Donald Trump a dévoilé son plan de paix fondé sur une «solution à deux États». Gilles-William Goldnadel regrette que la critique unanime des pays européens n’ait pas davantage souligné à quel point l’antisémitisme palestinien contribue à bloquer la situation du Proche-Orient
Ce regard oblique des médias français sur le conflit israélo-palestinien
Mes yeux s’étant accommodés depuis des lustres à un certain regard oblique des médias français sur le conflit israélo-palestinien, je ne demandais pas à lire dans les journaux hexagonaux sur le plan de paix américain des articles horizontaux. Je ne demandais pas à ce qu’un seul observateur fasse observer que s’il était effectif que le président des États-Unis honni soit du côté israélien, nul ne s’était ému quand les présidents Carter et Obama avaient durant leur mandat et après versés dans le versant palestinien.
Même chose concernant l’institution européenne. Pire encore, concernant l’Organisation des Nations Unies censée favoriser un règlement et qui aura consacré 90 % de ses condamnations à un seul État démocratique, loin d’être le pire, Ivan Rioufol rappelant dans son dernier opus cette récente résolution approuvée par la France de l’actuel président: «l’occupation israélienne est un obstacle majeur pour les femmes et les filles palestiniennes dans la réalisation de leurs droits» (Les Traitres éditions Pierre Guillaume De Roux, 2020).
N’ayant jamais eu la religion des territoires, ayant applaudi avec une candeur que je regrette aujourd’hui aux accords d’Oslo, je ne m’en prendrais certainement pas à ceux qui considèrent que le maintien des implantations hors cette vallée du Jourdain indispensable à la sécurité et peu peuplée d’Arabes palestiniens favorise une situation réaliste pour ceux qui, comme moi, sont favorables à deux États. Dans ma résignation, je n’espérais même pas qu’on fasse s’exprimer d’autres Israéliens que les opposants farouches à leur actuel premier ministre. Ce qui fut très exactement le cas.L’ensemble de la communauté médiatique française montre une absence de sens critique totale et absolue à l’égard de la partie palestinienne.
Donald Trump, « faux ami d’Israël»
Mon inclinaison vers l’humour me fit prendre avec bonne humeur cet article d’un journal qui présentait Donald Trump «comme un faux ami d’Israël». Venant d’un quotidien du soir ayant commis un éditorial crépusculaire appelant à voter pour l’antisioniste doublé d’antisémite Corbyn contre Johnson, les conseils en matière de philosémitisme me faisaient doucement sourire.
Mais en dépit de cette accoutumance confessée, j’avoue ne pouvoir me résigner tout à fait à ce que l’ensemble de la communauté médiatique française fasse montre d’une absence de sens critique totale et absolue à l’égard de la partie palestinienne inversement proportionnelle à celui qu’elle a acéré envers la partie israélienne.
En dépit de mes habitudes, j’aurais espéré qu’un seul ait seulement la curiosité intellectuelle, à défaut d’un esprit d’équité, de s’interroger sur la responsabilité de l’islamo-nationalisme palestinien qui fait qu’aujourd’hui il ait réussi à lasser jusqu’à une bonne partie du monde arabe en raison de son irrédentisme absolu et de son refus de tout compromis territorial et politique.
Une certaine … cécité intellectuelle
Mais pour cause d’une cécité intellectuelle que j’ai toujours regardée tenir davantage de la détestation idéologique de l’État-nation occidental plutôt que de l’antisémitisme, nul n’aura rappelé en ce moment crucial combien le nationalisme palestinien, qui avait pourtant sur le fond un excellent dossier et une incontestable légitimité, aura gâché systématiquement toutes les opportunités. Les livres scolaires de l’Autorité Palestinienne contiennent toujours des appels à la haine du juif et d’Israël.
Que ce nationalisme arabe largement mâtiné d’islamisme aura collaboré pendant la Deuxième Guerre Mondiale avec l’Allemagne hitlérienne aux fins d’obtenir l’extermination de la communauté juive palestinienne. Sans jamais depuis le regretter, il est vrai que nul ne lui demandait. Qu’il n’a jamais renoncé à un antisémitisme foncier. Je n’évoque pas seulement le Hamas, je parle du président Abbas, auteur d’une thèse négationniste lors de ses études en Russie, et dont l’ancien correspondant du Figaro à Jérusalem confessait que les journalistes avaient fermé les yeux sur sa détestation des juifs pour des raisons «pragmatiques» que je n’ai pas bien comprises. Que les livres scolaires de l’Autorité Palestinienne contiennent toujours des appels à la haine du juif et d’Israël. Nul ne lui en demande jamais vraiment raison. Que cette Autorité continue de verser des subsides aux familles des terroristes. Terrorisme, ce principal attribut original du nationalisme palestinien, utilisé lors des accords d’Oslo par le Hamas et toléré par un Yasser Arafat n’ayant jamais renoncé, à l’instar de l’ensemble de l’appareil politique palestinien, à une Palestine arabe et musulmane sur l’ensemble du territoire disputé soit par la guerre, soit à défaut de pouvoir la gagner, par la patience madrée. Terrorisme indirectement subventionné par la Communauté Européenne puisqu’on apprenait, notamment par une enquête du site info équitable.org, que plusieurs ONG affiliées au Front Palestinien de Libération de la Palestine (considéré comme terroriste par l’Union Européenne) reçoivent des subsides de celle-ci, donc de l’argent de ses contribuables. Que si les gazettes font justement leur délice des misères d’une démocratie israélienne dévoyée par un mode de recrutement électoral démentiel et des déboires judiciaires de leur premier ministre, elles restent mutiques sur une Autorité Palestinienne gangrenée par la corruption et l’autocratie. Que ce nationalisme arabe palestinien n’a toujours pas renoncé à son refus obstiné mais logique de reconnaître Israël comme État du peuple juif, comme donc à sa prétention de vouloir faire retourner les enfants des enfants de ceux qui sont partis ou ont été chassés par une guerre déclenchée par celui-ci, sur le territoire israélien, ce qui équivaut par voie de conséquence à détruire cet état par la démographie.
À ce sujet, on notera sans étonnement, que l’une des dispositions du plan de paix américain proposé et tant vilipendé qui prévoit de voir indemnisés non seulement les réfugiés Arabes de Palestine mais encore le million de juifs des pays arabes chassés lors de la création d’Israël, a été passée sous silence par la classe médiatique européenne. Il s’agit à n’en pas douter d’une proposition favorable à la partie juive. Sans doute par parti pris, je n’arrive pas à la trouver critiquable.
C’est toujours dans ce cadre irrédentiste que l’Autorité Palestinienne a refusé de prendre part aux négociations avec la partie américaine
Qu’enfin, et peut-être surtout, compte tenu de ce qui précède, les représentants du peuple palestinien n’ont jamais accepté les propositions, autrement plus alléchantes, qui leur furent faites dans le passé, à un moment où les implantations juives n’étaient pas, à mon regret, aussi développées, en ce compris celles d’Ehud Barak le 25 juillet 2000, proposant 94 % des territoires contestés et Jérusalem partagée. Nul au sein du monde médiatique français ne trouva mot à dire ou question à poser.
C’est toujours dans ce cadre irrédentiste que l’Autorité Palestinienne a refusé de prendre part aux négociations avec la partie américaine. Ne serait-ce que pour écouter. On peut imaginer que sa présence lui aurait permis d’obtenir davantage que ce qui est aujourd’hui proposé.
J’espère qu’on me croira: cet esprit critique à géométrie variable me gêne moins par son injustice unilatérale à laquelle j’ai dit m’être résignée que par le fait qu’il n’a pu exercer sur la partie arabe palestinienne la pression minimale qui lui aurait permis peut-être d’évoluer. Manifestement, ce strabisme intellectuel et moral n’aura rendu service ni à la Palestine, ni à Israël ni à la paix.
Source: FIGAROVOX/TRIBUNE . 4 février 2020.
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a notamment publié Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée. Plon. 2018.
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