Respect du droit contre droit au respect. Illégalité désignée des uns contre légalité autoproclamée des autres. Droit international contre internationale du droit. Droit au service de la justice ou au service de lui-même?
De l’affaire Sarah Halimi à l’élimination du « puissant » général Soleimani, dont il serait utile justement de définir la « puissance », les esprits s’agitent et s’échauffent, s’écharpent souvent mais se rencontrent aussi parfois.
Et les deux camps du bien et du mal continuent à s’affronter: ceux qui se revendiquent du droit, national et international pour justifier leur position, leur réprobation et leurs condamnations, justifiant toute décision et toute action au nom de lois supposées être intouchables et indépassables par argument d’autorité juridique, considérant que le respect du droit et donc des lois passe avant la justice rendue par ces mêmes lois, et ceux qui pensent et considèrent que les lois sont faites pour être parfois contestées dans leur application lorsque le droit et les lois ne rendent ni ne servent la justice.
Les premiers sont convaincus de représenter le camp très raffiné du bien (progressiste), celui du droit et de la loi qui prévaudrait sur tout acte transgressif et les seconds sont désignés par les premiers comme appartenant au camp du mal, (conservateur) très primaire et en général composé de personnes qualifiées d’idiotes et/ou d’imbéciles, voire pire.
Traditionnellement le droit est censé encadrer les pulsions humaines en indiquant les limites au-delà desquelles tout individu ou état est déclaré hors la loi et donc condamnable. La signature des accords, contrats, chartes, repose sur ce qu’on appelle un rapport synallagmatique (du grec ancien « συνάλλαγμα » c’est-à-dire synallagma ou sunállagma , signifiant « mise en relation » ou « échange mutuel »), autrement dit une convention par laquelle les parties s’obligent réciproquement l’une envers l’autre.
Or, les juristes avisés savent parfaitement que les clauses de ces contrats sont discutables et interprétables en fonction des contextes, un peu comme le sont les textes talmudiques. Un avocat pugnace et expérimenté (plus encore si il est talmudiste) usera bien entendu de cette faculté d’interprétation des textes pour construire sa défense et nous savons tous que ceux qui parviennent à leurs fins sont ceux qui connaissent le mieux les articles de loi ou les clauses contractuelles.
Ceci s’applique autant dans l’affaire Sarah Halimi que dans la neutralisation du général iranien.
Il est à cet égard piquant d’entendre encore évoquer par certains le strict respect du droit en dépit d’une justice bafouée, comme si ce dernier était coulé dans le marbre des tables de la loi (dont la plupart sont d’ailleurs allègrement transgressées chaque jour).
Piquant aussi d’entendre ici et là ces experts en tout genre qui condamnent le président américain et lui taillant un costume de hors la loi, de cowboy, de justicier, voire de truand, de boutefeu, face à la clique des ayatollahs et des gardiens de la révolution, dont chacun sait qu’ils ne sont que les dignes représentants d’une théocratie sanguinaire qui exporte son idéologie mortifère en commanditant depuis 40 ans des meurtres et des attentats dans divers endroits du monde, notamment en France, au Liban, en Argentine, en Irak, en Syrie, et au Yemen. Et ceci sans que l’étendard du droit international n’ait été brandi avec autant de conviction par ceux qui aujourd’hui l’utilisent pour condamner un acte de justice brutale et expéditive somme toute bien mérité.
Ainsi, par un curieux renversement des valeurs, et au nom du droit et de la souveraineté des états, les juges deviennent des intouchables et les terroristes d’état des représentants officiels respectables pour les uns, des saints et des martyrs pour les autres. Décidément, le droit semble l’allié contemporain privilégié des abonnés au camp du bien. Il n’est par conséquent pas inutile de rappeler que le droit devrait, en principe, toujours être au service de la justice et non au service d’intérêts personnel, collectif, idéologique ou politique. Et que lorsque le droit est en faillite, il est légitime de s’en affranchir.
Michel Rosenzweig, philosophe de formation (histoire de la philosophie, ULB) et psychanalyste, s’intéresse à la géopolitique, et notamment aux enjeux relatifs à la montée de la nouvelle judéophobie inscrite dans l’idéologie de l’islam politique radical et conquérant. Il a, par ailleurs, travaillé dans le domaine de la recherche sur les psychotropes (drogues légales et illégales, médicaments) pendant de nombreuses années, en se spécialisant dans la gestion des consommations, des comportements à risques, des dépendances et des addictions, et a publié à ce sujet: Notamment Drogues et civilisations, une alliance ancestrale, préfacé par le Prof. Bernard Roques de l’Académie des Sciences de Paris, De Boeck Université, Paris Bruxelles, 2008.
Rosenzweig écrit pour Metula News Agency, Guysen news international et Causeur.
Des propos qu il serait bon de tenir a l encontre de Netanyahou