Le directeur local de l’ONG a épuisé ses recours contre la décision de justice israélienne prise à son encontre, en vertu d’une loi récente et controversée interdisant l’accès au territoire à des étrangers accusés de soutenir le BDS.
Israël a expulsé ce lundi Omar Shakir, le responsable de nationalité américaine de Human Rights Watch (HRW) pour Israël et les territoires palestiniens. Le directeur local de l’ONG a épuisé ses recours pour contester la décision prise à son encontre. Une mesure justifiée selon la justice israélienne par une loi récente et controversée interdisant l’accès à son territoire à des étrangers accusés de soutenir le BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), une campagne internationale dénonçant la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens.
Une première dans un pays démocratique
Il est, selon HRW, le premier membre de l’organisation chassé par un pays démocratique. «Israël expulse notre directeur pour avoir mené à bien son travail. Exhorter des entreprises de se retirer des colonies illégales relève du plaidoyer «mainstream» des ONG, et c’est ce discours que le gouvernement israélien cherche à museler» commente pour Le Figaro Éric Goldstein, le directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. «D’autres gouvernements comme ceux du Venezuela et de l’Iran ont interdit nos représentants mais c’est la première fois qu’un pays qui se voit comme une démocratie libérale expulse un de nos chercheurs» poursuit-il.
Israël a refusé de renouveler le visa de travail d’Omar Shakir. La plupart des accusations portées contre lui sont alimentées par son compte personnel sur Twitter. La justice israélienne a considéré que ses prises de position dans le débat sur la présence de sociétés comme Airbnb et Booking.com dans les territoires occupés tombaient sous le coup de la loi. Airbnb avait en 2018 décidé de retirer ses annonces de logement en Cisjordanie avant de se rétracter.
Tous ceux qui agissent contre Israël doivent savoir que nous ne leur permettrons pas de vivre, ni de travailler ici.
Le ministre israélien de l’Intérieur, Arié Dery.
Les magistrats lui reprochent également d’avoir soutenu des demandes de retrait d’Israël de la liste de la FIFA, la Fédération internationale de football. «Non seulement le BDS a bénéficié d’un soutien systématique de Shakir qui s’est poursuivi après qu’il a commencé son travail pour l’organisation, mais sa conduite autour de la FIFA, ainsi que ses appels répétés au boycott des actifs israéliens dans la région, sont basés sur un déni total de la légitimité des communautés israéliennes en Judée et Samarie ( les colonies israéliennes en Cisjordanie NDR)», a déclaré la Cour dans son jugement. «Tous ceux qui agissent contre Israël doivent savoir que nous ne leur permettrons pas de vivre, ni de travailler ici», avait déclaré, pour sa part, le ministre israélien de l’Intérieur, Arié Dery.
Ce qu’Israël entend faire en m’expulsant est exactement ce que la Syrie, l’Égypte et Bahreïn, ont fait avec moi auparavant.
Omar Shakir
Des voyageurs se sont déjà vu refuser l’entrée sur le territoire israélien depuis l’entrée en vigueur en 2017 de la loi anti-BDS, un mouvement dont l’impact réel sur l’économie israélienne est très limité. Mais Omar Shakir est le premier à être expulsé. «Ce qu’Israël entend faire en m’expulsant est exactement ce que la Syrie, l’Égypte et Bahreïn, ont fait avec moi auparavant», a-t-il regretté. «Ni Human Rights Watch, ni moi-même en tant que son représentant n’a jamais appelé au boycott d’Israël. Nous avons appelé les entreprises, comme nous appelons les gouvernements, à s’abstenir de contribuer à des violations de droits en opérant dans les colonies israéliennes jugées illégales par l’ONU».
Désormais, Omar Shakir va continuer à s’occuper du dossier d’Israël et des Territoires palestiniens mais depuis Amman en Jordanie. Il devrait auparavant informer de sa situation à l’occasion d’une tournée européenne. L’UE a exprimé son opposition à la décision israélienne.
L’organisation de défense des droits humains n’est pas que critique à l’égard de la politique israélienne. L’an dernier, l’ONG avait publié un rapport très documenté sur la répression et les tortures commises par l’Autorité Palestinienne et le Hamas en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
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