Frédéric Sroussi. Pour Hitler, la guerre était un moyen et l’extermination des Juifs une fin

 

Tous les historiens s’accordent à dire que dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler avait en tête la conquête militaire de l’Europe ( pour commencer) afin d’accomplir la «destinée raciale» (sic) du programme national-socialiste, c’est-à-dire :« L’anéantissement de la race juive en Europe .» ( Adolphe Hitler ) 

Discours d’ Adolphe Hitler au Reichstag, 30 janvier 1939 : « Aujourd’hui, je serai encore un prophète : si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la Bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race juive en Europe

N’étant jamais mieux servi que par soi-même, le pire monstre que l’ (in)humanité ait engendré savait qu’il avait préparé pendant six ans sa Wehrmacht et ses divisions SS à réaliser son projet de ”vampire métaphysicien” (V. Jankélévitch).

La provocation allemande nommée Opération Himmler (31 août 1939) était donc destinée à précipiter la «prophétie » d’ Hitler.

Souvenons-nous que la Pologne était alors le centre du judaïsme européen avec ses 3 millions de Juifs (plus de 90 % d’entre eux périrent pendant la Shoah ! ). Ce n’est donc pas par hasard que Hitler choisit de conquérir la Pologne qui devint «d’emblée le laboratoire de la «solution finale» ». (Histoire universelle des Juifs, Atlas Hachette) Il faut, pour comprendre l’hitlérisme (en plus de la lecture de Mein Kampf et des écrits d’Alfred Rosenberg), se pencher sur les idéologues du nazisme que furent les dirigeants de la SS.  .

Ainsi, comme le dit Johann Chapoutot,historien français spécialiste du nazisme et de l’ hitlérisme (il fait une distinction entre les deux) : « Il existe dès les années 1930 des plans d’aménagement du territoire et de colonisation pour l’est de l’Europe, de la Pologne jusqu’à l’Oural, et de la Baltique jusqu’à la Crimée. On prévoit que les territoires seront colonisés par des paysans germaniques, avec des slaves réduits en esclavage et des Juifs totalement anéantis. Tout est planifié par des institutions de la SS comme l’ Office central de la race et de la colonisation ou, plus tard, le Commissariat du Reich pour le renforcement de la race germanique.» (Geohistoire d’avril-mai 2016)


Johann Chapoutot, historien spécialiste d’histoire contemporaine et du nazisme.

Oui, la guerre provoquée par Hitler fut le moyen pour aboutir au but suprême du nazisme : l’ annihilation du peuple juif et l’asservissement des peuples slaves.

C’est pour cela qu’ en 1944, comme le dit encore l’expert de la Shoah Robert Jan Van Pelt (professeur d’histoire de l’ Université de Waterloo), alors que tous les dirigeants nazis savaient que la guerre était perdue, l’extermination des Juifs s’accéléra encore plus car si «la guerre militaire était perdue, la guerre contre les Juifs pouvait continuer et c’ était le plus important ». Jan Van Pelt parlant alors « d’un crime que le monde n’avait jamais connu ».


Robert Jan Van Pelt, l’un des plus grands experts mondiaux sur Auschwitz

Le très célèbre historien Sir Ian Kershaw quant à lui explique : « C’(était) une guerre d’un genre différent des précédentes, y compris de la 1ere Guerre mondiale, parce qu’elle portait le génocide en elle. Nous avons là le début d’un effondrement de la civilisation comme le monde n’en avait jamais connu (…).» 

Sir Ian Kershaw, l’un des plus grands experts du monde sur Adolf Hitler et l’Allemagne nazie

La passion folle de l’ antisémitisme mena le monde entier au chaos, et c’est pour cela que Jean-Paul Sartre écrivit dans son célébrissime Réflexions sur la question juive que l’ antisémitisme «nous intéresse tous directement […], puisque l’antisémitisme conduit tout droit au national-socialisme».

Nous pourrions ajouter que l’antisionisme a aussi engendré le djihadisme global qui s’est propagé à toute la planète depuis des décennies.

La Shoah, le pire crime de l’histoire, tant sur le plan factuel que sur le plan ontologique, et son symbole Auschwitz doivent rappeler à tous que par sa déraison absolue l’ antisémitisme  mène toute la civilisation dans un gouffre dont il est impossible de ressortir indemne. Comme l’a dit le philosophe Jean-Luc Nancy : « Le monde qui a fait Auschwitz est toujours notre monde

Jean-Luc Nancy

 Frédéric Sroussi est journaliste-essayiste. Il a dédié ce texte est dédié à la mémoire de François et Olga Sroussi, déportés de Drancy par le convoi 67 et exterminés à Auschwitz en 1944.     

Frédéric Sroussi

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