C’est avec une grande tristesse que nous reportons le Festival du 22 au 30 juin. Pour le bien être de tous et pour que l’évènement reste festif et joyeux, nous préférons le reporter à ces dates en vous espérant sereins et nombreux. Prenez soin de vous.
Entretien avec Hélène Schoumann, présidente du Festival du cinéma israélien
Tribune Juive : Le festival a 20 ans cette année, le moment de faire le point ?
Hélène Schoumann : Oui Il y a 20 ans le cinéma israélien était à ses débuts en tous les cas en France, et n’avait pas encore la notoriété qu’on lui connaît, il ne s’est pas frotté à tous les podiums de la gloire, et n’a pas remporté les multiples prix dans les plus prestigieux festivals du monde. Il y avait alors un air printanier et un frémissement de création, tout était à faire.
Tout le monde venait, flashs de gens disparus trop tôt, d’une Ronit Elkabetz assidue et présente, engagée à nos côtés. De l’incroyable Assi Dayan, le fils du célèbre général, de ce regard vide absorbant l’espace, de son talent fou qui nous renversaient quand il avait présenté La vie selon Agfa. Tout sentait l’à peu près et avait un goût de revenez-y.
Nous avons montré les grands classiques fait avec peu de moyen et d’autres films plus ou moins bons. Peu importait l’essentiel était de voir Israël en technicolor et à travers ce prisme d’émotions. Aujourd’hui tout a changé nous sommes structurés avec des Prix et des catégories. Le paquebot du Majestic Passy nous berce entre ses murs cristallins.
Nous pouvons présenter les nouveaux films plus innovants et étonnants qui s’interrogent encore et toujours sur cette société morcelée et multiple d’Israël.
Et puis ces courts métrages magnifiques comme le signe d’une promesse à venir. Quant aux documentaires, Le festival entre dans la cour des grands et tient ses promesses. Notre public aussi a changé, il est de plus en plus exigent. Avant on ne pouvait voir la création israélienne que de notre festival, aujourd’hui les cinéastes trouvent des distributeurs français et les co-productions sont aussi très importantes. Ils sont vus à peu près partout en France et tant mieux.
Tribune Juive : Les films qui vous ont marqués ?
HS : Comme ça à vif, je dirais Le procès de Viviane Amsallem de Ronit Elkabetz, son film a eu un tel impact sur la société israéliennes concernant le divorce religieux que c’est remonté jusqu’aux instances rabbiniques, mais la procédure est toujours aussi détestable et la cérémonie du divorce est toujours aussi humiliante pour les femmes.
Il y a eu Fox trot de Samuel Maoz qui a tant défrayé la chronique culturelle. Past Life de Avi Nesher mon metteur en scène préféré qui décrit la société israélienne dans ses débuts avec une sensibilité et une grande beauté, j’aime tous ses films. L’Institutrice de Nadav Lapid, un jeune à l’avenir prometteur, enfin plus tant que ça, je l’ai connu à 20 ans quand il vivait à Paris et crevait de faim il raconte tout ça dans son dernier film Synonymes qui a eu l’Ours d’or à Berlin…
Incroyable. Dans les grands classiques je citerai Tu marcheras sur l’eau d’Eytan Fox, Mariage Tardif de Dover Kosashvili, Beaufort de Joseph Cedar. Avanti Popolo de Ra Bukai. Les films de ces années là avaient un côté cinéma italien, avec de l’humour et de la fantaisie. Pour remonter dans le temps, je citerai les films bourrelas réalisés pour le public sépharade, avec le gendarme Azoulay de l’incroyable Ephraim Kishon où la comédie musicale étonnante Kazablan avec Yehoram Gaon. J’ai une grande tendresse pour Moshe Mizrahi qui nous a quittés récemment. Rosa je t’aime ou la rue Chelouche sont de grands classiques. Et pour Amos Gitaï la grande figure mal-aimé du cinéma israélien que j’adore, dans chacun de ses films je me dis qu’il y a une image géniale qui me bouleverse, il a été très critiqué mais a été à l’avant-garde de cette vague déferlante de cinéastes qui ont remis en question les grandes institutions israéliennes, armée, religion, politique.
Après vous seriez étonnée si je vous dis que mon film préféré israélien est la première réalisation parlante réalisée en 1932 : L’enfant perdu de Haïm Halachmi. Dans les collines de Sion, un garçon de 8 ans d’un Kibboutz qui a perdu son groupe gambade dans les collines, heureux. Il a des taches de rousseur sur le visage, si européen et il semble tendre la main aux enfants juifs de la diaspora qui quelques années après seront massacrés dans les chambres à gaz.
Ce film me fait toujours pleurer dans sa naïveté sioniste et ses belles images d’Epinal. Maintenant les séries ont un peu balayé les films et le succès planétaire comme Fauda est impressionnant, mais pour moi aussi bonne soit-elle, ce n’est pas le 7ème Art.
Tribune Juive : Et quel est le programme de cette année ?
HS : Nous sommes dans le sociétal. Beaucoup de film avec pour sujet l’intégration des russes. Cela fait 30 ans cette année que l’émigration massive est arrivée d’URSS. Le film d’ouverture est génial : Golden Voices réalisé par Evgeny Rurami, inutile de vous dire d’où il vient. Le couple qui débarque de Moscou en Israël est impayable et c’est vraiment une comédie douce-amère. Nous avons aussi un court métrage sur ce thème Birth Rights.
Mais je dois avouer que les films de fictions sont moins forts cette année au profit des documentaires et courts métrages. Mais le rire a une place cette année, avec le film de clôture Mossad de Alon Gur Arye, une parodie sur l’agence des services secrets les plus connues du monde ou de Forgivness de Guy Amir et Hanan Savyon, un succès phénoménal en Israël, the electri ed de Boaz Armoni – un groupe pop qui a eu son heure de gloire dans les années 80, complètement oublié aujourd’hui.
Aucun film de fiction politique sauf Incitment de Yaron Zilbermann, qui a eu de nombreuses récompenses aux Ophirs israéliens (oscars)
En septembre 1993, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin annonce le début d’une ère pacifique. Yigal Amir, Juif orthodoxe, est indigné, ce sera le parcours de ce jeune étudiant jusqu’à son crime absolu.
Un moment de détente avec le documentaire sur la marque de maillot de bain qui a connu un succès dans le monde de la mode international Gottex et le parcours de sa créatrice LeaGotlieb : Mrs. G de Dalit Kimora. Sans oublier, 6 le chanteur a la voix d’or Arik Einstein : a standard love song ; Avida Livny.
Sylvie Bensaid
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