« Nous resterons forts, unis et fidèles à notre voie qui est la bonne. Je suis fier de vous et je suis fier de nous« , a-t-il dit dans la nuit de lundi à mardi au QG de son parti à Tel Aviv à ses troupes, ses fidèles. « Je suis très fier de chacun de nos électeurs, nous nous tenons à la fin d’une campagne parmi les plus dures qu’ait connu Israël » appelant les citoyens à attendre les « résultats définitifs qui risquent d’être les mêmes qu’en avril dernier. »
Le chef de file de la liste Bleu Blanc, créditée de 33 sièges selon les premiers résultats des législatives israéliennes, a répété que Bleu Blanc serait présent pour défendre ses opinions et que personne ne pourrait les diviser.
« Je vous remercie de tout coeur pour vos efforts incroyables, je suis fier de vous et je suis fier de nous, » a-t-il insisté. « Je comprends votre douleur et votre déception mais regardons le verre à moitié plein, nous n’allons renoncer ni à nos principes ni à notre voie qui est la bonne, nous resterons forts et unis. »
Rappelant que des mensonges terribles et nombreux furent utilisés sur sa personne, Benny Gantz a assuré qu’il ne cèderait pas: le pays a besoin de se remettre, de se réunir, de se pacifier et il aspire à un leadership que nous proposerons au peuple israélien.
« Nous respectons les choix des électeurs et nous respectons ceux qui ont voté pour les autres partis, nous venons d’entamer notre parcours et nous continuerons à servir l’Etat d’Israël, » a-t-il conclu.
Selon les premiers résultats, le bloc de droite obtiendrait 59 sièges contre 54 pour le bloc de gauche et la Liste arabe unifiée.
On comprend … la surprise. Le verdict des urnes, désormais imprévisible. Le procès du 17 mars n’a pas arrêté la victoire de Netanyahou: le Likoud est en tête des partis avec ses 36 sièges, son meilleur résultat depuis la victoire d’Ariel Sharon en 2003, contre 32 à 34 pour Bleu-Blanc. La droite constituée du Likoud, des partis orthodoxes et de l’extrême-droite atteint 59 sièges.
La gauche en Israël, matrice de l’Etat hébreu, est aujourd’hui dans le coma
Même si c’est seulement demain 4 mars que seront connus les votes de l’armée et des diplomates, lesquels représentent un siège ou deux, nul ne peut contester la victoire éclatante de Netanyahou et l’échec flagrant de Benny Gantz, lequel n’a pas attiré les voix lui permettant de changer la donne. Mieux: la gauche en Israël, matrice de l’Etat hébreu, est aujourd’hui dans le coma, perdant 4 députés par rapport au précédent scrutin, 4 députés qui se sont retournés vers … le Likoud: La gauche historique, qui a créé le pays, a quitté la scène politique et n’a pas pu gagner suffisamment de voix pour permettre l’alternance, écrit Jacques Benillouche dans Temps et Contretemps. Le parti travailliste paie aussi l’erreur d’avoir laissé partir Stav Shaffir qui symbolisait la révolution des tentes et qui est la passionaria des jeunes et surtout une très grande oratrice par ailleurs très présente dans les réseaux sociaux, ajoute-t-il, alors que, vu de l’étranger, nous avons le net sentiment que Gantz n’est pas connu de l’électeur israélien, et que sa campagne a manqué de propositions audacieuses. Il a boudé les électeurs arabes alors que les statistiques prouvent que dans les villages arabes, les habitants votent à 35% pour le Likoud. Il y avait là un potentiel qu’il n’a pas exploité, poursuit Jacques Bénillouche, à quoi nous rétorquons qu’un Gantz plébiscité par l’électorat arabe aurait été, on le sait, fort mal vu…
Bibi, connecté à quelque chose de très profond dans la psyché de ses électeurs
Face à lui, une bête politique, un homme infatigable, qui en reveut, qui n’a ménagé aucun effort, qui a multiplié démarches audacieuses et promesses attendues, un homme auquel les israéliens semblent vouer un réel culte, au point de faire peu de cas de ses inculpations. Le politologue Denis Charbit écrit: «Il ne subit aucune érosion. Il est connecté à quelque chose de très profond dans la psyché de ses électeurs – un mélange de peur, de goût pour la rhétorique agressive et de soif de reconnaissance. En ce sens, le soutien sans faille de Trump et Poutine a joué.»
L’affaire Bachar et Habura
En bon killer, il n’a, par ailleurs, pas hésité à tout faire pour disqualifier son rival, qu’il a présenté comme un pleutre. Un couard. Qui n’hésiterait pas à s’allier avec les Partis arabes. Gantz de toutes façons n’est-il pas tombé le jour où des enregistrements ont été dérobés et dévoilés, faisant entendre Israel Bachar, son conseiller, le qualifier de danger pour le peuple d’Israël, au vu de son manque de courage pour attaquer l’Iran. Selon les médias israéliens, le rabbin Habura aurait recueilli les doutes du principal stratège de la campagne de M. Gantz sur la force de caractère de son patron. Cet enregistrement a été diffusé par Channel 12.
Bis repetita. Le scénario du 9 avril 2019 se répète. La droite trouvera-t-elle les voix manquantes et ce grâce à une trahison dans les rangs de Bleu-Blanc. Certainement.
Le président Reuven Rivlin devra désigner au plus tard le 17 mars la personne chargée de former un gouvernement. Ironie du calendrier, c’est ce jour-là que s’ouvrira le procès du Roi Bibi, inculpé pour corruption, abus de confiance et malversation dans plusieurs affaires. Et Reuven Hazan, professeur au Département de science politique et ancien président du Département de sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem, parle d’un cinquième mandat qui pourrait bien être le plus court.
Il est difficile de porter un jugement, alors que l’on vit en dehors du pays. Comptons sur la sagesse des israéliens; il me semble que l’association de ces deux géants les arrange bien ! l’avenir seul nous dira s’ils ont fait le bon choix !