Un livre-enquête d’une journaliste de l’AFP dévoile les dessous d’un éventuel “clientélisme” dans la ville de Bobigny, mettant en cause notamment Jean-Christophe Lagarde.
C’est un livre-choc que publie la journaliste de l’AFP, Eve Szeffel. Le 19 février prochain sortira son livre « Le Maire et les barbares », dont Le Point s’est procuré les bonnes feuilles.
Un personnage central apparaît en trame de fond de cette enquête : l’ancien maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), Jean-Christophe Lagarde. La journaliste y explique comment, selon elle, le député a réussi à chasser les communistes implantés depuis des années, au profit d’élus UDI, et ce en multipliant des alliances étranges notamment avec des islamistes ou des gens condamnés par la justice. Un « clientélisme » pour la journaliste qui s’est développé au cours des années.
Dans son livre, Eve Szeffel décrit d’abord le double visage de Jean-Christophe Lagarde qui, dit-elle, a « multiplié les prises de position contre le communautarisme et l’islamisme », tout en rappelant ses propos sur « l’omniprésence religieuse » comparant le « voile islamique » à une « camisole ».
Et de montrer l’ambivalence entre ses propos tenus publiquement et ses actes. En 2014 par exemple, il avait soutenu publiquement la liste « Rendez-nous Bobigny », une liste « où le voile islamique tenait le haut de l’affiche » et se retrouvait même sur une carte de vœux, peut-on lire dans Le Point.
En décembre 2018, il avait aussi signé une proposition de résolution LREM visant « à élargir la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme » selon la journaliste. Autre élément pointé du doigt dans l’ouvrage, l’installation d’une certaine propagande dans la mairie de Bobigny par certains employés. Échanges de mails à l’appui, des formules religio-identitaires seraient devenues « la norme » dans la mairie, ajoute-t-elle.
L’ombre du gang des barbares
Mais surtout, elle dénonce « l’ombre du gang des barbares » sur la ville. Ainsi, la chargée de missions « politiques urbaines et sociales », Lynda Benakouche, occupe alors une position centrale à Bobigny, nous apprend Le Point. Or, un scandale avait éclaté autour de cette femme parce qu’elle était la compagne d’un des membres du gang des barbares, ce groupe qui avait enlevé puis assassiné Ilan Halimi.
Pourtant, il apparaît selon elle que Jean-Christophe Lagarde soit resté silencieux autour de ce cas, posant même à ses côtés sur la carte de vœux de l’équipe de campagne. « Pourquoi est-il resté silencieux […] Pourquoi a-t-il pris le risque de voir son image flétrie ? Une ombre plane sur la ville », sous-entend la journaliste alors qu’à cette époque, un des hommes forts du gang des Barbares, Jean-Christophe Soumbou est prêt à sortir de prison. Il est le compagnon de cette femme.
Ajouté à cela certains emplois de complaisance, se dévoile un système où « l’exercice du pouvoir est devenu impossible », des élus étant « prisonniers du système qu’ils ont eux-mêmes instauré ».
Dans un droit de réponse apporté au Point, Jean-Christophe Lagarde nie être lié de près ou de loin à la ville de Bobigny, où il ne s’est rendu que « deux fois dans le bureau du maire ». Le député UDI justifie ensuite son choix de Stéphane Paoli pour le poste à Bobigny et n’avoir rencontré également qu’à deux reprises, Lynda Benakouche, la compagne de Jean-Christophe Soumbou. Il précise n’avoir « découvert qui était son conjoint qu’en 2014 ».
Sur l’enquête en elle-même l’accusant d’encourager le communautarisme, Jean-Christophe Lagarde se montre ferme dans Le Point : « Je ne peux pas être à la fois celui que l’extrême droite accuse d’avoir créé une mosquée à Drancy et celui que les salafistes accusent d’avoir prétendument « mis en place » M. Chalghoumi. On ne peut pas me reprocher d’avoir fondé un Mémorial pour la Shoah avec Simone Veil tout en me reprochant de tremper dans quoi que ce soit avec les salafistes. Mais il y a toujours des imbéciles pour croire aux manipulations, alors qu’il suffit de se pencher sur les faits ! »
Source: valeursactuelles.com 13 février 2020
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