Occupés comme nous le sommes par la peur du coronavirus qui squatte désormais tous les esprits et modifie les comportements individuels et sociaux, une “brève” a trouvé le chemin trop encombré pour arriver jusqu’à l’étal où les médias exposent les informations offertes à la consommation des chalands. Pas sûr du tout d’ailleurs que, l’eût-elle trouvé ce chemin, ces médias lui auraient réservé le traitement qu’elle mérite pourtant au regard du rôle de tout premier plan joué par les ONG dans la codification de la métapolitique et de la culture dominantes.
Qu’on en juge plutôt: Ken Roth, le directeur exécutif de Human Right Watch, a, en 2012, accepté pour le compte de l’ONG de défense des droits de l’homme un don de 470.000 $ du tycoon saoudien de l’immobilier Mohamed Bin Issa Al Jaber. Pas de quoi se scandaliser objectera-t-on a priori, jusqu’au moment où l’on apprend que cette somme a été accordée à HRW peu après que ses enquêteurs eurent révélé l’étendue des abus contre le personnel de l’une des principales sociétés du donateur. Alex Emmons de la plate-forme journalistique en ligne The Intercept créée et financée par le fondateur d’eBay, rapporte ainsi que “En 2012, Ken Roth a signé un protocole d’entente avec Al Jaber dans lequel il est en outre convenu entre les parties que le don ne pourrait être affecté à la défense des droits des membres de la communauté LGBT victimes de répression au Moyen-Orient et en Afrique du Nord“.
Cette généreuse contribution fait désormais l’objet de controverses et de débats animés au sein des cadres de HRW sur la conduite de son directeur exécutif d’autant que Ken Roth s’est, l’an dernier, fendu d’un tweet faisant l’éloge de Javad Zarif après que le ministre des Affaires étrangères iranien ait, au nom de la “morale” et “des lois en vigueur”, défendu la politique d’exécution des homosexuels dans son pays (1). L’exécution publique en janvier 2019 d’un homme accusé de pratiques homosexuelles n’avait ainsi fait l’objet d’aucune condamnation de la part de HRW et de son directeur (2), même s’il n’est pas avéré que le “Quid Pro Quo saoudien” soit à l’origine de cette mansuétude à l’égard de la politique homophobe de l’Iran.
A l’origine de tant de sollicitude de la part de Ken Roth, “la contribution de l’Iran à la décision de l’ONU d’enquêter sur les crimes commis contre les Rohingyas au Myanmar“, et sa “promesse“, non tenue au demeurant, “que ses supplétifs en Syrie ne participeraient pas aux attaques contre les civils de la ville d’Idlib“.
Reste de cette misérable compromission de Human Farce Watch que, après l’enquête de The Intercept, l’ONG communiquait le 27 février dernier qu’elle renvoyait le don controversé à son bienfaiteur saoudien. Dans les mots de cette association prétendument engagée dans la défense des droits de l’homme, “HRW a pris en 2012 la regrettable décision d’accepter une donation assortie de la condition de ne pas l’affecter au soutien des droits des gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres (LGBT) au Moyen-Orient et en Afrique du Nord“.
Reconnu pour son aversion obsessionnelle de l’Etat d’Israël, Ken Roth avait, en 2009, inspiré à Robert L. Bernstein, fondateur de HRW et président de l’ONG de 1978 à 1998, un article dans le New York Times critiquant sévèrement “l’échec de sa direction actuelle à promouvoir les droits de l’homme dans les pays du Moyen-Orient” et “ses rapports récents qui assistent les efforts de ceux engagés à dépeindre Israël sous les traits d’un Etat paria” (3).
Tout comme Omar Shakir, le représentant de HRW en Israël expulsé du pays en novembre dernier pour son adhésion au mouvement BDS (4), le directeur exécutif de l’organisation s’est en effet révélé être un avocat zélé de ce même mouvement en plaidant auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU la rédaction d’une liste noire, rendue publique récemment, des sociétés travaillant dans les territoires disputés de Judée Samarie. Un engagement dans le droit-fil d’un autre scandale datant de 2009 et révélé par David Bernstein du Wall Street Journal impliquant HRW et ses tentatives de levées de fonds en Arabie saoudite (5). Si l’on en croit le WSJ, Human Right Watch a, cette année-là, “mandaté une délégation en Arabie saoudite pour y lever des fonds. Afin d’enquêter sur la place réservée aux femmes dans la société saoudienne? Pour y défendre les droits des homosexuels punis de mort? Pour protester contre l’absence de liberté religieuse dans le Royaume? Non, vous n’y êtes pas. La délégation envoyée en Arabie saoudite devait en réalité mettre en exergue la contribution de HRW à la diabolisation d’Israël dans le but de se gagner les largesses de donateurs potentiels particulièrement nantis”.
Ken Roth et HRW, ou les relations incestueuses entre la défense des droits de l’homme et l’antisémitisme…?
Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (“Cherchez l’erreur“)
(1) une politique responsable, selon WikiLeaks, de la mort de 4.000 à 6.000 gays et lesbiennes de 1979 à 2008
(2) (3) (5) source: Jerusalem Post, “Anti-Israël HRW accepts Saudi funds to not criticize repression of gays”, 4 mars 2020
(4) Boycott, Divestment and Sanctions
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