Muriel Ouaknine Melki, Stéphanie Cohen, Oudy Bloch et Nicolas Benouaiche, avocats du frère et de la belle-sœur de Sarah Halimi, en appellent à Nicole Belloubet via Le Parisien de ce jour 29 décembre.
« Madame la garde des Sceaux, madame la procureure générale,
Parce que porter la parole d’une victime est toujours une épreuve lorsque les faits sont graves, parce qu’il faut avoir suffisamment de voix, de mots et de souffle pour que cette parole porte, soit entendue et écoutée, parce que la douleur et la souffrance d’une victime sont infinies, voire éternelles lorsqu’elles ne peuvent s’exprimer et être reconnues, Sarah Halimi, femme courageuse, moderne, médecin puis directrice de crèche, a voué sa vie aux autres, et a rempli une à une toutes les obligations du pacte social auquel elle avait souscrit en vivant en France, et en se soumettant à nos lois.
Ce pacte social a été rompu une première fois sauvagement par son assassin, Kobili Traore, et une deuxième fois par nos institutions qui la privent d’un de ses droits fondamentaux, socle du pacte social et qu’elle peut néanmoins encore exercer bien que n’étant plus de ce monde : son droit à la justice.
En venant absoudre son assassin par un biais procédural avec le concours du parquet général, qui s’est joint pour la circonstance à la défense de M. Traore, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a déclaré le 19 décembre dernier : « Aucun élément du dossier d’information n’indiquant que la consommation de cannabis par Kobili Traore ait été effectuée avec la conscience que cet usage de stupéfiants puisse entraîner une bouffée aiguë délirante », « la circonstance qu’il ait été condamné à trois reprises pour infraction à la législation sur les stupéfiants n’établit pas qu’il savait que la consommation de cannabis risquait de déclencher chez lui une bouffée aiguë délirante. » Cette motivation inique est désormais connue de tous, et elle émeut la communauté internationale dans son ensemble.
Que s’est-il donc véritablement passé cette nuit du 4 avril 2017 quand le corps de Sarah se brisait sous les coups de son tortionnaire aux cris de « Allahou akbar » ?
Comment est-il possible que, dans un contexte d’attentats perpétrés au nom d’un islam radical, madame la juge d’instruction n’ait pas souhaité investiguer sur la mosquée Omar, rue Jean-Pierre-Timbaud, connue pour ses prêches salafistes, et que fréquentait tous les jours pour faire ses cinq prières quotidiennes Kobili Traore ? Quelle volonté réelle de comprendre ce crime, ses raisons, ses causes, sa genèse, pour mieux combattre demain le fléau de l’antisémitisme qui gangrène notre nation, et que l’on prétend haut et fort vouloir combattre sur tous les fronts?
Toutes ces questions demeureront sans réponse si demain ce pourvoi que nous avons formé contre cette décision, et auquel vous ne vous êtes pas encore associée, était rejeté !
Sans votre présence à nos côtés, ce pourvoi demeurera celui de la honte, celui d’une justice qui a été rendue en cachette, au rabais, sur de mauvaises raisons, et sans doute par les mauvaises personnes, la cour d’assises étant naturellement compétente pour juger d’une telle affaire.
Nous en appelons aujourd’hui le cœur renversé, mais l’esprit bien vif, à un sursaut d’équité, à une justice digne et forte, qui sera rendue à une femme digne et forte, qui a eu le malheur de s’éteindre un soir, jetée encore vivante d’un troisième étage d’un immeuble en plein Paris, entre les deux tours d’une élection présidentielle dans la plus parfaite indifférence.
Qu’il lui soit rendu justice à elle, Sarah Halimi, et à la nation tout entière qui, depuis quelques jours, découvre horrifiée qu’elle peut, elle aussi, être sacrifiée dans une semaine, dans un mois, demain, sur l’autel de la paix sociale achetée au prix fort, celui du renoncement à notre morale et à nos lois.
Que cette justice ne soit pas rendue sans vous ou, pis, contre nous, les parties civiles, mais à vos côtés sous l’égide d’un parquet, un et indivisible représentant naturel de l’ordre public, et garant de notre sécurité à tous. »
Source: Le Parisien. 29 décembre. Rubrique Opinions.
Excellente lettre
Qu’il y’ait plusieurs parties civiles dans l’affaire Sarah Halimi s’explique vue la composition de sa famille.
Mais pourquoi marchent-elles toutes en ordre dispersé ? Avec des avocats différents ?
Car si 4 avocats sont cités ici, ailleurs on nous parle aussi de Mres. Szpiner, Goldnadel, Toby, Kaminski et je dois en oublier.
Et pourquoi y remplace-t-on si souvent les avocats ? Comme par exemple Buchinger, disparu de la circulation ?
N’empêche qu’en l’occurrence il n’y a « que » quatre avocats pour écrire à la ministre, les autres, surtout Szpiner, l’unique véritable ténor du barreau dans le lot, s’abstenant de cosigner.
Les signataires citent un « pourvoi ». S’agit-il d’un pourvoi en cassation ? Cela n’est pas clairement dit ni corroboré ailleurs par la presse. Mystère.
Et pratiquent l’approximation : « …jetée encore vivante d’un troisième étage….entre les deux tours d’une élection présidentielle ». Non. Sarah Halimi est décédé le 4 avril, les deux tours eurent lieu le 23/4 et le 7/5 2017.
Ces détails ne contribuent rien au sérieux de la démarche.
Mais la question principale est : pourquoi la lettre à la ministre n’est pas signée par les autres avocats des parties civiles ?
Et surtout par Mre. Szpiner, dont la signature aurait pu accréditer l’initiative ?
N’est-ce pas en vertu du principe de la séparation des pouvoirs qui interdit à la ministre toute ingérence dans le travail des juges et tout commentaire sur leurs décisions ?
Par ailleurs les non-signataires ne parlent pas (encore) de cassation. Sachant qu’elle serait probablement inutile dans ce dossier vu que la cour d’appels a décidé conformément à la loi (article 122-1 du code pénal). La cour de cassation confirmerait sans doute le jugement en appel.
En conséquence il est probablement INUTILE d’écrire à la ministre. Les avocats signataires l’ignorent-ils ?
Certes NON. Mais, se faire un peu de pub est toujours bon à prendre….
Ce commentaire très négatif, un brin méprisant à de quoi surprendre dans ces circonstances tragiques. Que tous les points de vue s expriment c est la règle mais cette animosité, Monsieur, pourquoi?
Baezilani ne connaît qu’un type de commentaire : la critique systématique accompagnée d’un crachat venimeux.
Son camarade Kalman de Roanne lui tient la main pendant qu’il éructe et culbute les lecteurs de Tribune Juive.