Du nouveau dans le drame français
Une jeune lycéenne, Mila, à l’occasion d’une discussion, s’est exprimée sur l’Islam. La liberté d’expression est un bien acquis, chèrement payé par la Révolution en France. C’est un héritage du siècle des Lumières, on se demande aujourd’hui qui a bien pu les éteindre. Ça doit être du temps du « regroupement familial » comme quoi on peut être bardé de diplômes, être jeune et ne rien imaginer des conséquences de ses actes, assuré qu’on est de son intelligence. Mais les successeurs de ce président-là, conscients ou non, n’ont fait que renforcer ces conséquences en voulant absolument ignorer les difficultés de l’intégration des immigrés musulmans ; tout n’est pas rapidement soluble dans la République française. Surtout quand on érode la volonté et le courage des hussards de la République laïque, démocratique et égalitaire. Aucun des trois termes de cette définition n’est naturel aux femmes et aux hommes qui ont été accueillis sur le sol national avec une générosité sans égale de par le monde. Le résultat n’est pas une société multiculturelle dont on se gausse et dont tout un chacun pourrait se réjouir, mais une société multicommunautaire qui en est le contraire et l’assassin.
Mila dans l’émission Quotidien sur TMC. Image: capture d’écran twitter
Ainsi donc, Mila, une jeune lycéenne iséroise, dans une discussion virtuelle, c’est-à-dire sur les réseaux sociaux comme on dit aujourd’hui, avec ce rêve qu’une agitation d’électrons puisse créer des amis, donne son avis sur l’Islam. Avis certes un peu carré mais pas faux, en tous cas conforme à celui de nombre de citoyens et surtout des observateurs attentifs de ce qui se passe dans le monde musulman et de ce qui en est importé en Europe. Avis surtout des rares Européens qui ont lu le Coran, rares Européens desquels ne font manifestement pas partie l’essentiel des élites intellectuelles et politiques. Et sûrement pas les décideurs.
La réponse ne s’est pas fait attendre : Mila est brutalement promise à une lisse lame après de nombreux sévices corporels et sexuels dans un langage pour le moins ordurier témoin d’une barbarie d’autres lieux et d’autres temps. Mais cela est de la responsabilité de ceux qui profèrent ces insultes et ces horreurs. On nous arguera sûrement qu’ils sont incultes et ne connaissent même pas le texte sacré et réputé non amendable auquel ils se réfèrent.
Quelle est la réponse de l’Etat aux menaces proférées ?
Auriez-vous pu l’imaginer il y a encore quelques jours ? La ministre de la Justice, oui de la Justice, Madame Belloubet, prend la victime pour le bourreau ! La Garde des Sceaux devenue gardienne des sots, voilà qui ne manque pas de cachet pond une lettre de cachet et demande au parquet de poursuivre Mila pour insulte à une religion, ce que la ministre trouve grave. En bref, elle veut poursuivre pour blasphème. Ce qu’elle ne fit pas quand Jésus fut qualifié de PD (sic) dans une émission de radio. Voilà Mila en nouveau chevalier de la Barre ; serait-ce ce qu’on appelle une avancée progressiste ?
Heureusement le parquet refuse de s’enflammer et récuse la plainte. Tentez d’allumer du vieux chêne avec une étincelle ou une allumette, tout n’est pas encore église ou cathédrale.
Elle est revenue par la suite sur cette « erreur », il reste le plus grave. Il reste que le premier réflexe est la charge contre la liberté d’opinion et la défense des agresseurs lorsqu’ils le font au nom de leur foi !
Incroyable d’imaginer réaction aussi ignominieuse quand on prétend être gardien des valeurs françaises. Mais qui donc l’a mis là ?
Il est vrai que la ministre de la Justice fait récuser les assassins musulmans au fait de l’aveuglement de leur discernement sous les effets conjugués de la religion et de la prise de drogues par ailleurs illicites. Prise qui en d’autres circonstances est un facteur aggravant des actes commis… Il est vrai aussi qu’elle veut accueillir des djihadistes qu’elle ne logera cependant pas dans les trois appartements qu’elle avait omis de déclarer, un bel exemple de probité.
Mieux encore, maintenant Mila ne peut réintégrer son établissement scolaire. On ne peut l’y protéger ! Certes, mais aucun autre établissement ne peut la protéger non plus… La République ne peut assumer sa mission d’éducation prétendue obligatoire. Faillite ! Faillite et démissions. L’Etat, prompt à retrouver les adresses des pirates selon HADOPI, ne localise pas les auteurs de menaces dont le côté illicite est pour le moins manifeste et pénalement condamnable.
Alors que l’Etat lui assure des cours privés à domicile, lui assure une protection policière et que les brigades informatiques se mettent en branle et permettent l’arrestation des barbares. Ça suffit, le mauvais sort s’y erre trop en France. Du balai !
Il n’est pas, ici, question de morale, il s’agit de plus, il s’agit d’éthique c’est-à-dire de l’identification des bourreaux, de tous les bourreaux. C’est cela la Justice.
Que dire encore de cette inimaginable histoire sinon qu’elle est un nouveau témoin du drame français. Que vive la parole libre !
Richard Rossin, ancien secrétaire général de MSF, cofondateur de MdM, ancien vice-président de l’académie européenne de géopolitique, fellow au CAPE, est auteur à Causeur notamment.
Source: Causeur. 11 mars 2020.
Poster un Commentaire