Dans le quartier dans lequel j’ai vécu de la fin des années 80 à la fin des années 90, ça se passait plutôt bien pour moi car je m’étais adapté aux codes du quartier, en tout cas ceux d’une certaine jeunesse qui dominait la cité et les cités voisines.
Dans ces cités, il n’y a pas de droit au sens où on l’entend
Dans ces cités, il n’y a pas de droit au sens où on l’entend, il y a le droit qu’on prend, le droit que l’autre impose et surtout on ne juge personne tant qu’il ne touche pas à vos intérêts et ne menace ni vous ni vos proches, chacun sa merde.
C’est un monde violent organisé autour d’ententes tacites et de bornes que seuls les habitants dominateurs du quartier saisissent, je ne parle pas de caïds, même s’ils sont concernés mais de ceux qui occupent l’espace public et le font vivre. Cela peut entraîner des tensions avec les « anciens », les retraités « vieille France » qui jouent parfois les moralisateurs, souvent on rit sous toise en méprisant ces paroles.
On se bat facilement et on a l’insulte facile, les trois plus grandes activités du quartier sont : Le trafic, de tout et n’importe quoi. Le football. Les filles. (Oui culture très machiste, et les filles sont vues comme des trophées, des chasses gardées, ou l’honneur de la famille).
On a les « commerçants », spécialisés dans la vente de parfums, de vêtements ( de contrefaçon parfois), de cigarettes…
Le marché est alimenté par des braquages de petits commerces, de bureaux de tabac, de guet-apens sur des aires de repos à l’encontre de routiers, mais aussi d’aller retour entre la France et les Pays Bas où l’on va se fournir, à Anvers le plus souvent.
La drogue
Évidemment il y a aussi le trafic de drogue à l’époque, principalement de shit, des gamins de 15-16 ans dealent et rendent des comptes à des caïds surpuissants et très intimidants, ils roulent en grosses cylindrées allemandes et portent des 3/4 en cuir. Ils sont armés.
Lahcène…
Un jour, un copain, Lahcène, est sorti en discothèque sur Lille et en repartant a volé un magnifique coupé cabriolet sur le parking. Lahcène n’était pas un enfant de chœur mais il a été obligé de se cacher durant 3 mois car le véhicule était chargé à bloc de drogue dans le coffre.
Le propriétaire et ses « associés » ont retrouvé la trace de Lahcène et sont venus dans la cité (35 bornes quand même entre la discothèque et notre quartier), leurs indics avaient bien rencardé.
Ils ont interrompu une partie de foot que nous jouions et ont sorti des armes pour nous faire cracher le morceau, une fratrie d’origine marocaine qui était parmi nous,a sorti des armes également. Les balles ont sifflé, tirs en l’air pour impressionner.
Abdeljani…
L’un des frères est aussi un combinard de première, proxénète des allocations et revendeur de drogue. Proxénète car il a 3 copines régulières avec enfants, toutes mères célibataires et personnes ressources pour ce charmant cœur sentimental qui prend sa part, son impôt dès que les allocations tombent. Il n’est pas le seul, dans un quartier voisin, dans une cité HLM, où j’ai habité un an, il y a Abdeljani, gardien de prison à Fleury Merogis, il fournit la drogue à ses clients en taule, il va chercher la came en Hollande, il a aussi plusieurs régulières sous sa coupe, plusieurs fois père. Il passe, il baise, il prend du fric et ramène de temps à temps des petits cadeaux à sa progéniture.
Les filles, toutes françaises de souche, doivent respecter l’islam et faire de leurs enfants des bons musulmans. Il sait tout et connaît tout le monde dans les quartiers où crèchent ses « régulières ».
Dans un des quartiers, ce sont ses frères qui surveillent qui rentre et qui sort de chez la mère de sa petite Sarah.
Il connaît tous les dealers et chouffeurs des autres quartiers, il a toujours une belle voiture allemande et est souvent bien accompagné. La fratrie dominante de notre quartier, 9 frères, a aussi 3 filles qui ont été mariées à des hommes qui venaient du bled, elles sont toutes voilées et ne sortent qu’accompagnées. Leurs maris parlent à peine français.
L’été c’est le grand départ pour le Maroc
L’été c’est le grand départ pour le Maroc, on entasse les filles à l’arrière d’un J9 avec rideaux aux vitres, double voile, et on entasse les vélos accumulés dans le garage familial tout au long de l’année dans un autre J9.
Le moment le plus chaud de l’année, c’est le ramadan quand il tombe l’été, les jeunes restent tard dans la rue à faire du ramdam, des parties de foot nocturnes. Certains, hypocrites, se cachent derrière l’église et sortent des bouteilles de whisky de leurs coffres de voitures et se torchent toute la nuit.
Le coffre de voiture est une petite boutique
Le coffre de voiture est une petite boutique qu’on propose tel un étal de vêtements, parfums et autres camelotes comme des bijoux fantaisies.
C’était comme cela à la fin des années 90, aujourd’hui c’est pire, un jour j’expliquerai en quoi c’est pire.
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