Il y a un temps pour chaque chose. Se protéger d’un ennemi invisible et sévir contre les contrevenants, inconscients ou provocateurs, d’abord; laisser aux seuls médecins le choix de tout traitement susceptible de répondre positivement à l’urgence, ensuite; poser la question de l’imprévoyance des politiques qui nous fait aujourd’hui dépendre d’un régime totalitaire pour l’approvisionnement des protections les plus élémentaires à destination des personnels de santé et de sécurité et, plus largement, de l’ensemble de la population, enfin.
La Chine, sauveur de populations qu’elle aura mises sciemment en péril
Mais il n’est certes pas déplacé de dénoncer encore la décision criminelle de la Chine de se taire si longtemps avant de communiquer sur le potentiel destructeur de ce virus né – fortuitement ou non – chez elle. Pas prématuré non plus de pointer son écrasante responsabilité dans le désastre, sanitaire aujourd’hui, et économique et social demain. Et, aussi, pas inopportun de démasquer sa politique de relations publiques – l’aide fournie à certains des pays les plus touchés par la pandémie – qui lui permet désormais de se poser à bon compte en sauveur de ces populations qu’elle aura elle-même mises sciemment en péril, et d’étrenner ainsi les habits de première superpuissance au moment où son adversaire américain met à son tour un genou à terre.
A présent que la crise sanitaire paraît chez elle maîtrisée, cette posture de bon samaritain lui offre en effet l’opportunité unique de se refaire une virginité et d’apparaître, non plus en sa qualité avérée d’incubateur de la pandémie, mais en leader mondial responsable dans un moment de crise planétaire. Même si les aides accordées à certains pays ne paraissent pour autant pas toutes dénuées d’arrière-pensées… Ainsi celle fournie aux Pays-Bas, à un moment où le pays compte encore relativement peu de personnes infectées, n’est-elle vraiment pas sans lien avec la volonté d’influencer son gouvernement de ne pas exclure la société Huawei, très proche du pouvoir chinois, de la liste des opérateurs en lice pour la licence de la 5G?
L’Italie, quant à elle, ne doit-elle pas de bénéficier des largesses de la Chine à son adhésion, seule parmi les membres de l’Union européenne qu’elle aura ce faisant beaucoup irrités, à l’ambitieux projet de la Route de la Soie? En lui offrant masques, ventilateurs et les services d’une palanquée de médecins, la générosité de la Chine ne contraste-t-elle pas crument avec une Union, elle, indifférente et sourde aux appels à l’aide de l’Italie, et ne contribue-t-elle pas ainsi à lézarder un peu plus l’édifice européen déjà fragilisé par la gestion calamiteuse de la crise migratoire? Et, toujours dans l’espace européen, l’assistance du « frère et ami » Xi Jinping à la Serbie n’est-elle pas un bon investissement politique d’avenir si elle fait dire urbi et orbi à son président Aleksandar Vucic que la solidarité européenne est un « conte de fée sur papier » et qu’il convient de se défier d’une Union qui lui ferme ses frontières?
Il y a désormais péril en la demeure
Il y a désormais péril en la demeure. L’Europe et les Etats-Unis se sont coupablement assoupis dans une situation de dangereuse dépendance à l’égard de la Chine et de l’Inde pour la fourniture de 80% des molécules rentrant dans la composition des médicaments les plus utilisés, la seconde dépendant en outre elle-même de la première pour les livraisons de matières premières rentrant dans l’élaboration de ses produits génériques. Si l’Occident ne se dotait pas urgemment des moyens de s’extraire de cette sujétion et tardait encore à reprendre le contrôle d’une industrie aussi vitale pour sa souveraineté, la Chine – ainsi qu’en avertissait récemment l’agence de presse Xinhua qui passe pour être le porte-parole du parti communiste – pourrait bien un jour prochain être tentée d’user de ce levier de pouvoir en lui imposant un contrôle de ses exportations de produits pharmaceutiques.
Dans le gigantesque bras-de-fer politique, commercial et militaire qui l’oppose aux Etats-Unis et très accessoirement aux membres d’une Union européenne à bout de souffle, la crise sanitaire offre ainsi au régime totalitaire chinois une occasion unique d’affirmer des ambitions hégémoniques qui débordent désormais largement les frontières de sa zone naturelle d’influence.
« Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera« , aurait écrit Napoléon en 1816.
Deux siècles plus tard, c’est moins la Chine qui nous menace que l’illusion qu’elle n’en est pas une…
Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur« )
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