C’est arrivé près de chez vous. Mila. Retenez ce prénom, il témoignera de l’avenir de la liberté d’expression dans notre société. Mila est une jeune et belle adolescente française de 16 ans qui a des rêves de chanteuse. Son homosexualité qu’elle affiche fièrement lui vaut d’être harcelée sur les réseaux sociaux.
Les insultes s’habillent de la langue de la religion
Rapidement, les insultes s’habillent de la langue de la religion, singulièrement celle d’un islam outragé par la revendication décomplexée d’une sexualité “déviante”.
Dans une vidéo, elle répond alors à leurs auteurs qu’elle n’aime pas la religion, toutes les religions, l’islam en particulier puisque c’est en son nom qu’on lui promet les feux de l’enfer: “Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir.” Et aussi, “Vous m’insultez, vous me menacez de mort, vous êtes bons qu’à ça, vous avez pas d’éducation, vous êtes nuls, vous servez à rien.”
On pourrait objecter que le Sage se garde de se moquer ou d’injurier une autre confession que la sienne et, aussi, que ça manque un peu d’élégance dans l’expression mais, bon, chacun sait que les réseaux sociaux ne sont pas un rendez-vous d’esthètes à la recherche d’une langue perdue. Et puis dire son fait à des petites frappes n’oblige-t-il pas parfois à emprunter la leur pour avoir une chance de stimuler leurs cerveaux atrophiés?
L’important, ce sont les milliers de menaces de mort et de viol
Mais là n’est pas l’important. L’important, ce sont les milliers de menaces de mort et de viol qui suivent la vidéo de l’adolescente et les dizaines de milliers de ces petits pouces levés en signe d’approbation.
L’important, c’est aussi qu’on ait dû sans attendre se résoudre à retirer Mila de son lycée et la plonger dans la clandestinité, après que le nom de celui-ci eût été révélé.
L’important, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux et effrontés ceux qui, au sein de nos sociétés, exigent de criminaliser le blasphème et qui, indignés de ce droit -garant de la liberté d’expression- à moquer, critiquer voire insulter les religions, menacent de punir de mort tout celui qui s’en prévaut.
L’important enfin, c’est que ces appels au viol et au meurtre sont loin, très loin, de susciter la même vague de colère et d’indignation que celle qu’avait provoqué l’assassinat, le 7 janvier 2015, des journalistes de Charlie Hebdo pour avoir usé de ce même droit au blasphème. Les frères Kouachi sont passés par là et seules quelques voix s’alarment désormais de ce que des milliers d’individus n’aient même plus à craindre d’appeler à la mort d’une “mécréante” qui ose s’y risquer cinq ans plus tard, et que d’autres, plus nombreux encore, qui se réclament aussi de l’islam jugent que c’est une sanction à la mesure de la faute.
Mila, ou comment une religion perd toute prétention au respect
Dans les mots d’Abdallah Zekri, délégué général du Conseil Français du Culte Musulman, “celui qui sème le vent récolte la tempête, elle l’a cherché, elle assume”. Comme si une religion, toute religion, ne perdait pas toute prétention au respect du moment qu’elle pose que la mort d’une jeune fille répare justement l’injure qu’elle lui a fait…
Reste, terrible constat, qu’ils étaient des millions à dire “Je suis Charlie“, et qu’il n’en reste qu’une poignée seulement pour dire “Je suis Mila“.
Car pour faire contrepoint à ceux qui parlent et s’indignent encore en dépit de la lassitude, de la résignation ou, oui, de la peur, il y a la frilosité de ceux qui devraient parler, crier, hurler de rage.
Celle des “progressistes” écartelés entre la solidarité avec une adolescente “bien de chez nous” et la stigmatisation des “nouveaux damnés de la terre”. C’est que, prévient Marlène Schiappa, “la récupération politique de l’extrême-droite est odieuse”;
La frilosité aussi des féministes et des organisations de défense des LGBT. Celle des représentants de l’islam qui hurlent au loup “islamophobe” mais ne voient ni n’entendent rien de ceux en son sein -pas tous des fichés S- qui nourrissent la phobie et le rejet de l’islam.
Celle encore du gouvernement qui fait écho à l’incapacité des autorités britanniques de dénoncer des affaires de pédophilie et de prostitution à grande échelle parce que les criminels n’étaient ni blancs, ni riches, ni puissants mais d’“origine asiatique”, traduisez, Pakistanais.
Celle enfin du Président de la République qui, à l’occasion de ses derniers vœux à la presse, défendait pourtant liberté de presse et d’expression, dont la liberté de blasphème.
Qui, dans ces conditions, s’étonnera de l’ouverture par le parquet de deux enquêtes, l’une qui vise les auteurs des menaces et l’autre, la victime de ces menaces, pour…”provocation à la haine raciale”?…
Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles- FM 90.2
https://radiojudaica.be/podcasts/details/5e2f17ea0100006ef09d1d40/-cherchez-lerreur-s16-ep21
Les lundis de 17 à 18 heures: “Cherchez l’erreur“)
Poster un Commentaire