La résolution assimilant antisionisme et antisémitisme est adoptée. Sarah Cattan

Au moment-même où paraît, indispensable par ces temps mauvais, le Manuel Bleu contre l’antisémitisme et la désinformation de Raphaël Jérusalmy[1], ne voilà-t-il pas que, tombée ex abrupto, et publiée par … Le Monde, encore une Tribune, qui dut faire hier soir la joie mauvaise des antisémites tant elle était inespérée, à 24 heures du débat qui devait avoir quelques heures plus tard à l’Assemblée Nationale.

Sylvain Maillard

Cette fois Un collectif de 127 intellectuels juifs appelait l’Assemblée nationale à s’opposer à la proposition de résolution initiée par le député LREM de Paris Sylvain Maillard pour lutter contre de « nouvelles formes » d’antisémitisme. Sujet sensible et ardu s’il en est, reconnaissons-le. Mais sujet devenu capital : n’oublions jamais comment Alain Finkielkraut se fit alpaguer un certain samedi par un individu qui le somma de rentrer « chez lui », à Tel Aviv forcément.

Ils se vendirent comme universitaires et « intellectuels juifs », d’Israël et d’ailleurs, dont beaucoup de spécialistes de l’antisémitisme et de l’histoire du judaïsme et de l’Holocauste.

Ils entendaient élever leur voix contre cette proposition de résolution, et le dirent, groupés en « collectif » dans une tribune relayée par le toujours très accueillant Monde dès qu’il s’agit d’œuvrer en cette direction.

Il va sans dire que la résolution soumise à l’Assemblée ne faisait pas consensus dans la majorité : Elle suggérait de reprendre la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), déjà validée par plusieurs pays et appuyée par Emmanuel Macron en février, lorsqu’il avait affirmé vouloir élargir la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme.

Et le D Day était là : la proposition de résolution, cosignée par une centaine de députés de divers bords, dont environ 80 LREM, allait être examinée au Palais Bourbon.

L’incongruité de cet appel venu soudainement de 127 inconnus fit que des députés demandèrent au Monde le retrait du texte, qui répondait de manière très contestable à de vraies questions de lutte contre l’antisémitisme.

Sauf à envoyer un message politique désastreux, il ne peut être question de renoncer à ce projet, approuvé de longue date par le bureau de notre groupe, appuyait Gilles Le Gendre, Président du groupe La République en Marche à l’Assemblée Nationale, dans un courrier interne[2].  

Si le sujet, complexe, demandait à être examiné avec subtilité et sagesse, il n’était en rien une résolution hautement problématique, qui assimilerait antisionisme à antisémitisme, ce que nos 127 intellos antisionistes considéraient comme un amalgame profondément injurieux.

Les mêmes, davantage pro Palestiniens qu’antisionistes, osèrent invoquer sur le sujet de nombreuses victimes de l’Holocauste, lesquelles étaient antisionistes, expliquant que le projet de résolution les déshonorait et offensait leur mémoire, en les considérant rétroactivement comme antisémites, et se relancèrent aussitôt dans leur obsession sur le sort fait par l’Etat hébreu aux palestiniens spoliés, dépossédés, déplacés, en proie à l’occupation doublée d’inégalités structurelles.

Non ! Ces palestiniens ne nourrissent nulle haine des juifs, écrivirent-ils : C’est le sionisme, ce mouvement politique oppressif, l’objet de leur courroux, des lancers de roquettes et autres meurtres à la voiture-bélier ou à l’arme blanche.

Deuzio, nous expliquaient-ils, la définition de l’antisémitisme de l’IHRA serait hautement problématique, peu claire et imprécise, outre qu’elle serait déjà utilisée pour stigmatiser et réduire au silence les critiques de l’Etat d’Israël, notamment les organisations de défense des droits humains.

Et voilà nos signataires, sans nulle crainte du ridicule, aller accuser … la France … de soutenir Israël.

Fallait-il répondre à cette bande de guignols guidés par on ne saurait dire quelle obscure motivation que ladite résolution, si elle proposait en effet d’adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA[3], était à ce jour un projet de résolution, sans valeur contraignante, qui visait à adopter la définition de l’antisémitisme telle qu’édictée par l’IHRA : L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.

Fallait- il leur rappeler, à ces spécialistes, que ladite définition avait été adoptée par les 31 États membres de l’IHRA le 26 mai 2016. France y compris. Même si cela ne se voit pas toujours.

Fallait- il leur expliquer, à ces lettrés, que cette campagne visait à mettre en exergue le caractère antisémite de nombre de déclarations antisionistes, et qu’en aucun cas, il n’était ici question de se réfugier derrière une loi pour empêcher la critique de la politique israélienne ou celle du débat concernant le conflit israélo-palestinien.

Fallait- il les rassurer, ces pauvres esprits inquiets, en leur rappelant que Frédéric Potier, de la Dilcrah[4], n’avait cesse de répéter que la définition de l’IHRA n’interdisait pas la critique de la politique de l’État d’Israël, mais constituait un instrument supplémentaire permettant de mieux décrypter la haine à l’encontre des juifs.

Alors, à tous ces professeurs et professeures, la plupart émérites, qu’ils fussent d’Israël pour une quarantaine d’entre eux, de Londres, Bruxelles ou Paris pour une poignée, des Etats-Unis pour d’autres, de Hawaï pour l’un, à ces  5  médecins, ces 2 psychanalystes , ces 2 artistes interdisciplinaires, ces 2 avocats escortés d’un ancien Lord, Juge de la Cour d’Appel, à ces 2 ou 3 journalistes et historiens dont on notera que le premier, Jean-Christophe Attias, époux de cette chère Esther Benbassa, ouvre la liste, rappelons que la définition adoptée par l’IHRA se base en effet, exemples à l’appui, sur moult témoignages qui se voudraient anodins, sans couleur et sans odeur, mais qui tous, à force de faire référence à l’Etat d’Israël, laissent derrière eux un relent nauséabond.

Guy Konopnicki rappelait ce matin de sa plume claquante d’efficacité les noms de ces militants, écrivains, poètes, artistes juifs,  torturés, condamnés à mort pour sionisme puis exécutés à Moscou le 12 août 1952, car il se trouvait alors, précise-t-il sur sa Page Facebook, d’autres intellectuels juifs pour signer des appels condamnant le sionisme et l’Etat d’Israël.

Chacun sait que l’antisionisme était et est aujourd’hui plus que jamais le déguisement lâche de l’antisémitisme de gauche.

Tonnent encore à mes oreilles les insultes sommant Alain Finkielkraut, un certain samedi, de rentrer chez lui à Tel Aviv. Insultes relayées par des images qui permettraient de clore le débat.

Je me permettrai donc de m’associer à la définition donnée par Guy Konopnicki : On me pardonnera donc de ne pas être un de ces bons israélites qui croient échapper à l’antisémitisme en condamnant Israël et le sionisme. Enfin, on ne me le pardonnera pas, mais je suis sioniste, au sens donné à ce terme par Staline, comme par notre gauche dégénérée, parce que sioniste signifie juif.

La résolution fut adoptée : sur les 226 exprimés, on dénombra 154 voix pour et 72 contre.

La noble intervention de François Pupponi

On remerciera chaleureusement tous ceux qui ont œuvré à ce résultat, et adresserons hypocritement nos condoléances aux 127 Intellectuels juifs. Ils vont devoir se remettre à l’ouvrage…


[1] Editions Valensin – David Reinharc. Novembre 2019

[2] Source : AFP.

[3] Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste.

[4] Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.

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2 Comments

  1. Je suis né à une époque où des gendarmes français ont aidé les Allemands à rafler des Juifs pour les envoyer dans les camps de la mort. J’aimerais bien arriver à comprendre pourquoi 75 ans plus tard, durant les événements de l’été 2014, on a laissé se dérouler des manifestations de haine anti-juive où l’on a entendu, dans les rues de Paris, des manifestations crier :  » Mort aux Juifs ! « . N’est-ce pas une atteinte à la République Française, tout autant qu’un délit qui est puni par la loi ? Au vu de tous les actes antisémites dont les médias nous ont informés, de ces crimes odieux commis en France et ailleurs dans le monde, et de bien d’autres événements politiques survenus sur la planète, qui me sont douloureux, je me demande si notre place à nous, Juifs de France, ne se trouve pas en définitive en Israël. Ce qui est sûr et certain, c’est que personne ne nous y traitera de «  » sales Juifs «  ». C’est là surtout que, selon moi, nous sommes sûrs d’être en sécurité et certains de pouvoir nous défendre. Quand aux petits enfants et aux enfants de ceux qui nous ont chassés des pays où nous nous trouvions auparavant, s’ils ne sont pas sévèrement punis, je vous laisse imaginer ce qui se passera plus tard !!!

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