Grandiose ! Quel bonheur de se trouver dans les galeries du Louvre pour l’exposition marquant les cinq cents ans de la disparition de Léonard de Vinci. ! Une exposition exceptionnelle qui est le résultat de dix ans de travail. Car il ne suffisait pas de montrer des œuvres, d’en vulgariser l’histoire, non, il fallait surtout la rendre accessible à tout le monde. Le résultat est exceptionnel. C’est là son secret.
Cette rétrospective inédite – autour des vingt-deux dessins et cinq tableaux essentiels – La “Vierge aux rochers”, la “Belle Ferronnière”, le “Saint Jean Baptiste”, la Sainte Anne” et bien sur la “Joconde” – et le plus grand nombre possible de peintures de l’artiste ainsi qu’un ensemble significatif de tableaux et sculptures, permet de montrer combien Léonard a mis la peinture au-dessus de tout. Sa curiosité est obsessionnelle. Il n’a aucun rapport avec le temps. Il est capable de travailler des années durant à une même peinture sans jamais l’achever, en quête d’une impossible perfection, rétif à stopper son talent au sablier des compteurs ou aux caprices des mécènes. Léonard de Vinci instille l’infini dans ses œuvres. Il ne compte pas le temps. On le lui reprochait d’ailleurs de son vivant. Mais il n’en tenait pas compte. Car pour lui, l’infini ouvre le champ de l’imaginaire. Et son imaginaire n’a pas de limites. Il est infini. Il suffit de voir ces douze carnets, dans lesquels le virtuose à l’imagination débordante dessinait ses inventions : des machines volantes, des ponts, des chars, l’optique, et je ne sais plus. Je n’ai pas noté, mais c’est incroyable. Léonard de Vinci a tout compris, c’est un génie absolu qui parle à chacun de nous. Il fascine toujours. Peintre, ingénieur, architecte, il a tout fait, tout compris. C’est époustouflant !
Je me suis attardé sur mes 3 tableaux préférés.
“Saint Jean-Baptiste”, avec son sourire mutin, mais qui a plus l’air d’un diable que d’un saint, avec ce doigt pointé vers le ciel, la Belle Ferronière, d’une beauté incroyable.
“La “Joconde”, portraiturée en 1503, et dont on connaît son nom depuis 15 ans, mais les hypothèses les hypothèses les plus fantaisistes continuent de courir. Elle s’appelle Lisa Gherardini, épouse du marchand florentin, Francesco del Giocondo. C’est grâce au roi de France, François 1er qu’on a la Joconde ! Plus que jamais mystérieuse, elle vous subjugue comme un aimant en la regardant droit dans les yeux. elle vous accroche, elle vous suit du regard. “ Tout le génie de Léonard de Vinci est d’avoir enfermé la vie dans un morceau de bois de peuplier de 77 cm de haut ” a dit un jour Stéphane Bern.
Mais mon tableau préféré est “La vierge, l’enfant Jésus, et Sainte Anne”, pour la beauté du tableau bien sûr, mais pour l’interprétation freudienne qui en a été faite. Freud a longuement analysé ce tableau dans un petit livre intitulé “Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci”. Et notamment l’ambiguïté androgyne des sourires de ses figures de femmes. Et que voit-il ? Il y voit la preuve de … l’homosexualité de Léonard ! Voilà comment Angèle Paoli l’explique : « Tout cela conduit Freud à établir une relation directe entre l’homosexualité de Leonardo et le mystère crypté des femmes qui sont au centre de sa toile. Homosexualité construite autour de la figure privilégiée de la mère (représentée ici par la Vierge mais aussi par sainte Anne). À partir du souvenir fétichiste du « vautour », évoqué par Vinci dans ses Carnets (en réalité la traduction du mot italien dans les carnets est erronée, il s’agirait en fait d’un épervier, ou d’un milan, et non d’un vautour) . En effet, pour Freud, Oskar Pfister aurait fait une singulière découverte : « Il a décelé dans le drapé, bizarrement arrangé et malaisé à comprendre, de Marie, le contour du vautour et l’interprète comme image-devinette inconsciente “. Plus simplement, regardez bien la peinture. Ce drapé bleu qui occupe la moitié de la peinture, a bien la forme d’un vautour ou d’un épervier avec son bec, ses ailes et sa queue. Or, le bout de la queue se termine juste devant la bouche du petit Jésus. Freud imagine alors que Léonard de Vinci a eu très tôt, dans ses souvenirs d’enfance, ce désir de succion, qu’il interprète comme étant de l’homosexualité ! C’est Freud qui le dit ! Allez savoir ! En attendant vous pouvez lire ce petit livre dont la couverture est… ce tableau !
Alain Chouffan
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