L’importante résolution adoptée le 3 décembre 2019 par une partie du parlement français n’est pas contraignante, mais elle a le mérite de reconnaître que l’antisionisme est en effet une forme d’antisémitisme. Elle ouvre un vrai débat pour pouvoir expliquer le terme sionisme, et la signification de la délégitimation, tout en remettant les pendules de l’Histoire à l’heure.
C’est vrai qu’il existe des Juifs antisionistes et des antisionistes peuvent affirmer qu’ils ne sont pas antisémites, et qu’en Israël vivent aussi des minorités que nous ne pouvons pas ignorer.
Toutefois, le débat n’est pas sur la liberté d’expression ni sur la critique de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, les antisionistes existaient avant même la création de l’Etat juif.
Le débat devrait donc être focalisé sur la délégitimation raciste. Sur le boycottage du Juif hier, qui est appliqué par le rejet de l’Israélien aujourd’hui. Tout individu qui éprouve de la haine pour un Juif hait l’Israélien, le sioniste. D’ailleurs, les musulmans intégristes ne font aucune distinction et ne prononceront jamais le mot « Israël ».
Le « yahoud » (Juif) et le « sioniste » prendront la place de l’Israélien. Pour les négationnistes et les antisionistes du monde arabe, l’Israélien n’existe pas, il n’a jamais existé. Dans les années 1970, sous l’impulsion des partis communistes arabes, soutenus par l’Union Soviétique, les Palestiniens revendiquaient une « Palestine démocratique et laïque ».
Le vrai Palestinien, voire le Juif installé dans la Palestine mandataire est effacé, et l’Arabe a le devoir, par le Jihad, la guerre sainte, et la « résistance », de prendre sa place sur le territoire évacué, sur le même foyer national du peuple juif, comme exprimé par les Britanniques, le 2 novembre 1917, dans la célèbre déclaration Balfour.
Ainsi, on comprend pourquoi les Arabes en général, et les Palestiniens en particulier, refusent obstinément de reconnaître l’Etat d’Israël comme étant un Etat juif ! D’ailleurs, chez les Palestiniens, le nom Israël n’est mentionné sur aucune carte. Toutes les cartes, y compris celles qui figurent dans les manuels de géographie et les livres scolaires, portent le nom de Palestine avec la capitale El Kouds (la sainte Jérusalem).
Le négationnisme anti-israélien nie donc l’existence même de l’Etat juif. Tous les peuples de la planète ont le droit à l’autodétermination, à un statut politique légitime, sauf le peuple juif qui en est exclu. En clair, le peuple hébreu, celui qui a offert à l’humanité entière les Dix commandements, ne peut être associé à la famille des nations.
Les 127 universitaires juifs, les spécialistes de l’antisémitisme et de l’histoire du judaïsme trompent carrément le public. Ils sont intervenus dans le débat pour des raisons purement politiques et idéologiques. Ils pensent détenir exclusivement le monopole de la pensée, mais leur voix n’est pas entendue quand des Juifs sionistes ne sont pas admis dans des forums internationaux ni dans les débats académiques et universitaires. Ils ne sont pas scandalisés par le racisme du BDS. Ni non plus par des réunions contre le racisme et sur les droits de l’Homme dans le monde, qui se transforment toujours par un concert de résolutions et de manifestations anti-israéliennes.
Ils n’ont pas protesté contre les extrémistes du monde arabe et musulman, contre cette véritable industrie de la haine contre les Juifs israéliens propagée surtout par les Ayatollahs d’Iran.
Rappelons que l’ouvrage abject Les Protocoles des Sages de Sion est devenu la base de l’antisémitisme moderne. Ce faux, forgé au 19ième siècle par la police secrète tsariste, a été publié en arabe en 1951 déjà. Au Liban, l’ouvrage est devenu un best-seller et figure avec Mein Kampf parmi les meilleures ventes de librairies.
De nombreux pamphlets et des caricatures sont publiés jusqu’à ce jour dans la presse arabe, avec des thèmes antisémites virulents. Le leader ou le soldat israélien est décrit comme sanguinaire et dépeint comme un vampire, assoiffé du sang des enfants palestiniens, un rappel de l’organe nazi tristement célèbre, Der Sturmer. Des pièces de théâtre sont jouées et diffusées sur les chaînes publiques, comme Le Juif errant ou Le marchand de Venise, où la judaïté de Shylock est accentuée de manière fort négative. En 1961, suite au procès d’Adolf Eichmann, le journal jordanien en langue anglaise, Jérusalem Times, a publié une lettre ouverte à la mémoire du bourreau nazi, s’engageant « à venger sa mort et à parachever son œuvre ».
Des négationnistes de la Shoah organisent des colloques et des séminaires, au Caire, à Beyrouth, à Téhéran.
La haine du Juif se transforme donc en rejet de l’Israélien. Il n’existe aucune distinction entre judaïsme et sionisme et ces deux concepts sont décrits comme identiques. Le sionisme est l’organe exécutif du judaïsme.
L’argumentation selon laquelle les Arabes sont des sémites eux-mêmes, et donc ils ne peuvent être antisémites, n’est que prétexte et camouflage, elle s’exprime uniquement dans les discours extérieurs. Tous savent parfaitement que le terme « antisémitisme » a toujours été formé exclusivement à l’encontre des Juifs et du judaïsme.
L’antisémitisme classique s’est recyclé dans un antisionisme primaire, un anti-israélisme idéologique et religieux.
Le 10 novembre 1975, une résolution infâme, « assimilant le sionisme au racisme », a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU. 72 pays, dont tous les pays musulmans et notamment la Turquie; tous les pays de l’Est, le Brésil et le Portugal ont osé, 30 ans après la libération des camps de la mort, considérer que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». Une ignorance totale de l’Histoire contemporaine et du mouvement de la Libération du peuple juif. Suite à des pressions, à des manifestations diverses et une impressionnante campagne d’information qui durera plusieurs années, cette résolution sera enfin abandonnée.
Il a fallu aussi attendre 60 ans après la libération du camp d’Auschwitz, pour que l’ONU consacre une journée commémorative (le 27 janvier) en souvenir de la Shoah des Juifs. Mais des conférences internationales effaceront grossièrement, ce progrès dans les esprits. A Durban et à Genève, lors des conférences sur le racisme, la confusion, l’amalgame, les attaques contre les Juifs sionistes sont virulentes et antisémites. Une machination orchestrée par les Ayatollahs l’Iran, le BDS et des ONG d’extrême gauche.
Hier, l’antisémitisme se déchaînait par des actes ignobles et bestiaux et des pogroms, aujourd’hui l’antisionisme fait partie des partis politiques, dont le Labour britannique. Il propose un canevas qui encourage le terrorisme international contre les Juifs de la diaspora et d’Israël.
Pour les antisémites et les antisionistes en Europe, et notamment en France, l’Etat d’Israël est éphémère, et il disparaitra un jour, tôt ou tard.
Une campagne de dénigrement et de désinformation se déchaîne dans les moments de crise et suite à des raids de l’armée israélienne.
Les vagues antisionistes ont débuté lors de la Première guerre du Liban, en juin 1982, avec le massacre de Palestiniens, par les Phalanges chrétiennes, dans les camps de Sabra et Chatila, dans la banlieue de Beyrouth. Les opérations israéliennes contre le Hamas dans la bande de Gaza ont accentué cette campagne antisioniste et elle est toujours orchestrée par l’extrême gauche européenne. On a osé comparer les soldats israéliens à des nazis, Gaza à Auschwitz !
La diffusion de reportages, de films et d’ouvrages amplifie la campagne anti-israélienne. La désinformation, la manipulation et la récupération politique et idéologique encouragent les actes antisémites meurtriers et le terrorisme aveugle. Les amalgames fusent de partout.
Il ne s’agit pas de critiquer simplement un gouvernement, une politique, une armée, ce qui est légitime en soit, mais de délégitimer tout un peuple et un Etat démocratique. Le Juif et Israël sont diabolisés à chaque occasion. Certains journaux et de nombreux sites Internet et des blogs véhiculent la haine et la désinformation. Les titres, les caricatures, les photos, les articles, les réactions et les commentaires déforment systématiquement les faits historiques et les réalités au Proche-Orient, et présentent Israël comme l’incarnation du Mal.
Le négationnisme n’est pas seulement une affaire de l’extrême-droite ou des fascistes, mais aussi et surtout des mouvements de l’extrême gauche, des révolutionnaires, pacifistes et anarchistes. Quant aux mouvements antisionistes, ils condamnent, en général, les actes clairement « antisémites » par des « actes racistes », car le sionisme est, selon eux, une forme de racisme… Leur jeu est doublement cynique : ils sont toujours solidaires des Juifs persécutés en diaspora. Le Juif errant, le faible, la victime des injustices est toujours défendue, mais par contre, l’Israélien, le Juif qui porte l’uniforme et ose se battre est condamné, par avance. Ces mouvements d’extrême-gauche discréditent totalement la nation juive et ses dimensions nationales et étatiques.
L’Europe, qui a été en 1938 indifférente au sort des réfugiés juifs rescapés de l’Anschluss, devrait prendre plus au sérieux le fléau.
En conclusion, tout en saluant le vote du parlement français et le soutien du président Macron dans la lutte inlassable contre l’antisémitisme sur toutes ses formes, il est temps de passer aux actes et d’appliquer les lois et les valeurs de la République.
Freddy Eytan Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
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