La Russie déploie les Avangard, ses premiers missiles hypersoniques

Vladimir Poutine a annoncé la mise en service d’armes hypersoniques, capables de voler à plus de 30.000 kilomètres par heure et de couler des porte-avions. Aucun bouclier antimissile ne pourrait les arrêter.

“C’est l’arme absolue”. Voilà ce que qu’a déclaré le président russe Vladimir Poutine au sujet des nouveaux missiles Avengard. Ce sont les premiers missiles hypersoniques au monde et ils seraient capables de surpasser n’importe quel bouclier anti-missile. Ils ont été mis en service le 27 décembre dernier. Ce système fait partie d’une nouvelle génération de projectiles capables, selon Moscou, d’atteindre une cible quasiment partout dans le monde et de surpasser n’importe quel bouclier antimissile existant, tel que le système déployé par les Etats-Unis en Europe.

Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a félicité les militaires russes, jugeant que le déploiement des missiles était « un événement fantastique pour le pays et pour les forces armées ». En décembre 2018, l’armée russe avait indiqué que le premier régiment de missiles Avangard serait déployé dans la région d’Orenbourg, dans l’Oural. L’Avangard file selon Moscou à une vitesse de Mach 20 et est capable d’atteindre Mach 27, soit 27 fois la vitesse du son et plus de 33.000 kilomètres par heure. Il est capable de changer de cap et d’altitude, le rendant « pratiquement invincible », selon Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine avait comparé les missiles Avangard, testés avec succès en décembre 2018 avec une portée de 4.000 km, « à la création du premier satellite artificiel de la Terre », une référence au Spoutnik lancé en 1957, qui avait symbolisé l’avance technologique de l’Union soviétique sur les Etats-Unis en pleine Guerre Froide. Je ne pense pas qu’un seul pays dispose d’une telle arme dans les années qui viennent. Nous l’avons déjà », avait ajouté le chef d’État russe, alors que les relations avec les Occidentaux sont au plus bas.

Une menace pour les porte-avions américains

Devant l’avènement de ces missiles hypersoniques, de plus en plus d’experts estiment que les porte-avions seraient déjà devenus obsolètes car trop vulnérables. Lors d’une audition, le sénateur américain Angus King qui s’est penché sur le futur de l’US Navy, a estimé qu’un porte-avions était une cible facile pour des missiles hypersoniques. ”Nous sommes en retard par rapport aux Russes dans le domaine des armes hypersoniques. Nos porte-avions sont sans défense et peuvent facilement être coulés par ce type d’arme”, a ajouté l’homme politique.

Plus inquiétant encore : lors d’une simulation de combat naval en 2005, un sous-marin suédois avait su déjouer les défenses de la marine américaine en “coulant” un porte-avions. Une performance réitérée en 2015 par le Saphir, un submersible français. De quoi donner raison à Angus King quant à la vulnérabilité de ces bases aériennes flottantes.

La destruction d’un porte-avions serait une catastrophe humaine et financière titanesque. Par exemple si l’USS Gerald R. Ford, le tout nouveau porte-avions de l’US Navy, venait à couler, on pourrait déplorer jusqu’à 6.000 victimes, soit le nombre de marins qui composent l’équipage. En comparaison, 2.977 personnes avaient perdu la vie lors des attentats du World Trade Center et 4.424 militaires américains ont péri lors des 8 années de la guerre en Irak. En terme de coût matériel, la destruction du Gerald R. Ford équivaudrait à une perte de 13 milliards de dollars : c’est la somme d’argent investie par l’US Navy dans l’acquisition de ce vaisseau amiral. Sans compter la perte des dizaines d’avions derniers cris qui se trouvent sur le bâtiment.

D’autres missiles en développement

Une autre arme vantée comme « invincible » par M. Poutine, le missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération Sarmat, doit être livrée aux forces armées russes en 2020. Le Sarmat n’aurait « pratiquement pas de limites en matière de portée » et serait « capable de viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud ». Parmi les autres systèmes en développement figurent un drone sous-marin à propulsion nucléaire, des missiles hypersoniques destinés aux chasseurs russes ou encore un mystérieux « laser de combat ».

L’annonce de l’arrivée des Avangard dans l’armée russe intervient alors que Moscou et Washington ont suspendu cette année leur participation au traité bilatéral de désarmement INF, datant de la Guerre froide. La question de l’avenir du traité START de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à échéance en 2021, est également en question. La Russie accuse les Etats-Unis de chercher à rompre les traités existants pour parvenir à son « épuisement économique » par « une nouvelle course aux armements », dans laquelle elle assure ne pas vouloir se lancer.

Elle a pourtant multiplié les annonces dans ce domaine, disant notamment vouloir adapter d’ici deux ans ses systèmes marins Kalibr, utilisés pour la première fois en opération en 2015 en Syrie, en variante terrestre. Elle a également dévoilé mi-décembre de menus détails de son bouclier spatial anti-missile Koupol, qui se veut l’équivalent du système américain SBIRS mais dont les contours restent encore mystérieux. Toutefois l’armée russe a aussi connu des couacs de développement. Cette dernière a subi plusieurs accidents embarrassants cette année, le principal étant une explosion à caractère nucléaire dans le Grand Nord qui a tué sept personnes le 8 août, lors de tests de « nouveaux armements ». Selon des experts, il s’agissait du Bourevestnik, un missile de croisière à « portée illimitée ».

Source : capital.fr

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