Erick Lebahr. Ô funeste journée

19 mars 2020… 8 ans déja! En ces temps troubles, où se profile l’imminence d’un  » état d’urgence sanitaire », je me souviens de cette funeste journée du 19 mars 2012. L’école ohr torah, là où tout ou presque a commencé… cette école qui a vu éclore mes trois enfants… ce jour-là, le rose de ma ville s’est teinté de noir…

Parfois sourdent en moi des sons étranges , des murmures de fantômes.

Des images défilent, se télescopent… Les souvenirs affleurent, tels des présences invisibles… Le temps les édulcore un peu, mais il ne les efface jamais…

Je me souviens de cette aube naissante, une aube grise… mauvais présage! Je me souviens de ce matin pâle et livide, où les ruines de l’âme feraient de l’ombre au soleil…

Je me souviens de ces cris silencieux, de ces silences qui hurlent. Je me souviens de notre état de sidération…

Et je songe à ma fille Sophia, qui a croisé l’innommable… Entre nous, ces regards hagards, ces mots restés enfouis… Je songe à Jonathan Sandler et ses deux fils, Arieh et Gabriel. Je ne les connaissais pas. Ils me sont devenus intimes! Je songe à Bryan Bijaoui, grièvement blessé, qui a miraculeusement survécu. Je songe bien sûr à la petite Myriam Monsonégo, cet ange blond au regard bleu étincelant. Son visage peuple ma mémoire à jamais.

Je songe aussi à toutes les autres victimes de l’assassin…

Je ne le nommerai pas… Son nom doit être relégué dans les poubelles de l’Histoire.

Je songe à Abel Chenouf, à Mohamed Legouad, à Imad Ibn Ziaten…

Je n’oublie pas Loïc Liber, resté tétraplégique…

Je songe à leurs familles. Ont-elles trouvé la force de survivre? Sont-elles parvenues , malgré tout , à réinventer les aurores? Ont-elles pu revivre , fût-ce furtivement , le souffle des matins? Le saurai-je jamais? Je ne suis pas dans le secret de leurs consciences…

Mais à l’intérieur de l’école, la vie a repris ses droits…

La vie renaît toujours, à partir de presque rien. Elle recommence sans cesse, comme la poésie, comme un vol d’hirondelles,comme la nature qui s’éveille,comme le cycle des saisons, comme le rythme des grandes marées… Dans la cour, les arbres refleurissent, à chaque printemps retrouvé. D’autres enfants courent, jouent, chantent. L’on entend parfois résonner leurs rires cristallins. L’excellence est demeurée la norme de l’école.

Mon ami, Yaacov Monsonégo, le directeur, le papa de Myriam, est toujours là… Sa merveilleuse épouse Yaffa nous gratifie encore de ses sourires… La vie, cette valeur cardinale du peuple juif… Là est la plus belle victoire sur la barbarie, sur l’obscurantisme.

Jamais, en effet, les nuits ne supplanteront les jours. Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores, les aubes nouvelles…

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1 Comment

  1. Un rappel de notre Histoire récente par un message émouvant, superbement écrit et comme il s’agit d’une atrocité, notre ami Erick Lebahr a mis tout son talent professionnel pour adoucir poétiquement ce drame national.

    Je t’applaudis Erick!

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