Y a des morts, elles vous font juste une tristesse que vous ne sauriez décrire.
Quand Lanzmann ou Simone Veil tirent leur révérence, c’est une forme de deuil. Poignant. On se livre à leur bio.
Lorsque c’est un Coluche, un Gainsbourg, un Bashung, une Mireille Darc, une Claire Bretécher, on est un brin sonné : Quoi ? Mais pourquoi ils me font ça ?
Ils emportent avec eux, ceux-là, un bout de nous. Un petit quelque chose d’intime. On n’est pas d’accord.
Ça s’fait pas.
Elle, on n’avait même pas idée de l’âge qu’elle pouvait bien avoir. Son humour assassin, sa traque de nos tics, ses personnages un brin ridicules où tous, avec juste un zeste d’honnêteté, nous nous sommes un jour reconnus. Quadra. Lol. Quadras à vie, quoi. Femmes de Claire. Ados de Claire. Intellos bavards de Claire. Avachis et refaisant le monde au fond d’un canapé. Maos, trotskistes, lecteurs de Libé, écolos d’avant Greta: Bobos avant l’heure. Obsédés du jeunisme. Gauche-Caviar et tout ça. Elle les dessine … couards, laids, imbus d’eux-mêmes. Devant leur thé népalais, sinon rien.
Je parle toujours plus ou moins de moi-même, disait celle celle que Barthes qualifia de sociologue, et mes personnages se moquent beaucoup de mes propres travers.
Claire, vos albums ont chez moi une place somptueuse : ils règnent dans les Toilettes. Côtoyant Jabès et autres pépites.
Superbement écrit. Oh combien nous la regrettons
Claire Bretécher elle nous a fait rire toutes les semaines aux dépens d’ailleurs des lecteurs ordinaires de l ´ Observateur , les snobservateurs!