Ça pourrait n’être qu’une historiette. Une forme de fable. Ils étaient 3. Une Dame, Zineb El Rhazoui. Rescapée d’un carnage. Ce qui nous reste de Charlie et qu’elle porte haut et fort, comme pour donner un sens au fait qu’elle ait survécu. Mais surtout pour pré-venir. Elle parle de ce qu’elle sait. Le deuxième fut notre erreur collective : nous le fîmes Président, sous prétexte qu’entre la peste et le choléra… Pis, nous crûmes en les promesses de cette jeunesse inédite en politique.
Il nous conta fleurette mais en même temps nous prévint que de sa pensée complexe nous n’entendrions pas tout, mal équipés que nous étions : le bilan fut celui que chacun sait. Une France qu’il réussit à mettre encore plus bas que ses prédécesseurs.
A son actif, entre tant d’autres, des erreurs de casting. Du lourd. Du grave. Qui ne part pas au K2R.
Le 3ème, Yassine Belattar, en est un reste. Une de ces taches indélébiles. Un soi-disant humoriste que le sieur serait allé, aidé de moult conseillers, nous chercher pour le faire pénétrer au Palais. Lorsqu’on a sous la main une Chance pour la France, on la promeut. La hisse, en exemple.
La « Chance pour la France » parle au Pays
Qui savait ses talents d’humoriste ? Je faisais partie de ceux qui ignoraient jusqu’à son nom. Pourtant un soir, invité qu’il fut pour témoigner, délivrer son docte avis, porter en somme le jugement dernier sur ce qui venait de se dire lors d’une émission politique[1], L’émission politique menée par une Léa Salamé et un François Lenglet équipé de ses graphs, je ne fus sans doute pas la seule à rester ainsi, sidérée par les propos du bonhomme, son arrogance et son aplomb : La Bruyère en eût fait le plus juste portrait et je gage qu’il l’eût titré L’Imposteur.
A ce détail près que le garçon n’avait, comme d’autres du même acabit, forcé nulle porte du Palais et que sa faute s’en trouvait amoindrie : on était allé le quérir. Comme on alla quérir des Benalla et autres Ladj Ly, qui eurent le don d’émouvoir, que dis-je, bouleverser celui qui fait office de Président.
L’imposteur
L’imposteur donc, découvert lorsqu’il prit le micro tendu et débita un discours ubuesque sous les yeux ébaubis des uns et le regard attendri et respectueux des autres, – je parle de Clémentine Autain et ses pairs- osa, osa dire à la France, entre autres fadaises, que d’attentat le pays n’avait guère connu : lui appelait « ça » des faits isolés. Le Père Hamel égorgé au sein de son église ? Un fait isolé. Et tout à l’avenant. Y avait pas d’islam politique en France. Comme ça, sur le mode pépère, impunément, à une heure de grande écoute, t’avais ce zig qui déclarait que tous ces morts égorgés étaient des faits isolés. En rien prémédités. En rien organisés. Myriam. Arie. Jonathan. Sarah. Abel. Mohamed. Et tous les autres. Charb. Tous.
Ces femmes remarquables
Ce qui l’amena à l’époque à un échange violent avec Fatiha Boudjahlat qu’il menaça via tweeter d’un procès en diffamation. Lol. Mais encore dont il demanda le renvoi de l’Education nationale : ne venait-elle pas de rétorquer à ce guignol que l’islamisme était un nazisme. Et d’emprunter à Gilles Kepel le terme de dénégationnisme : Yassine Belattar était dans la dénégation permanente et militante face à l’entreprise terroriste islamiste.
Mais lui, ça lui a pas plu du tout cette affaire, alors ni une ni deux : il promit à la dangereuse donzelle un procès en diffamation et exigea … son renvoi de l’Education Nationale. LOL
Le nouveau chantre de la paix avait parlé. Son aplomb était confondant. La séquence valait son pesant de cacahuètes. Le voilà même, à un moment, endossant le costume de victime à laquelle on aurait confisqué, bande d’islamophobes qui me lisez, le mot Patrie, à lui, si fier de son drapeau. Sic. Le voilà encore qui nous servit que Valls lui avait confisqué son joujou, pardon le mot laïcité : Comme s’il l’avait déposé à l’INPI[2]! Et le voilà qui se mit à nous chanter, once more, le concours des quartiers. Lui il les connaissait. Et ces débats récurrents ? Ces musulmans stigmatisés. Voilà : c’était Yassine Belattar, celui qu’aussitôt, le Président s’empressa d’aller quérir, pendant que, dans un même élan, Les Inrocks saluaient le salutaire coup de gueule du benêt. Pardon : Libé l’avait, durant la campagne présidentielle, promu … agitateur.
Bref, Toi tu te demandais depuis quand exactement ils avaient pignon sur rue, les Dieudonné et autres comiques de la même engeance qui, se prenant pour des La Rochefoucauld, jouaient aux moralistes.
Lâches menaces de mort
Saigne-la sans pitié, tweetèrent alors ses amis à l’encontre de Fatiha Boudjahlat sous le post de Monsieur Belattar, pendant qu’une de mes amies écrivait à raison que le monde musulman avait un angle mort philosophique : la notion de responsabilité. Ils étaient les victimes de l’Occident. Toujours passifs, donc jamais responsables de leurs actes.
Je repensais aux mots de Malraux : Une culture ne meurt que de sa propre faiblesse. Mais encore au Manifeste censuré de Camus. Ce texte vibrant qui nous exhortait à rester libres. quoi qu’il en fût.
Nommé. Au Conseil présidentiel des villes
Pendant ce temps, ébloui par ce langage fleuri et cette réflexion sans pareille, notre Président, déjà entouré qu’il était de sortes de Grands frères au langage de racaille dès lors qu’ils ne se surveillaient plus, nomma le prétendu humoriste au … Conseil présidentiel des villes.
Notre gars se crut dès lors, investi qu’il était, tout permis. On le retrouva en mars 2019, après 48 heures de garde à vue, mis en examen pour harcèlement moral assorti de menaces de mort.
Le Z de Zorro: Lui, Trissotin du pauvre, signe … « Y »
Mais il ne se fit pas virer pour autant : C’est lui qui démissionna, par une lettre ouverte de laquelle on se demande encore qui la missive couvrit de ridicule : le boss auquel elle s’adressait, ou l’émetteur, lequel signa du désormais célèbre … Y…
Signature que notre Trissotin apposa après un plaidoyer contre le grand malheur de tous les musulmans français, victimes du racisme que l’on sait tous, mais encore une exhortation à … légaliser … lesdits musulmans avant que de s’occuper … du Cannabis.
Je ne mangerai pas de porc, je ne boirai pas d’alcool: Mais peu nous chaut, mon gars
Comme parti en croisade, le zig, lors du rassemblement contre l’islamophobie à Paris[3], avertit la France que les musulmans n’étaient pas dans un projet d’assimilation : Je ne mangerai pas de porc, je ne boirai pas d’alcool, avait-il cru-il nécessaire d’ajouter, comme si la chose lui avait été demandée, et concluant : La France doit s’habituer au fait que nous restons.
C’est donc en toute logique que, s’il s’en prit entre autres au Ministre de l’éducation, sa bête noire, l’objet de sa haine restait Zineb El Rhazoui. Inch Allah t’es plus là en 2020, lui asséna-t-il donc hier, classieux, en guise de vœux.
A quoi Zineb El Rhazoui lui souhaita d’être un jour, lui, libéré de son Allah imaginaire.
Celle qu’un misérable Booba avait appelé à punir, la traitant de putain et autres gracieusetés, et que le réalisateur des Misérables avait, lui, qualifiée de terroriste.
La faute présidentielle
La faute à qui ?
Le responsable de cette triste fable est bien notre Président, lequel, au lendemain des déclarations de son ami, devait recevoir des représentants du Conseil français du culte musulman afin de voir comment nos concitoyens dont la religion était l’islam pouvaient vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République. Sic.
Ce Président inconséquent. Sa complaisance. Concernant ces lâches accommodements.
Ses choix en seront la leçon. Au lieu d’en référer à une Fatiha, une Zineb, une Marie, une Djemila, lui a fait des choix qui, outre d’avoir nui à l’image du pays, laisseront des taches. Profondes.
Sarah Cattan
[1] 1er décembre 2017. France 2.
[2] Institut National de la Propriété Industrielle.
[3] 27 octobre.
Chère Sarah, pour reprendre notre débat laissé en suspens, nous retrouvons au moins un point d accord : ces questions de Republique, de laicité, de défense des valeurs democratiques, méritent mieux que l ameuteurisme d un amuseur que je ne connaissais pas et dont je désapprouve les comportements ulterieurs à notre echange de 2008. Ds mon article paru ici j ai affirmé clairement l existence d un islamisme politique et le préoccupant antisemitisme de certains quartiers.
Nous devrions documenter la fabrication de ces vedettes qui finalement laissent ds l ombre des voix fortes capables de faire entendre l hetereogenité de la vie en banlieue. Qui a intérêt à ces vues partielles? J irai voir le film les Miserables et vous dirai ce que j en pense. J ai grandi ds cette cité de Montfermeil. En dépit de nos regards differents, je me rejouis que nous gardions la même vigilance. Belle année à vous. Nourredine
Cher Nourredine, demandez mon mail au journal. Nous pourrons échanger. Que l’année soit belle. Pour vous et ceux qui vous sont chers. Sarah
Erreur ds monmm mail : l annee est 2018 et non 2008
c’est dommage,j’aurais dû voter marine,ou ne pas voter du tout,et ne pas donner ma voix à ce minus,qui est en train de créer la perte du pays,micron s’en fout,car il sait que les Français ne voteront pas pour lui la prochaine fois,il est nul comme président et se comporte comme un enfant,il n’y a que sa petite personne qui compte!!!
La France est-elle maudite à toujours avoir, par coïncidence, des nullités pour présidents ?
A moins qu’elle ne soit programmée pour brûler aujourd’hui ce qu’elle adora il y a deux ans ?
Et donc condamnée à l’instabilité permanente, à l’impossibilité de se gouverner et donc à l’échec, vu qu’un quinquennat est trop court pour un grand et ancien pays pour mener à bien des vastes réformes utiles ?
Se rend-t-on compte que la France est l’unique pays qui s’insurge pour que RIEN ne change ?
A la première question, la réponse est oui. Définitivement oui, au moins depuis 15 ans.
12 ans.
Sylvain:
–
-Depuis au moins 15 ans? Admettons que ça ne remonte pas plus loin.
Mais alors, les nullités sont (au moins) Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron?
Gens différents de bords différents voire opposés. Qu’ont-ils en commun ?
Sinon une culture politique française profondément ancrée de longue date ? Programmée pour l’échec ? Quel que soit le Président qui, finalement, n’y est pour rien ?
Au « modérateur ».
Il eut mieux valu ne pas publier du tout que de publier cette version charcutée au point d’en dénaturer sinon inverser le sens.
Et ce serait plus facile pour vous; moins de travail…
Si je comprends pourquoi la dernière « ligne » a sauté, pour le reste, pas du tout….
Le sens est resté identique .On a ôté tout ce qui était en trop : attaques injustifiées , morgue et méchanceté gratuite . Les commentaires de notre site ne sont pas un exutoire aux violences contenues . Exposez votre point de vue sans fusiller ceux qui ne sont pas de votre avis mais qui, eux, ont pris la peine de rédiger un article au lieu de se borner à canarder ceux des autres.
Voulez-vous VRAIMENT que je « prenne la peine » de rédiger un article ?
Sachant pertinemment que vous ne le publierez pas pour X raisons aussi infondées les unes que les autres?
Sachant aussi qu’à force de charcuter les commentaires qui ne sont pas de votre avis ET de refuser les article du même tonneau, vous êtes enfermé dans votre bulle?
CHICHE.
Oui vous pouvez rédiger un article! Il ne pourra pas être publié s’il est agressif et méchant comme vous l’êtes continuellement . Et prenez soin de signer de votre nom « Kal-me-man « !
OK. Je m’attèlerai à ça.
Un article n’étant pas un commentaire, d’autres règles s’appliquent. Dont la signature vraie et une certaine modération du langage. Aucun pb avec ça.
Cela dit, l’analyse froide et factuelle y sera de rigueur ; nul besoin d’agressivité verbale pour que l’argument porte.
Ce ne sera pas facile. J’ai l’intention d’aborder l’attitude générale de la presse judéo-francophone (à moins que vous ayez d’autres appellations) à l’égard de certaines évolutions sociales et politiques en France et les motivations derrière cette attitude, a priori contreproductive.
Le tout à la lumière du débat, surtout intra-communautaire, sur l’affaire Sarah Halimi.
La presse francophone juive
Sarah CATTAN, je partage cette bien triste fable au titre de laquelle vous dîtes la vraie VERITE sur le rôle étrange de notre Président de la République qui a commis l’erreur majeure de s’entourer de ce piètre individu dangereux et menaçant la République Française.
Française juive mais ne vivant plus en France mais au Québec ( où l’antisémitisme renaît de ses cendres mais, je l’espère, en moindre mesure, essentiellement dans les universités) depuis 52 ans, je ne connais pas ce Yebre et votre article me bouleverse et, vainement, de loin, m’insurge. Les gouvernements sont-ils lâches par définitions ? Et j’abonde dans la colère que mes compatriotes m’inspirent en ne voulant surtout ne rien changer, des privilèges de l’in-fraternité !
Chère Sarah, on vous pardonne d’avoir élu « celui qui nous sert de… » car ce n’était pas facile, dans la précipitation, la surprise de la non-candidature du sortant et la mise à mort du prétendant légitime, de faire autrement. Pourtant, il suffisait « de quelques années de plus » (ce qui est mon cas) pour savoir par expérience, que la jeunesse, absente depuis si longtemps de la sphère politique dirigeante, n’était pas forcément le « sirop typhon, typhon, » ni « l’universelle panacée » chers à Pierre Perret et son Tonton Cristobal, et ne portait pas forcément les espoirs de « la visite de la vieille dame » de Dürrenmatt, mais plutôt le sacrifice de boucs émissaires expiatoires. Nous avons déjà dans le passé, connu « le plus jeune président, puis « le plus jeune premier ministre » et bien que nous serions encore gagnants aujourd’hui, nous, ceux de l’ancien monde, ne nous faisions guère d’illusions. Mais notre voix ne portait pas loin dans l’emballement général et les vociférations médiatiques incessantes. Ce qui est fait est fait ; ce qu’il faut maintenant c’est s’en sortir honorablement, en limitant la casse et en sauvant ce qui peut encore être sauvé.
Avoir voté pour Emmanuel Macron en 2017 (au lieu de m’abstenir) restera une tâche indélébile sur ma conscience.