Alain Toledano. Billet d’un printemps inhabituel: le COVID19 aura déjà été…

Alain Toledano


Paris, le 21 Mars 2020 : Billet d’un printemps inhabituel.

Plus qu’un futur antérieur, le COVID19 aura été une rupture sociétale et individuelle à de nombreux égards.
Le raconter pour donner un sens à un moment historique, tenter de le démontrer ou l’interpréter, pour nous aider à en construire une image mentale individuelle et collective, il n’a pas cessé de nous faire réfléchir.

Si ce jour, le compteur affiché partout rythme encore nos quotidiens, 14459 personnes ont été testées positives en France, 6172 hospitalisées dont 1300 personnes en réanimation, et 562 sont décédées suite à l’infection à COVID19.
Bien sûr, nous lorgnons tous sur le stupéfiant compteur italien, où la barre des 4000 morts a été dépassée ce jour, et le triste record de 627 morts hier ; en nous projetant, comme si l’Italie et la France étaient du même côté de la plage où viendra échouer la même vague meurtrière. Au 4e mois d’épidémie nous en sommes mondialement à 7000 décès, ce qui est pourtant peu signifiant pour une épidémie mondiale.
Talleyrand disait « quand je me regarde je me désole, et quand je me compare je me console » ; nous avons encore le choix de nous regarder ou de nous comparer.

Cette épidémie est l’histoire d’une société…

Et pourtant cette épidémie n’est pas une affaire médicale stricte, c’est l’histoire d’une société, qu’il faut écrire pour mieux renaître, sans que la santé ne la confisque.

Nous prendrons soin d’éviter la banalisation tragique de ce que chaque épidémie infectieuse engendre comme dégâts et endeuillés, le mécanisme de la contagion a toujours existé, ainsi que ses régulateurs.
On dit « qui sauve un homme sauve l’humanité », de la même façon qui n’a pas été en mesure de sauver un homme, ressent naturellement une forme de perte de son humanité, dont la révolte n’a alors d’égale que le chagrin. C’est ce qui animera les réflexions sur le système de santé solidaire et visionnaire à reconstruire.

Cela posera des questions de compréhension sur la prise de conscience et la réaction collectives, aux 80 000 décès par an du tabac, aux 30 000 décès par an d’infections sévères et enfin aux 150 000 morts par an du cancer, en France. L’impact psychosociologique des morts est plus proportionnel au temps de diffusion télévisuelle qu’à l’issue d’un problème sanitaire, suffit-il pour s’en apercevoir d’en discuter avec nos voisins révoltés contre tout (les gouvernements, les patrons, les dirigeants…) qui se croient plus royalistes que le roi, pourtant « la clope au bec ».

Tout le monde cherche à devenir prospectiviste (en étant souvent devin ou futurologue tout au plus), pense le devenir de l’homme et le futur de la civilisation, élabore les scénarios à venir à travers les dernières données communiquées par tous les médias et réseaux sociaux, accessibles via son smartphone.

Pour rafraichissement, toute prédiction n’est pas vérité, elle consiste à utiliser une hypothèse ou une théorie pour résoudre un problème scientifique donné ; elle peut aussi résulter d’une inférence inductive (on passe de prémisses à une conclusion, sans que ce soit forcément validé logiquement ou justifié). Si l’on dispose par exemple d’un ensemble de données sur la période des épidémies de COVID19 et qu’on l’extrapole pour prédire la période à laquelle le COVID19 risque de toucher une zone géographique, on réalise une prédiction fondée sur une induction. Une inférence immédiate peut référer à une simple sensation, réfléchissons donc à notre manière de nous projeter.
Des croyances considérées comme des vérités engendreront encore des réactions en cascade à grande échelle, souvent plus délétères que la réalité.

Des bienfaits du confinement…

Les bienfaits du confinement seront multiples, du questionnement sur le rapport au temps à la réflexion solidaire, de l’arrêt de la course cupide au matérialisme à la prise de conscience de la fragilité de nos conditions humaines… Espérons que le lien social renforcé et la prise de recul de tous en sortiront vainqueurs.
Le civisme, la solidarité et l’altruisme auront à triompher, pour honorer la mémoire de ceux qui auront été privés d’une fin de vie digne et accompagnée.
Notre résilience passera par le sens que l’on donnera et la meilleure gestion des affects ; de façon plus politique, nous aurons à repenser un système de santé globale plutôt qu’une industrie de gestion de la maladie.

« Chaque chose a son temps, en hiver comme au printemps ».

Le Docteur Alain TOLEDANO, Cancérologue, dirige l’Institut Rafael-Maison de l’Après-Cancer. Nous l’interviewerons longuement bientôt et vous présenterons ses « locaux », un centre capital faisant partie intégrante de la maladie ET de la guérison.

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