Ce n’est vraiment pas de bon cœur que j’abonde vers Macron. Mais il est des évidences qu’on ne peut nier. D’abord qu’il faudra travailler plus longtemps, c’est certain et c’est le cas, partout en Europe. Pour info et pour ceux qui ne le sauraient pas, en Israël, on travaille jusqu’à 67 ans. Régime spécial, dans la police. On ne peut y entrer, que si l’on a accompli sa période militaire. Ensuite, le temps maximum est 25 ans.
Revenons à la France. Voici les chiffres que Macron et Philippe auraient dû claironner, au lieu de placer les syndicats et les travailleurs devant le fait accompli. Cette petite démonstration est clairement énoncée par les statisticiens et de plus elle est tout simplement mathématiques. Au lendemain de la guerre, il y avait 4 actifs pour 1 retraité. Ce dernier partait à 65 ans, et il en profitait 6 a 7 ans. De nos jours pour 1 retraité, il y a 1,8 actif. Le retraité peut en bénéficier en moyenne, sauf accident, 20 ans. En 2040, il restera 1 actif pour 1 retraité. Et les gens vivant encore plus vieux, le retraité en bénéficiera 25 ans. Et ce, grâce au fait que l’on gagne1 trimestre par an depuis que Mitterand a accordé la retraite à 60 ans. C’est à dire en 1981.
Le fait est que si l’homme vit plus longtemps, ce n’est pas, toujours, dans de bonnes conditions.
Mais surtout, personne ne parle des personnes dépendantes. Quand la retraite ne suffit pas à financer la prise en charge, que la famille ne peut pas aider, ce sera le problème essentiel, majeur, de la société de demain.
Aussi cette réforme destinée à unifier les retraites et à instaurer un régime unique semble belle à première vue. Surtout, elle semble juste. Et les français aime la justice!
Nous dirons qu’ils ont la passion de l’égalité. A condition… Car il y a un mais!
Régimes spéciaux
A condition d’avoir un peu plus que l’autre. Que le voisin. Et tous ceux qui, bénéficiant de régimes spéciaux, Ceux qui paralysent le pays, Croyez-vous qu’ils défendent l’égalité? Ils défendent LEURS PRIVILÈGES! RÉGIME SPÉCIAL OBLIGE. Pensent-ils un seul instant aux hôteliers, aux PME en difficulté?Aux sociétés au bord du dépôt de bilan?Alors, si je suis très critique envers le gouvernement, je lui en veux, avant tout, de ne pas avoir expliqué le bien fondé d’une telle réforme. Je veux bien que le droit de grève est sacré, mais en de telles circonstances, l’état devrait pouvoir imposer des limites. Quant à ceux qui pensent que ces chiffres ne traduisent pas la réalité, que le mot déficit est impropre, un gros mot, il suffisait que le gouvernement et les syndicats désignent un organisme neutre, pour les valider. A la manière d’un commissaire aux comptes.
Où en est-on? Pas de trêve des confiseurs. La porte du Premier Ministre reste ouverte, mais lui, est sourd. Au début de l’année, on jugera de la mobilisation et de l’opinion. Le point de crispation restera, sommes toutes, l’âge pivot.
Les historiens diront que cette réforme était louable mais illusoire. Elle ne peut pas et ne sera pas appliquée aux enseignants, aux policiers, aux indépendants. Mais aussi aux carrières longues, à la pénibilité, aux familles nombreuses. Le tissu social se nourrissant de diversités irréductibles, soyez assurés qu’un nouvelle usine à gaz verra le jour. Et avant que les historiens se prononcent, d’aucuns diront: « Tout ça pour ça? »
La France est l’unique pays de ma connaissance qui s’indigne, s’insurge et déclare la révolution pour que rien ne bouge.
C’est pourtant le premier ministre qui a choisi d’attendre de « voir le niveau de la mobilisation » avant de commencer à dévoiler son projet. Erreur fatale sur un sujet pareil. Quant aux Français « épris d’égalité », c’est vrai à condition que chacun soit de temps en temps un peu plus égal que les autres, comme disait Coluche. Restent maintenant les données chiffrées qui sont implacables, mais fallait-il pour cela choisir un « Monsieur retraite » fortement impliqué dans l’assurance ? Cette affaire est vraiment mal engagée pour le gouvernement. Depuis le début il y a eu beaucoup trop de légèreté, de morgue voire d’incompétence et d’amateurisme pour espérer s’en sortir sans trop de casse.