Depuis le début des mesures de restriction, nous assistons à un déferlement de vidéos et de dessins humoristiques sur les réseaux sociaux. Pourquoi ce besoin de rire en situation de crise ?
Quel est le point commun entre Tintin, Cyrano de Bergerac, OSS 117 et Carlos Ghosn? Alors que le confinement a été prolongé d’un mois en France, tous aujourd’hui font l’objet sur les réseaux sociaux de mèmes et de vidéos humoristiques autour du coronavirus et du confinement. «Face à une situation de traumatisme collectif, l’humour apparaît comme un élan vital qui permet de se protéger de l’angoisse», explique au Figaro Marie Anaut, psychologue clinicienne et auteur du livre L’humour entre le rire et les larmes. «On retrouve ce même besoin de rire dans les écrits de nombreux rescapés des camps de concentration, qui expliquent comment l’humour les a aidés à tenir. Et on retrouve le même phénomène chez les vétérans du Vietnam : ceux qui s’en sont le mieux sortis après des années enfermés en prison (un vrai confinement), ce sont ceux qui racontaient des histoires drôles, qui se moquaient de leurs tortionnaires».
Pr Raoult, pénuries de papier toilette et attestations obligatoires
«La chloroquine fonctionne, je ne vois pas où est le problème. Qu’est-ce qu’il faut faire? Prendre du paracétamol? Ne rien dire comme des cons? Finir comme l’Italie? Faire confiance à Macron? Engraisser dans la peur en y laissant nos forces? Flipper devant un virus, alors que c’est moi le boss? Non merci», lance un Cyrano de Bergerac métamorphosé en Didier Raoult par le youtubeur Florian Brucker. «Rester à la maison dans l’espoir vain de voir nous dire les ministres “dans 6 ans un vaccin” qui peut-être nous guérisse? Non merci. Ne pas trouver de masques pour nos têtes, craindre de ne pas remplir nos petites assiettes et se dire sans cesse “Oh, pourvu qu’il reste quelques feuilles de papierc** pour terminer le mois!” Non merci».
La parodie de la célèbre tirade du «Non merci»
Cette parodie de la célèbre tirade du «Non merci» n’est qu’un exemple des nombreux détournements de films recontextualisés pour refléter les difficultés du confinement et les débats qui divisent l’opinion concernant les traitements contre le coronavirus. «Un phénomène spectaculaire» selon le sémiologue Denis Bertrand, l’humour ayant selon lui «toujours parti liée avec l’inquiétude, la menace et l’angoisse». «Dans cette vidéo, on perçoit l’angoisse de trouver un traitement», assure-t-il.
De même avec le détournement du film Independance Day, effectué par les youtubeurs Creustel, un couple d’humoristes. On nous présente un Pr Raoult vantant les mérites de la chloroquine auprès du chef de l’État. «Ils sont rigolos tout en blanc, on se croirait chez Eddy Barclay», souligne le président. Quant au professeur Raoult, «vous le reconnaîtrez facilement, il ressemble à Patrick Sébastien», lui souffle un conseiller.
Source: Le Figaro. 16 avril 2020.
Margaux d’Adhémar est auteur et journaliste.
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