Le CCIF, idéologiquement la branche juridique des Frères musulmans en France, a présenté hier 25 février son « rapport 2020 » lors d’une conférence de presse (1). La mise en scène a été soignée.
Le slogan « culte » du CCIF est bien mis en avant à l’image : « l’islamophobie est un délit, pas une opinion ». Comme je l’avais analysé il y a quelques années, c’est une reprise du slogan antiraciste « le racisme est un délit, pas une opinion ». Par cette paraphrase, le CCIF souhaite s’inscrire officiellement dans les luttes antiracistes pour obtenir une forme de crédibilité. Mais, comme montré dans mes divers articles, le CCIF n’a absolument rien en commun avec les associations antiracistes, promouvant même des homophobes (2) et des discours sexistes.
De plus, le slogan du CCIF est un mensonge. L’islamophobie n’est pas un délit. Cela ne figure dans aucun texte juridique français. Tant que nous serons en démocratie, ce ne sera jamais le cas. Un mensonge aussi énorme affiché aussi grand dans sa conférence de presse montre l’escroquerie intellectuelle, juridique et politique de cette association.
Le slogan du CCIF est un mensonge. L’islamophobie n’est pas un délit.
Enfin, sur les quatre personnes qui sont intervenues, trois sont des femmes voilées. La 4ème personne est le directeur du CCIF, non voilé évidemment puisque c’est un homme. Nous sommes toujours dans la volonté de faire avancer l’islamisme politique par la visibilité du sexisme du voile. Les islamistes ont compris depuis 30 ans qu’il n’y a rien de mieux pour lutter contre l’égalité des sexes que de mettre des femmes en avant. Comme toujours avec l’islamisme, le sexisme du voile est son outil politique central. Le message est clair : les femmes n’existent que par leurs corps sexualisés dont les têtes sont considérées comme un organe sexuel à cacher. Elles peuvent faire du sport, avoir un emploi, faire (un peu) carrière, mais le voile est là pour rappeler qu’elles seront toujours inférieures aux hommes en dignité et en droit.
Cette association avait justement développé ce qu’est pour elle la « femme musulmane » dont le sexisme du voile est un élément identitaire pour faire la différence entre « eux » (les Français dépravés et sans « pudeur ») et « nous » (les femmes musulmanes « pudiques » qui se respectent) (3).
Le « problème idéologique avec l’islam » ne viendrait pas de l’intégrisme musulman mais du « mode de vie » français. Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF, caricature ce mode de vie où les femmes seraient des objets sexuels dont les musulmanes souhaiteraient se protéger par le voilement. Ce refus de « se soumettre » à notre culture expliquerait pourquoi l’islam serait « visé ». Belle inversion des rôles dont le CCIF est si friand.
C’est d’ailleurs pour cela que l’expression « Musulmans de France » est privilégiée dans cette conférence, plutôt que « Français de confession musulmane ». Communautarisme quand tu nous tiens…
La conférence de presse en elle-même reste fidèle à sa ligne : mensonges, déformations des faits, populisme, effets larmoyants. Tout est fait pour présenter une situation anxiogène et la plus victimaire possible des « musulmans ». On n’en attendait pas moins du CCIF, maître en la matière.
Mais comme je ne cesse de l’affirmer, ces discours de l’islamisme politique ne pourraient avoir autant d’échos sans la légitimation et la caisse de résonnance fournies par une partie de la gauche. Le journal Libération par exemple, dans un article publié le jour même pour rendre compte de ce rapport, présente le CCIF comme une « association d’aide juridique » (4). De plus, il ne se pose aucune question sur le peu de sérieux de ses « statistiques », maintes fois dénoncées comme non fiables. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’il n’en donne plus aucun détail depuis plusieurs années. Mais cela ne gêne aucunement Libération qui valide en plus la fusion entre critique/offense envers l’islam et discriminations des musulmans par le terme « islamophobie ».
Voilà comment un journal de gauche se fait le porte-voix de l’islamisme politique.
Le CCIF reste ainsi fidèle à lui-même et à l’idéologie des Frères musulmans : sexiste, identitaire, religieux et politique tout en affirmant le contraire afin de présenter une vitrine « antiraciste » acceptable pour mieux cacher son arrière-cour islamiste.
Cette association ne respire que pour la promotion politique du sexisme du voile, cheval de Troie du monde rêvé par l’islamisme. Pour y parvenir, elle est toujours aussi victimaire, populiste et larmoyante.
(1) Rapport 2020 du CCIF : conférence de presse
(2) Le CCIF et l’homophobie : un faux silence, une vraie caution (2ème partie)
(3) La nudité pour un yaourt ou le voile pour la « pudeur » : la femme selon le CCIF
(4) Le Collectif contre l’islamophobie alerte sur une aggravation du racisme antimusulman en 2019
Source: https://www.naembestandji.fr 26 février 2020.
Pourquoi suis-je féministe, universaliste et laïque ?
« Militant féministe et laïque, j’ai longtemps travaillé dans le domaine socio-culturel auprès des enfants et adolescents des quartiers populaires. J’ai toujours vécu dans l’un d’eux. J’ai constaté sur le terrain et dans mon entourage le développement de l’intégrisme musulman dont les filles sont toujours les premières victimes par le contrôle des corps et des déplacements. Le voile en est la quintessence.
J’use de ma plume aujourd’hui pour partager mon expérience et le fruit de mes recherches. » Naëm Bestandji
Libération et les Inrocks sont à la gauche ce que les massacreurs de baleines et la chasse à courre sont à la lutte pour le droit animal et ce que le gaz de schiste et le pétrole sont à l’écologie.