» Transférons les respirateurs plutôt que les patients « 

Alors que la vague de contamination du coronavirus est désormais présente dans plusieurs régions de France, Christophe Prudhomme, porte-parole des Médecins urgentistes de France et responsable CGT, regrette le manque de moyens mis en place pour lutter contre la pandémie. « Dans les départements les plus défavorisés en termes de services publics hospitaliers, comme la Seine-Saint-Denis, nous n’avons plus de lits de réanimation depuis quatre jours », déplore-t-il sur LCI.

Pour faire face à l’engorgement des établissements de santé, les pouvoirs publics ont mis en place des TGV médicalisés, qui permettent de transférer les patients des régions les plus touchées vers des zones plus épargnées. Une décision que conteste l’urgentiste. « Les trains sanitaires, c’est beaucoup de personnel pour très peu de patients. Or, nous manquons de personnel. Pour nous, l’organisation de ces trains sanitaires est un gâchis. Pour le premier train, 150 personnes ont été mobilisées pendant 24 heures pour transférer 20 patients », regrette-t-il.

Selon lui, ce sont les respirateurs et les personnels de santé qui devraient être transférés vers les régions les plus gravement touchées. « Plutôt que de transférer les patients, transférons les respirateurs ! Aujourd’hui, mes collègues en province ne sont pas confrontés à la vague. Prenons leurs respirateurs de réserve, amenons-les à Paris, et dotons dans les jours qui viennent la province des respirateurs que l’on nous promet », préconise l’urgentiste au Samu de Bobigny.

L’hôpital militaire de Mulhouse ? « Ridicule »

Et ce n’est pas la place pour accueillir les malades qui manque. « Nous avons des locaux disponibles », rappelle Christophe Prudhomme, mais pas de matériel. « Là où travaille Gérald Kierzek, à l’Hôtel Dieu, il y a énormément de locaux qui peuvent être utilisés pour ouvrir massivement des lits de réanimation en plein cœur de Paris. Donc si nous mettons du matériel et du personnel, nous pouvons ouvrir des lits », même dans les régions massivement impactées.

En Alsace, pour faire face au manque de lits, un hôpital militaire a ouvert il y a plusieurs jours pour accueillir une trentaine de patients. « Ridicule », clame l’urgentiste. « L’armée française, l’une des premières puissances militaires mondiales, n’est capable que de monter des tentes et 30 lits de réanimation… Les entreprises du BTP auraient peut-être pu fabriquer dans un temps identique des bâtiments ! » Même son de cloche concernant l’importation des masques. « C’est bien d’importer des masques de Chine, mais nous n’avons pas d’entreprises de textile en France pour produire des masques ? », demande le responsable CGT

 » Nous avons l’impression d’être dans un pays du tiers-monde « 

Enfin, Christophe Prudhomme interpelle de nouveau les pouvoirs publics sur les moyens dont disposent les services d’urgence pour faire face à la crise. « Il n’y a pas de découragement, mais surtout de la colère face au manque de moyens. Dans mon Samu, nous avons des tenues de protection ridicules. Dans un certain nombre de pays, les combinaisons sont vraiment protectrices. Mais nous, nous n’avons que de vagues sur-blouses en papier qui se déchirent et des sacs plastiques comme bottes. Nous avons l’impression d’être dans un pays du tiers-monde. C’est dramatique. »

Le porte-parole des Médecins Urgentistes de France rappelle également que cette situation, mise en lumière par la crise du coronavirus, n’est pas nouvelle. « Depuis 15 ans, nous expliquons aux pouvoirs publics que nous manquons de lits de réanimation lors de chaque épidémie de grippe ou lors des poussées de chaleur en été. Mais nous avons hurlé dans le désert. Des réanimations, des hôpitaux et 100.000 lits ont été fermés en 20 ans. Aujourd’hui, il nous en manque pour pouvoir prendre en charge tous les patients et ne pas avoir à les choisir. »

Idèr Nabili LCI

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