange que dans un papier de soie enrubanné…
Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur« )