Tribune Juive

Michel Rosenzweig. Confinement et confiscation de l’autonomie et de la liberté des individus au nom d’un impératif sanitaire et moral

Michel Rosenzweig

En réalité une des questions qui se posent dans cette pandémie est cellede la liberté de disposer de son corps et de sa vie sans mettre autrui en danger.

Cette question est la même pour ce qui concerne l’usage des drogues. Je retrouve donc aujourd’hui les mêmes paramètres que ceux que j’ai eu le plaisir d’analyser jadis: autonomie et liberté individuelles contre autorité de l’état et intérêts collectifs, droits individuels contre droit de l’état, légalité des mesures de coercition (constitution), norme juridique et sociale contre norme individuelle.

Dans les deux cas, il y a bien confiscation de l’autonomie et de la liberté des individus par des mesures édictées par un pouvoir qui s’arroge le droit, au nom d’un impératif sanitaire et moral, de confiner une population de manière non discriminée. Est-il éthiquement soutenable d’interdire de se déplacer à des individus sains qui ne mettent la vie de personne en danger? Comme avec les drogues, c’est au nom d’un intérêt collectif et de normes sanitaires et morales que ce confinement est mis en place. L’interdit qui nous frappe aujourd’hui est donc le même que celui qui empêche quiconque de consommer ce qu’il lui plaît sans mettre la vie d’autrui en danger. Le parallèle est frappant. Les drogues ne sont pas interdites parce qu’elles sont dangereuses, elles sont dangereuses parce qu’elles sont interdites. Même chose pour le Covid, sortir n’est pas interdit à priori parce que le virus est dangereux, il est dangereux pour les personnes qui ne sont pas contaminées, à conditions qu’elle le sachent et que les personnes contaminées ne soient pas contaminantes. L’impératif catégorique (restez chez vous) est ici érigé en norme et en Loi toute puissante (il faudrait d’ailleurs vérifier la légalité de ces dispositions). Faute d’être en capacité de fournir aux individus l’information sur leur état de santé, l’état organise donc ce que Michel Foucault a bien décrit dans « Surveiller et punir ». Chacun devrait pouvoir en conscience être informé et décider si il peut sortir et se déplacer et prendre les risques de contamination (politique de prévention des risques). Cette situation de coercition à durée indéterminée pour tous constitue donc un grave préjudice moral, psychique et économique.

Michel Rosenzweig, philosophe de formation (histoire de la philosophie, ULB) et psychanalyste, s’intéresse à  la géopolitique, et notamment aux enjeux relatifs à la montée de la nouvelle judéophobie inscrite dans l’idéologie de l’islam politique radical et conquérant. Il a, par ailleurs, travaillé dans le domaine de la recherche sur les psychotropes (drogues légales et illégales, médicaments) pendant de nombreuses années, en se spécialisant dans la gestion des consommations, des comportements à risques, des dépendances et des addictions, et  a publié à ce sujet: Notamment  Drogues et civilisations, une alliance ancestrale, préfacé par le Prof. Bernard Roques de l’Académie des Sciences de Paris, De Boeck Université, Paris Bruxelles, 2008.

Rosenzweig écrit pour Metula News Agency, Guysen news international et Causeur.

Quitter la version mobile