Charles Meyer. La bataille d’Idleb

Des « millions » de migrants se dirigeront « bientôt » vers l’Europe, assure Erdogan

C’est donc confirmé. 76.358 réfugiés à 9h55 ce matin ont déjà quitté la Turquie en direction de l’Europe. A ce rythme là, on atteindra en quelques semaines le million et même davantage. Le tout, sous fond de coronavirus. La pire crise sanitaire et humanitaire en Europe est possible. Je ne veux pas être pessimiste à l’excès, mais ce qui se profile est très mauvais.

Idleb est une bataille fondamentale dans la guerre que nous devons mener contre le djihadisme et il est possible que nous la perdions.

Depuis de nombreux mois, nous alertons contre la politique extérieure insensée de l’Europe et de la France à Idleb. Contre des prises de position lunaires comme ce communiqué de le Drian hier.

Depuis des mois nous sommes quelques uns à affirmer qu’il fallait faciliter les Russes à Idleb et en terminer avec la plus grosse concentration de terroristes islamistes au monde.

La leçon que nous tirons collectivement et à cette heure est implacable.

1) Erdogan, qui avait menacé de rouvrir ses frontières si la Russie intervenait massivement au Nord a évidemmment menti. La Russie, pour le moment, n’est pas intervenue de manière décisive, comme elle le pourrait. Erdogan a néanmoins rouvert ses frontières sous des prétextes que nous savons fallacieux.

2) sous les yeux du monde entier depuis quelques jours, l’armée turque et ses supplétifs convergent et dans l’idéologie qui les animent et dans l’abjection des actes qui les condamnent. Tortures, décapitations, assassinats de civils, exécutions sommaires, scènes macabres : le bilan moral de l’association Turquie – OTAN coûte cher. Sous les yeux du monde entier, nous voyons tout simplement des djihadistes crier le même Allah Akbar, sous écusson turc ou Al Quaida. C’est tout le mensonge qui accompagne depuis dix ans la doxa sur le conflit en Syrie, qui vole en éclats.

3) Les accords de Sotchi prévoyant que les Turcs devaient désarmer depuis des mois les djihadistes sous leur contrôle au nord Idleb n’ont jamais été respectés : au contraire, la Turquie arme sans aucune opposition des Occidentaux des groupes djihadistes.

4) De longue date, Erdogan projette un nettoyage ethnique au Nord de la Syrie pour y installer des populations qui lui sont fidèles et pérenniser un territoire qui accueille les groupes combattants émanant à peu près tous d’ Al Qaïda et repartis en quelques 90 nationalités. Cette pérennisation porte un nom : état islamique ou califat. Elle génère un risque encore plus important de déstabilisation de la région et le tout, a quelques encablures d’Israël et du Liban. Elle maximise le risque d’une industrialisation du terrorisme avec la protection, l’aide militaire et logistique de la Turquie. Ce rêve existe.

5) Au moment même où la Turquie envahit de manière totalement illégale le territoire syrien, il ne faut pas oublier que dans le même temps, elle envoie djihadistes et matériels en Libye pour y porter assistance aux islamistes qui combattent le Marechal Haftar, que la France, les Etats-Unis … et la Russie, soutiennent.

Au risque d’aggraver considérablement le risque de mouvements en Méditerranée ou encore, d’intensification des actions terroristes que la France combat en Afrique. 

Alors faire l’autruche, répéter en boucle que les affaires internationales sont 《 complexes 》 ( argument inepte, qu’on a éprouvé sur les banlieues, l’islamisme, l’intégration ou l’assimilation, bref, instrument par excellence du lâche), ne sert à rien.

Ces problèmes se convoquent chez nous et ils ne nous demandent pas notre avis. Erdogan ne comprendra que la force et la diminitude de l’Europe à son égard commence à sérieusement nous mettre tous en danger. Enfin, il faut urgemment changer de disque avec la Russie et la Syrie, congédier les Galia Akerman et autres Tenzer. Ce n’est plus entendable d’agir ou même de communiquer aussi bêtement. 

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