Je me souviens il y a une quinzaine d années, lorsque tout frais lauréat de mon concours d’Attaché d’Etat, on m’a demandé un extrait de mon casier judiciaire pour s’assurer de ma parfaite probité. Idem lorsque lorsque j’ai été admis en tant que jeune officier de marine aspirant réserviste.
Je me rappelle encore de l’angoisse, apeuré à l’idée que les « conneries » de jeunesse d’un gosse des quartiers que j’étais, ne ressortent pour l’empêcher de réaliser le but qu’il s’était alors fixé : servir l’intérêt général et sa patrie.
Dans ce pays, il faut en effet montrer patte blanche pour être un agent public, tant militaire que civil.
Oh oui, j’ai rencontré beaucoup d’élus formidables, soucieux de la bonne utilisation des deniers publics et de la sécurité de leur administrés. Mais hélas d’autres corrompus jusqu’aux yeux aussi. La plupart n’ont jamais été poursuivis et les malheureux lanceurs d’alerte, eux, livrés en pâture et sans protection aucune, sans que cela n’émeuvent les opérateurs dit « de contrôle ».
J’en ai supporté des ricanements quand je refusais obstinément les « cadeaux »; le charmant qualificatif de « donneur de leçons » pour la seule raison de n’accepter aucun passe-droit ni pour soi, ni pour ses proches ; le mépris à peine dissimulé parce je roulais dans des petites automobiles et que je refusais les cigares de grand cru ou les bonnes bouteilles en échange de « services ».
Oh oui, je les ai serrées, mes dents…
Hier à peine nous avons rendu un hommage à 13 soldats
Hier à peine nous avons rendu un hommage à 13 soldats qui sont morts en servant leur pays. Et à ces monuments aux morts s’alignaient le plus normalement du monde des élus parfois mis en examen , voire condamnés pour détournement de fonds publics, ayant accordé sans vergogne des permis de construire dans des zones inondables en échange d’une enveloppe et j’en passe. Et sans que cela ne questionne personne. Ce pays est capable de légiférer dans l’heure pour supprimer le qualificatif « Mademoiselle » ou d’instaurer dans l’urgence l«parent 1 et parent 2 » dans ses documents administratifs, mais reste incapable d’exiger la probité à ses propres représentants.
Un maire en prison peut donc déclarer sa candidature depuis sa cellule
Un maire en prison peut donc déclarer sa candidature depuis sa cellule, un autre mis en examen devenir officier de police judiciaire comme tout autre maire élu, sans que cela ne ne questionne la décence publique. Et on dira que c’est de la faute des électeurs parce qu’ils votent (parfois) pour eux, mais jamais du législateur ou du juge qui accorde une impunité refusée à n’importe quel autre citoyen.
Je ne sais plus vraiment ce que je sers, mais je doute de plus en plus que ce ne soit ce que nous nommions hier encore « l’intérêt général ». L’honnêteté ne paie pas, l’honneur ne vaut rien, l’intégrité n’est plus qu’intime : puisse t-elle que encore être transmissible à ses enfants…
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