La prévision de la remise de prix du cinéma au réalisateur Roman Polanski a posé des difficultés d’organisation, de structure et d’exécution. Des mouvement féministes se sont mobilisés et s’activent avec efficacité. Ils reprochent au réalisateur des faits déjà jugés et pardonnés par la victime.
L’exemple n’est pas unique. Des réprimandes, des dénonciations, des délations, des appels au boycott fondés non sur des mises en examen mais sur des accusations sont publiés et diffusées ad libitum. Des patronymes connus et inconnus sont jetés en pâture du jugement collectif et arbitraire.
Cette situation pose deux questions essentielles: la dénonciation et la sélection.
La dénonciation
Dénoncer des faits est constructif, dénoncer des personnes est destructif.
Ces accusations posent plusieurs difficultés. Elles ne sont pas suivis de contradictoire. Les accusés ne peuvent se défendre ni prouver leur éventuelle innocence. Elles constituent parfois des diffamations à l’égard des accusés.
Des noms privés et publics font la une du numérique puis des médias généraux au titre de l’anti-sexisme. La prévention et la répression des souffrances infligées par le sexisme sont légitimes et nécessaires à la paix civile.
Mais il est surprenant que les méthodes de dénonciations-délations-accusations ne concernent que les actes sexistes à l’exclusion de tout autre acte de ségrégation principalement raciste et antisémites.
La sélection
C’est alors qu’intervient la sélection, à l’initiative de l’accusation et à l’examen des accusations proférées.
Des auteurs violemment antisémites sont célébrés, adulés, présentés dans les media comme s’ils étaient exonérés des fautes qu’ils avaient commises et des souffrances qu’ils avaient infligées à leurs victimes désignées en raison de leur confession juive. La liste est longue. Prenons seulement deux exemples.
En France, Céline a rédigé dans ses ouvrages des appels à la haine et au génocide des Juifs. Il a justifié par écrit son association avec le régime de collaboration dit de Vichy, etc).
En Roumanie, Cioran a rédigé son admiration des ligues fascistes roumaines, du régime nazi, des mesures antisémites, etc (« Transfiguration de la Roumanie »1936, etc).
A l’exception de leurs écrits outrageants, la diffusion de leurs œuvres n’est pas mise en cause. Les commentaires dithyrambiques qui sont attachés au reste de leurs écrits et de leurs pensées ne sont nullement dénoncés. Aucun boycott général et populaire n’est décrété. Aucune accusation n’est formulée. Au contraire, leurs œuvres, expurgées de leurs immondices, est adulée, présentée, célébrée dans les media.
Les accusations portées contre des auteurs accusés de sexisme entraînent la désapprobation générale, médiatique, politique et sociale. Elles revendiquent, obtiennent, imposent avec plus ou moins de succès la nécessité du boycott de l’ensemble de l’œuvre de l’accusé par le tribunal populaire.
Les faits antisémites relèvent du même type de délit que les faits sexistes. Ils ne bénéficient pas du même traitement, des mêmes tribunes et tribunaux populaires que les faits sexistes. Ils sont souvent déboutés par les juridictions! Le boycott général des auteurs, acteurs sexistes n’est pas invoqué contre les auteurs antisémites.
L’absence de défense des accusés et l’absence de débat contradictoire constituent l’essence du tribunal populaire. Celui-ci consacre l’iniquité des méthodes usitées à l’encontre des accusés privés de défense.
L’antisexisme des créateurs est combattu par tous les moyens légaux et illégaux. L’antisémitisme de créateurs est combattu avec des moyens moindres et limités à la légalité judiciaire et républicaine.
L’absence de débat contradictoire, l’appel au boycott, la différence de traitement entre la lutte contre le sexisme et la lutte contre l’antisémitisme, tels sont les paramètres injustes qui s’affichent dans les media numériques et traditionnels en France.
Pierre Saba
Les pseudo-féministes en question ne font rien pour aider Mila victime d’insultes sexistes et de menaces de mort ou de viol. Elles sont par conséquent définitivement disqualifiées et n’ont aucune crédibilité. Il faut mettre en parallèle ces deux affaires et l’on se rend compte que les vraies féministes, celles qui luttent vraiment contre les violences faites aux femmes, ne participent pas à cette cabale nauséabonde. Polanski est un bouc émissaire dans une société ayant perdu tous ses repères moraux et intellectuels.
Ces démonstrations hystériques ne grandissent pas leurs auteurs et les Foresti et Darroussin si petits devant le génie de Polansky! C’est une instrumentalisation d’un événement juste pour faire avancer leur « cause » mais elles n’iront pas s’attaquer aux prédateurs des pauvres filles exploitées dans les tournantes des cités ni dénoncer les réseaux de prostitution de gamines par les pakistanais au Royaume Uni! Tellement facile et jouissif de « se faire »Polansky ! Et c’est un chef-d’œuvre d’un événement de l’histoire qui en fait les frais !
Totalement d’accord avec vous Myriam. Et Caroline Fourest quoique moins haineuse a écrit sur tweeter qu’elle avait beaucoup apprécié l »humour » (les guillemets sont de rigueur entre nous) de la comique de prisunic…En revanche les authentiques féministes Zineb El Rhazoui, Céline Pina et Elizabeth badinter (trois grandes dames) ont dignement refusé de cautionner cet odieux lynchage.