En dehors des grands événements de cette saison (Edward Hopper à la Fondation Beyeler de Bâle, Jan Van Eyck à Gand, Raphaël à Rome et à Chantilly, l’art olmèque au Musée du Quai-Branly, Matisse à Beaubourg…), d’autres expositions, plus inattendues, méritent aussi un coup de cœur…
Les Danois débarquent !
XIXe siècle. C’est une figure originale que s’apprête à dévoiler le Musée Bourdelle, à Paris : le sculpteur et céramiste danois Niels Hansen Jacobsen, actif à Paris à la fin du XIXe siècle, voisin de Jean Carriès, dont il partage l’inspiration symboliste et fantasque (du 29 janvier au 31 mai). Le Petit Palais prolongera ce voyage dans l’art danois du XIXe siècle avec 200 peintures prêtées par les grands musées du pays. Des œuvres qui, loin de nos sujets académiques, accordent une large place à la nature, la vie quotidienne ou la famille (du 28 avril au 16 août).
« Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un Danois à Paris » au Musée Bourdelle et « L’âge d’or de la peinture danoise (1801-1864) » au Petit Palais.
Et aussi : « James Tissot, l’ambigu moderne » au Musée d’Orsay (du 24 mars au 19 juillet) et « Les villes ardentes. Art, travail, révoltes, 1870-1914 » au Musée des beaux-arts de Caen (du 4 avril au 20 septembre).
La Renaissance en fête
Art ancien. Après une remarquable exposition sur la sculpture florentine du début du Quattrocento, le Louvre racontera la suite de cette révolution esthétique, pleine de mouvement et de sensibilité, en partant de Donatello pour arriver à Michel-Ange (du 6 mai au 17 août). Parallèlement, il célébrera Altdorfer, grande figure de la Renaissance germanique et peintre de paysages cosmiques (du 23 avril au 3 août).
« Le corps et l’âme. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » et « Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande », au Louvre.
Et aussi : la grande rétrospective consacrée à « Hans Baldung Grien, sacré/profane » au Musée des beaux-arts de Karlsruhe en Allemagne (jusqu’au 8 mars).
Le folklore, source des avant-garde
Art moderne. Les plasticiens, comme les musiciens modernes, se sont passionnés pour l’art populaire. Conscients que ces traditions risquaient de disparaître et désireux de rafraîchir leur inspiration à leur contact. Des Nabis en Bretagne en passant par Kandinsky et Gontcharova en Russie jusqu’à des artistes contemporains comme Jeremy Deller ou Bertille Bak, le Centre Pompidou-Metz (du 21 mars au 21 septembre), avant le Mucem à Marseille (du 21 octobre 2020 au 22 février 2021), explore ces liens parfois ambigus, la défense du folklore ayant été aussi instrumentalisée par les nationalismes.
« Folklore » au Centre Pompidou-Metz puis au Mucem.
Et aussi : « Victor Brauner », autre artiste mêlant motifs et couleurs du folklore à de mystérieux signes très personnels. Le surréaliste roumain sera à l’affiche du Musée d’art moderne de Paris (du 24 avril au 16 août).
Le monde lunaire de Sarah Moon
Photographie. Elle a commencé comme mannequin, s’est emparée d’un appareil photo pour dépanner une collègue et ne l’a plus quitté depuis. Ses images de mode, notamment pour Cacharel, nimbées de floue et de poésie, l’ont rendue célèbre mais le public ignore souvent ses courts métrages inspirés de contes, ses surprenantes photos de Paris ou de la nature… Il était temps de consacrer à cette merveilleuse septuagénaire une rétrospective en France, au Musée d’art moderne de Paris (du 24 avril au 16 août). Un hommage y sera aussi rendu à son mari l’éditeur Robert Delpire, disparu en 2017.
Autre photographe de mode, plus inattendu, Man Ray sera exposé au Musée du Luxembourg (du 9 avril au 26 juillet). La Fondation Vuitton réunira, elle, les célèbres autoportraits grimés de Cindy Sherman parodiant les archétypes de la société américaine (du 1er avril au 24 août).
« Sarah Moon. Passé présent » au Musée d’art moderne de Paris, « Man Ray et la mode » au Musée du Luxembourg et « Cindy Sherman » à la Fondation Vuitton.
Et aussi : « Jean-Philippe Charbonnier. Photographe de la famille des hommes » au Pavillon populaire de Montpellier (du 5 février au 19 avril).
Alice Neel, portraitiste engagée
Peinture moderne. Après la Fondation Van Gogh à Arles en 2017, le Centre Pompidou rendra hommage (du 10 juin au 24 août) aux formidables portraits de l’Américaine Alice Neel, décédée en 1984. Formée au style réaliste de l’Ash Can School, cette féministe, sympathisante communiste, a milité par sa peinture contre toutes les ségrégations sociales, raciales ou sexuelles. Ses nus féminins, ses portraits d’écrivains noirs ou de jeunes voyous bouleversent par leur empathie, leur vérité sans fard. « Alice Neel. Un regard engagé » au Centre Pompidou.
William Kentridge, dessinateur et scénographe
Art contemporain. Depuis plus de quarante ans, le Sud-Africain William Kentridge, fils de l’avocat de Nelson Mandela, témoigne dans ses films d’animation, ses dessins au fusain et ses décors pour la scène de l’histoire tragique de son pays, comme de ses angoisses d’artiste, entre dérision et utopie. Consacré par de nombreux prix à l’étranger, le voici enfin célébré en France par une grande rétrospective au Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut (LaM) à Villeneuve-d’Ascq (du 5 février au 5 juillet) qui explorera les sources et toute la diversité de la création de cet homme passionné par le cinéma le théâtre et l’opéra. « William Kentridge. Un poème qui n’est pas le nôtre », au Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut (LaM).
Et aussi : Autre plasticienne scénographe, « Ulla von Brandenburg » sera l’invitée du Palais de Tokyo à Paris (du 21 février au 17 mai), tandis que Christo bénéficiera d’une exposition au Centre Pompidou, « Christo et Jeanne Claude. Paris ! » (du 18 mars au 15 juin), avant d’emballer l’Arc de Triomphe en septembre.
Un bouquet de nouveaux musées
Musées. Dès le 31 janvier, la collectionneuse agnès b. inaugurera sa « Fab », place Jean-Michel-Basquiat (Paris 13e). Un espace de 1 400 m2 qui accueillera des expositions, sa « galerie du jour » et une librairie. Au printemps, la capitale retrouvera aussi son Musée Carnavalet historique après une vaste rénovation, ainsi que le Palais Galliera qui exposera la mode de Gabrielle Chanel (du 4 avril au 13 septembre). Enfin mi-juin, la collection François Pinault fera son grand retour à Paris dans l’ancienne Bourse de commerce.
En région aussi…
En régions, après la réouverture le 15 février du joli Musée Pincé à Angers et de la Villa Majorelle à Nancy, joyau d’art nouveau signé Henri Sauvage, on attend avec impatience de découvrir le 1er mars le Musée de Picardie à Amiens, agrandi, rénové et ses riches collections. À Deauville, l’ancien couvent des franciscaines – 6 000 m2 métamorphosés par Alain Moatti – dévoilera, avant l’été, son musée, son auditorium, ses salles d’exposition temporaires et de lecture.
Sabine Gignoux est journaliste à La Croix
Source: La Croix 14 janvier 2020.
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