8 mars, la journée de l’infâme : « castrons Polanski !» Par Frédéric Sroussi

La journée de la femme, version 2020 à Paris, a trouvé sa victime expiatoire en la personne de Roman Polanski.

Les slogans de type Mai 68 ont retrouvé toute leur actualité :« Moins de Césars. Plus de Cléopâtres (sic) »; « Le César du meilleur violeur est attribué à…»; «J’accuse l’homme, j’emmerde l’artiste»; et la cerise sur le gâteau ou l’ignominie à l’état sauvage: «Séparer l’homme de l’artiste. En France on a la solution. »

La femme, auteur (sans ‘’e’’) de ce dernier slogan brandissait une guillotine en carton avec un dessin explicite symbolisant les attributs masculins castrés de Roman Polanski . C’est bien mieux qu’un César en guise de trophée symbolique, pas vrai ?  

J’offre ici quelques petites réflexions concernant l’hystérie (mot que j’emploie en toute connaissance de cause) qui affectent les nouvelles féministes qui ont fait la jonction ‘’intersectionelle’’ avec les antisémites de tous bords : Polanski – que l’on ne peut m’accuser de défendre aveuglément puisque j’ai condamné dans un article récent son acte criminel dans l’affaire Samantha Geimer – est devenu le symbole du rescapé de la Shoah dont l’Occident veut se dédouaner en accusant les Juifs d’être essentiellement mauvais et menaçants.

Ainsi, l’Occident ne peut être coupable d’avoir assassiné le ‘’Puissant ‘’ (le «Juif») dans la plus pure tradition révolutionnaire datant de 1793 (année de l’ exécution de Louis XVI).

De plus, le Juif doit perdre cette couronne qui l’a fait injustement roi (Alphonse Toussenel, Les Juifs, rois de l’époque, 1845) puisqu’il est illégitime en tant que circoncis (le prépuce, symbole de la ‘’couronne’’ étant ôté, le Juif est trompeur, le Juif est un imposteur…)   

Les attributs masculins de Polanski, coupés symboliquement par la lame de la ‘’guillotine’’ font référence à la circoncision du Juif, pratique qui n’a jamais été acceptée en Occident (l’Islande souhaite, avec d’autres, interdire ce rituel religieux).

Le ‘’Juif efféminé’’ est une rengaine de la littérature antisémite, or si la féministe névrosée ne veut pas ressembler au Juif, il lui faut être antisémite pour chasser ce qu’elle n’est pas (ou ce qu’elle n’a pas…).  

Cette fixation sur le ‘’ César ’’ dont l’aspect phallique doit être souligné rappelle que le phallus représente dans la psychanalyse lacanienne le renoncement à la virilité pour la fille (cette virilité héritière du père qui fait défaut peut se transformer dans sa non acceptation en haine du patriarcat dont les nouvelles féministes revendiquent le dégoût le plus profond).

Cette haine de l’homme et du phallus (en tant que différent et à la fois identique à l’organe pénien) relève de la frustration de ne pas l’avoir (l’objet du désir et de la puissance fantasmée). C’est une guerre pour le pouvoir que se livrent tous les belligérants de ces «communautés» qui se disent opprimées pour mieux culpabiliser l’homme-qui-réussit , c’est-à-dire dans l’inconscient collectif (terme que Lacan rejetait totalement !), l’ homme juif blanc et vieux (puisqu’il paraît selon le jeune Macron que les retraités sont des privilégiés).

Polanski- au crépuscule de sa vie – a réussi, bien malgré lui, à polariser toutes les haines de notre époque hybride qui n’a plus de re-père et qui s’en porte, le croit-elle, bien mieux en scotomisant (c’est-à-dire en rejetant hors du champ de la conscience) Dieu puis l’homme au sens stricto sensu…

Frédéric Sroussi est journaliste et essayiste.