Le sort en est jeté. La sortie d’Egypte est évoquée cinquante fois dans la Tora.
Pas la « libération », pas la « délivrance » mais la Sortie.
Amère ironie qu’à Pessa’h où nous célébrons la Sortie d’Egypte, on se trouve enfermés et que par cinquante fois, on nous répète: « Restez chez vous ». En vrai, depuis le début de nos confinements, nous n’avons cessé de sortir.
Nous ne sommes jamais sortis autant parce que sans cesse on est entré chez nous. « Quelle est la différence […vous chantez sur l’air de la Hagada] entre les jours de confinement et les jours de sortie? Les jours de sortie, nous sortons pour notre jogging, pour acheter du pain, aller au boulot, retourner en métro [complétez avec un copié/collé de votre agenda 2019] tandis que de nos jours, internet s’intercale, WhatsApp fait intrusion, les mails s’en mêlent et… zoom fait un boom « . Et je ne parle pas du smartphone qui sonne, de face-book, de skype, de twitter qui vous atterrent.
La Hagada avait prévu tout ça. Quand, au moment de parler de Laban, elle s’écrie « Sors »! (et que votre voisin fait le geste de quitter la table) elle ajoute « et… apprends »! Sors… et apprends! Sortez de vos certitudes, de vos aprioris et apprenez, s’écrie la Hagada. Nous avons beaucoup appris, beaucoup lu sur nos petits et grands écrans, écouté des exposés, suivi des cours, nous avons pleuré avec les infos et avons ri avec les petits films et les vidéos, avec les auteurs de jeux de mots et autres calembours. Cela dit et c’est vrai, aussi, le soleil brille dehors et dehors fleurit le cerisier. Aucun zoum‑tralala ne les fera entrer chez nous.
Si bien qu’il me plait de m’arrêter sur le verset 20 du dernier chapitre de Malachie, que nous lisons au Chabat qui précède Pessa’h, le « Grand Chabat », comme l’appellent la Tradition… mais aussi l’Evangile de Jean –19, 31. « Pour vous qui vénérez mon Nom, se lèvera le soleil de justice, la guérison dans ses rayons! Vous sortirez, vous bondirez comme les jeunes taureaux de l’étable. »
Heureuses fêtes de Pessa’h ! Joyeuses Pâques !
Jacquot Grunewald
Les Juifs modernes n’ont pas une égale vénération pour tous les livres qui composent l’Ancien Testament. Ils conservent les écrits de Moïse-Myriam avec une attention beaucoup plus scrupuleuse, les apprenant par cœur et les récitant beaucoup plus souvent que les autres. Les savants qui ont été à même d’examiner leurs divers manuscrits assurent que la partie consacrée aux livres de « la Loi » est toujours beaucoup plus exacte et mieux traitée que le reste.
Les plus savants, parmi les rabbins, connaissent les substitutions de sexes qui ont été faites par les prêtres quand ils ont révisé les Écritures, mais ils se gardent bien de les révéler : c’est ce qu’on appelle les secrets rabbiniques.
La sortie d’Égypte, cet exode libérant de la servitude une classe importante de la société, a été considérée comme un magnifique épisode de l’humanité. On a donné à la personne qui l’a réalisée une place exceptionnelle dans le monde ; les grands travaux scientifiques qu’elle y a ajoutés, la loi morale formulée et les institutions sociales dont elle posa les bases, tout cela fit de cette législatrice une grande figure. On lui prête des paroles qui feraient croire qu’elle a eu elle-même le sentiment de la grandeur de son œuvre ; on lui fait dire : « Informe-toi des temps passés d’une extrémité du monde à l’autre, tu verras que, jusqu’à ce jour, on n’a rien exécuté de semblable » (Salvador).
Mais ce qu’elle n’a certainement pas prévu, c’est la durée de son œuvre qui devait franchir tant de siècles et arriver jusqu’à nous, providentiellement conservée pour que nous puissions la rétablir dans sa grandeur primitive et la venger, elle qui en est l’auteur méconnu, des outrages qui ont été faits à sa mémoire. Car, chose étonnante, après avoir parcouru un circuit immense, l’évolution humaine, cédant à une force irrésistible, revient à la pensée féminine.
Sans doute, nous aurons de la peine à faire accepter cette histoire vraie ; la suppression brutale de la femme et de ses œuvres, la ruse que l’on mit à dénaturer ses actes, à les attribuer à des hommes, a laissé dans l’esprit des modernes une empreinte profonde, difficile à effacer, et que la conscience de l’homme juste saura seule détruire. Les préjugés que nous avons à renverser sont nombreux, datent de loin, sont compliqués d’atavisme et d’orgueil humain. Mais qu’est-ce que tout cela en face de la Vérité, cette force toujours vivante qui sort brillante du passé, en même temps que le Sépher, jusqu’ici mal compris, reprend toute sa valeur scientifique ?
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