D’abord, une pensée émue à Hélène LEVY, ses enfants Esty et Chmouel résidant à Strasbourg et aux dix autres enfants et aux petits enfants de Chalom LEVY.
L’opinion publique nationale et les institutions juives s’émeuvent avec raison de l’irresponsabilité pénale qui vient d’être prononcée par la justice pour l’assassin de Sarah HALIMI.

Mais à Strasbourg une irresponsabilité pénale peut-être plus choquante encore, si cela est possible, a été prononcée par la Justice pour l’agresseur de Chalom LEVY. Cette irresponsabilité est plus choquante parce-que Chalom LEVY, de mémoire bénie, qui vient de mourir sans doute des suites de ses blessures à l’âge de 65 ans était le deuxième homme Juif poignardé dans la rue à Strasbourg par le même criminel islamiste.
C’est au cri d’Allah aoukbar que l’agresseur s’est précipité le 19 août 2016 vers 11 h devant le 75 avenue des Vosges à Strasbourg sur « un homme de confession juive apparente » dit la justice. Chalom LEVY quant à lui avait, toujours guidé par son altruisme crié pour les passants « attention, attention il a un couteau ». L’auteur des faits était interpellé après la fuite éperdue de Chalom LEVY et l’intervention de plusieurs témoins. Un couteau avec une lame de 12 cm était retrouvé posé sur une borne.
Chalom LEVY était hospitalisé avec une hémorragie au foie et son pronostic vital était dans un premier temps engagé.
Aux témoins l’agresseur disait qu’il avait des problèmes avec les Juifs et voulait en terminer.
Le beau frère de l’agresseur chez qui il résidait expliquait aux enquêteurs que l’agresseur avait un sentiment de haine envers la communauté juive, qu’il estimait avoir tout perdu suite à un différend avec un médecin présentant un patronyme à consonance juive il y a une quinzaine d’années et toute sa famille confirmait la haine viscérale du mis en cause à l’égard de la communauté juive. Il était également établi qu’il avait approuvé les attentats du Bataclan et voulait enfiler une ceinture d’explosifs.
Des recherches sur l’absorption de produits stupéfiants ou alcool étaient faites : il n’y en avait pas.
L’expertise médico-légale de Chalom LEVY avait noté une évolution de son état lentement favorable. L’expertise psychologique établissait une tristesse, un repli sur soi tout en reconnaissant que Chalom LEVY était « un homme intelligent et clairvoyant dont le courage ne doit pas dissimuler l’intensité des symptômes qu’il préfère minimiser ».
Néanmoins Chalom LEVY ne sortait plus ou que très peu et avec un gilet de protection.
L’état de santé de Chalom LEVY s’est ensuite détérioré lourdement jusqu’à sa mort récente alors que c’était une force de la nature et qu’il n’était pas âgé.
Devant les enquêteurs l’auteur des faits reconnaissait s’être muni d’un couteau et avoir cherché la matinée des faits un Juif au hasard. Il indiquait également l’avoir frappé au niveau du plexus pour le blesser ou le tuer.
Il savait que la personne était juive en raison de son apparence, il affirmait ne pas avoir d’appartenance à un groupe terroriste mais « s’être senti obligé de crier Allah ouakbar au moment où il portait le coup de couteau à la victime ». L’auteur revendiquait avoir tout prémédité.
Nous n’ergoterons par ici sur les expertises psychologiques et psychiatriques ayant conduit à l’arrêt du 12 septembre 2019 reconnaissant l’irresponsabilité pénale.
Ce qui rend cette décision particulièrement insupportable c’est que le casier judiciaire de l’auteur des faits comporte plusieurs condamnations c’est à dire que pour les autres faits pénaux nul ne le reconnait irresponsable et au contraire il est jugé comme tout autre justiciable et a été à plusieurs reprises en prison.
Ce qui rend également cette décision particulièrement insupportable c’est que le même criminel ait déjà été auparavant déclaré pénalement irresponsable par la même Cour le 15 décembre 2011 pour une tentative de meurtre à raison de la religion pour avoir en l’espèce poignardé à Strasbourg une personne de confession juive.
A noter d’ailleurs que cette irresponsabilité était doublée d’une interdiction de séjour de 10 ans à Strasbourg évidemment jamais respectée…
Comprenne qui pourra !
Le pire c’est que les juges ne peuvent rien à tous ces errements que je viens de décrire et qui ont conduit indirectement à la mort de Chalom LEVY.
Les juges sont là pour appliquer la loi et à partir du moment où ils nomment des experts cela veut dire évidemment que l’avis des experts doit être central dans leur décision.
Les terroristes le savent bien comme par exemple celui de Villejuif sorti pieds nus et en djellaba et criant à ses victimes qu’il était un psychopathe. Il n’a pas pu être déclaré irresponsable il est mort sur place après avoir fait plusieurs victimes.
C’est donc la loi qu’il faut changer. Si on veut éviter de créer une sorte de circonstance atténuante de terrorisme ou d’antisémitisme il faut protéger les victimes et aller à l’encontre des vocations djihadistes.
C’est très simple : la loi (Article 122-1 du Code pénal) doit prévoir que sont exclus de l’irresponsabilité pénale les crimes de haine et les actes de terrorisme.
Cette exclusion serait au surplus logique parce qu’un individu qui a la force de s’en prendre à autrui en raison d’un agenda terroriste ou islamiste n’est pas quelqu’un dont le discernement est totalement aboli.
Ce débat n’est pas que juridique, philosophique ou légal.
Ce débat est vital et très concret pour les Juifs de France et je souhaite que les institutions juives s’en saisissent.
C’est en réformant la loi qu’on rendra le plus bel hommage à Sarah HALIMI, à Chalom LEVY et à leur famille.
Raphaël Nisand
Chroniqueur le lundi matin 8H30 sur Radio Judaïca.